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Aujourd'hui...

J'ouvre les yeux et regarde mon réveil : il affiche 7h.
-Ana! Lève toi!
Je repose ma tête sur l'oreiller et attend quelques secondes mais Jen continue a crier.
-Oui j'arrive!
Je ne supporte pas quand elle crie. C'est le matin, je me réveille à peine, je n'ai pas besoin que ma soeur me casse les oreilles comme ça. Et oui, Jen, ou plutôt Jennyfer, est ma soeur. Elle a vingt-trois ans, blonde, cheveux long, yeux bleus, bref, une parfaite princesse. Je suis la pauvre petite gamine moi. Je m'appelle Anaëlle, mais pour mes proches c'est seulement Ana, et je préfère. Je vais avoir dix-huit ans, et ma soeur est encore obligée de gueuler afin de me réveiller. Pas étonnant que l'on pense que je suis une enfant, incapable de se débrouiller seule. Et pourtant je n'ai besoin de personne.

Je me redresse et m'assois au bord du lit. J'ai cours aujourd'hui et si je ne me dépêche pas, je vais finir par rater mon bus.
Il semble faire beau temps. Je décide donc de mettre un jean basique et un débardeur, que j'ai acheté récemment.
Je sors de ma chambre, mon sac à la main, et entend ma soeur s'énerver toute seule en bas.
Cela va faire cinq ans que je suis sous sa responsabilité et je ne lui ai jamais posé de problème. Elle doit pourtant s'affoler de ne toujours pas m'entendre descendre. Elle a toujours peur que je sois en retard. Elle s'inquiète beaucoup trop; alors qu'à des moments elle ne semble m'accorder aucune importance. Cela devient bizarre au fil des semaines, au fil des mois. Nous étions vraiment très proches avant, nous n'avions aucun secret et on se disait tout, absolument tout. Seulement, elle prend ses distances depuis quelque temps. Arrête de t'en faire, c'est normal d'avoir des périodes de distance, c'est ta grande soeur, vous avez le droit de ne pas être sans cesse l'une sur l'autre. Ma petite conscience a raison. Je dois arrêter de psychoter.

Je me rends en bas après être passé à la salle de bain. Lavage de dents, et rapide coup de brosse : un élastique autour du poignet en cas de besoin, et ça fera l'affaire pour aujourd'hui.
Je rejoins Jennyfer dans la cuisine et essaye de la rassurer :
-Arrête de t'inquiéter pour moi, je peux me gérer tu sais.
-Je n'en suis pas si sûre.
Je mets un terme à cette rapide conversation car je n'ai guère envie de me disputer avec elle de bon matin. Je bois un verre de jus d'orange, m'empare de mon sac et sors de la maison en lâchant un simple "A ce soir", auquel elle répond brièvement.

Je prends le bus tous les matins. Mon arrêt se trouve à environ cent mètres de chez moi, ce qui m'évite de trop marcher. Le bus passe normalement à 7h30 et il est 7h31 : j'essaye de me dépêcher et arrive juste à temps pour que le chauffeur me voit et arrête le véhicule. Je monte à bord, m'assois sur un siège au niveau de la septième rangée et sors mon portable de mon sac. Je le déverrouille, ouvre mon application Musique, branche mes écouteurs et lance ma playlist pour le trajet.

Le véhicule s'arrête : nous sommes arrivés devant le lycée. Je descends du bus et marche en direction de l'établissement, silencieuse et calme, comme à mon habitude. Le bâtiment qui se dresse en face de moi est immense : les murs sont d'une couleur beige, contrastée par les encadrements de fenêtres qui, eux, sont d'un marron plus profond. En regardant cet ensemble, on se rend bien compte que ce lycée n'est pas tout jeune. Personnellement, si je devais changer quelque chose à cet endroit, je repeindrai les murs et tout l'intérieur : ce lycée manque de couleurs vives et paraît triste.
Je n'aime pas trop cet endroit : à part dans la salle de dessin, je n'y suis pas à l’aise. Les adultes qui s'y trouvent ne sont pas toujours polis et se foutent des étudiants. En ce qui les concernent eux, disons que je les déteste presque tous : derrière leur fausse image de mature ils sont arrogants, hypocrites, menteurs, débiles, cons... bref les élèves se pourrissent dans le dos autant les uns que les autres, c'est pour cela que je suis aussi bien toute seule dans mon coin. Tout le monde juge tout le monde sans même se connaître, je ne supporte pas ça. Ils manquent tous de savoir vivre et je ne veux pas être complice de leurs conneries.

Je passe la grande porte et fais pointer ma carte d'entrée. La sonnerie retentit alors, marquant le début d'une nouvelle journée ennuyante dans ce lycée.

MystiqsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant