Une météorite s'écrase sur l'Ile, un Circulaire agité vient acheter des fleurs à Vianey et il reçoit un contrat d'assassinat. Pour ce mercenaire quadragénaire composé à quatre-vingt pour cent de matière végétale et proche de la retraite, il n'est pl...
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Celui-ci était plutôt coriace. Thrud essuya une pluie de coups avant de trouver une ouverture pour riposter. Ce genre d'occasion semblait trop rare pour qu'elle se permette de louper celle-ci. Peu importait le sang qui lui coulait dans les yeux et la gorge, elle rassembla ses forces dans son poing gauche et frappa. Les yeux gris acier du gardien à peine visibles dans les fentes de son casque d'or s'agrandirent sous l'effet de surprise, plus qu'à cause de la puissance de Thrud. Elle savait qu'elle ne ferait pas le poids contre lui en suivant les règles du duel. Mais elle savait aussi qu'elle était assez déterminée pour entacher un poil son honneur. Alors elle frappa immédiatement de nouveau, de l'autre poing et au même endroit. Un coup de genou suivit, puis la lame de son glaive perça le cuir de l'armure. Elle sentit nettement les organes céder sous le fer, l'un après l'autre. Pour libérer son arme, Thrud prit appui du pied sur le ventre de son adversaire, dont l'épée s'agitait inutilement dans l'air. Le gardien tituba en arrière, glissa sur un pan de sa cape, pour finir par s'écraser sur le sol étincelant. Elle plaqua sa sandale sur le plastron en or de l'homme, qui se vidait de son sang.
« Tu as perdu ! Ouvre-moi le passage !
-Tu fais une terrible erreur. Là-bas, ils te rattraperont et tu pourriras dans une cellule pour l'éternité. Si tu renonces maintenant, tu écoperas d'une simple punition. Je plaiderai même en ta faveur.
-Ma décision est prise, rétorqua-t-elle juste avant de planter d'un geste brusque son épée dans l'épaule du gardien, juste dans l'interstice de son armure. Il grogna à peine.
-Très bien, si c'est ce que tu veux. Je n'ai aucune envie de passer des jours à me remettre du saccage de mon corps.
-Tu as raison, Heim. Je n'hésiterai pas à te réduire en charpie. Maintenant cesse de gagner du temps et dépêche-toi ! »
Le gardien tourna son regard en direction du grand bâtiment d'or blanc qui s'élevait au-delà d'un long couloir d'or coulé. Thrud n'avait pas besoin de l'imiter pour savoir ce qu'il voyait. La grande allée était jonchée de cadavres d'hommes et de femmes en armure. Son propre fait. Mais si elle ne se dépêchait pas d'emprunter l'arc-en-ciel, d'autres arriveraient. Et elle n'était pas certaine de pouvoir en venir à bout.
Pour presser un peu Heim, elle remua son glaive. Le gardien pressa ses lèvres pour étouffer un gémissement. Il avait trop de fierté pour crier. Mais pas assez pour la retarder d'avantage. Fouillant dans la besace retenue à sa ceinture, il extirpa un briquet d'argent assez gros pour qu'il lui soit impossible de le masquer entièrement au creux de sa main. Heim le brandit en direction du portail qui coupait l'accès de Thrud. Elle rougit en remarquant que l'instrument était finement décoré d'une gravure représentant une femme nue. C'était sa mère. Quand elle reviendrait, elle comptait bien lui en parler.
Une flamme gigantesque jaillit du briquet sous la commande de Heim, enveloppa le grand portail, qui se consuma ainsi que du petit bois. Thrud ignora les dernières suppliques du gardien destinées à la retenir et se précipita sur l'arc-en-ciel. Avant de plonger dans ses couleurs qui se précipitaient en direction des profondeurs du monde, elle vérifia la présence de la petite branche vigoureuse coincée dans sa ceinture, à l'abri de ses vêtements de laine. Des bruits de pas précipités lui firent tendre l'oreille en arrière, mais elle ne se retourna pas. Même quand la voix de son frère lui étreignit le cœur ou que l'ordre injurieux de sa mère ramollit ses genoux. Il n'était plus temps d'hésiter. Elle sauta.
