Une météorite s'écrase sur l'Ile, un Circulaire agité vient acheter des fleurs à Vianey et il reçoit un contrat d'assassinat. Pour ce mercenaire quadragénaire composé à quatre-vingt pour cent de matière végétale et proche de la retraite, il n'est pl...
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Les Aku-aku étaient vraiment de sales bestioles. Littéralement des petits démons qui se cachaient un peu partout dans la nature de l'Ile, avec une nette préférence pour les lieux les plus proches du divin. Personne ne savait réellement d'où ils venaient, bien que les légendes foisonnaient depuis la nuit des temps à leur sujet. En ce qui le concernait, Vianey se contentait de les asperger de macérât d'absinthe quand il leur prenait l'idée de venir bousiller ses bégonias. C'était plutôt efficace, surtout au printemps où les Aku-aku terrestres aimaient trouver des nouveaux lieux pour établir leurs terriers et s'accoupler, proliférant à une vitesse monstrueuse, détruisant ensuite les jardins potagers, les plantations les plus esthétiques et les jardins de simple, sans distinction et sans aucun respect. Saloperies. Vianey était bien content que la petite Olrun en ait transpercé plusieurs. Même si ceux-là préféraient les lieux aquatiques et ne viendraient certainement pas dans son jardin. On trouvait son bonheur là où on le pouvait.
« Et donc... Quoi ? On passe par ce truc ?
Vianey oublia un peu le sort de ses bégonias pour se concentrer sur la problématique en cours : fallait-il ou ne fallait-il pas traverser l'immense portail jaune solaire tourbillonnant et crachant des étincelles sans chaleur disposé juste devant eux et constituant la seule et unique porte de sortie de cette grotte ? S'il avait été seul, Vianey n'aurait pas hésité bien longtemps. Il aurait rebroussé chemin s'il avait estimé que le danger que représentaient les Aku-aku était moindre que la probabilité de finir en saucisse grillée - aromatisée aux herbes.
Comme s'il détenait, de par son statut particulier, toutes les réponses à leurs questions, les deux filles se tournèrent d'un même mouvement vers le Circulaire. Ce dernier grimaça, hésitant. La flamme de la loyauté et de la foi s'était éteinte depuis un moment dans ses yeux. La seconde précise devait correspondre au moment où il s'était fait empaler le cul par une Valkyrie en apprentissage. Ou alors quand il avait été victime d'un Aku-aku bien décidé à l'entraîner dans sa tanière pour le boulotter. Vianey n'arrivait pas vraiment à se décider.
- Et bien... Sa Gracieuse Altesse Divine nous attend. N'est-ce pas ? C'est bien ce qu'il vous a dit ?
Un regain d'espoir brilla légèrement dans ses prunelles sombres et Vianey soupira. Il n'apprendrait donc jamais ? Les dieux étaient mauvais. Ils n'y connaissaient rien en mortalité cela dit, alors on pouvait les excuser. Mais il avait récemment appris qu'il valait mieux éviter de se mêler de leurs affaires. Lui-même n'avait pas su rester à distance et il était trop tard. Il devrait sans doute rester aux côtés de Thrud maintenant, il en profiterait pour avertir tout le monde : «restez loin de cette folle !»
- Oui, c'est exactement ce qu'il nous a dit, répondit Olrun.
Cette gamine n'avait même pas l'air un peu fatiguée. Son endurance était fabuleuse ! Même Thrud accusait le coup de leur dernière escapade forcée au bain. Quant à lui... Oh, il était dans un état tellement pitoyable que les trois autres n'avaient même pas essayé de lui adressé plus de quelques mots. Ses cheveux pendaient mollement de chaque côté de son visage et sur sa nuque, encore mouillés mais se recroquevillant sous l'action du sel et de la sécheresse qui ne tarderait pas à les frapper. Sa peau le tirait de partout et ses ongles étaient mous, quant à sa barbe de trois jours... Merde, ses joues étaient complètement lisses ! Oh et il avait les yeux irrités au possible, gonflés et probablement très rouges. Il allait très probablement mourir sous peu et alors il ne serait même pas bon à composter. Alors, même sous cette forme, Yggdrasil n'aurait d'autre choix que celui de le rejeter, avec toute l'amertume dont était capable une orangeraie.
