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Je sors déambuler à travers les interminables couloirs aux murs immaculés.

Elle m'a envoyée ici en croyant que cet endroit serait positif mais c'est encore pire.

Je ne me sens pas à l'aise, je ne suis pas à ma place.

Ma place est chez moi.

Ici, je suis censée ne plus penser à elle, mais tout me donne envie de la retrouver.

Les couleurs fades et tristes me font regretter sa capacité à rendre roses mes jours les plus maussades.

Les adultes qui me disent bonjour en espérant une réponse de ma part me font penser à toutes les fois où je suis sortie en douce pour pouvoir être avec elle sans rien craindre.

À croire que cet endroit ne sert qu'à replonger.

J'arrivais à survivre en milieu hostile avec elle.

Mais elle n'est plus là.

Elle n'est plus là et son absence creuse un véritable vide en moi.

Je me sens faible.

Je me sens incapable.

Je me laisse glisser contre un mur et je plonge ma tête dans mes mains, laissant couler mes larmes.

Je ne peux pas supporter d'être sans elle.

J'entends des bruits de pas et je relève la tête.

Deux garçons marchent dans le couloir, et ils passent devant moi en me dévisageant comme si j'étais la dernière des imbéciles.

Je sais pertinemment qu'en rentrant dans leur chambre, ils vont commencer à parler de moi.

Je sais très bien qu'ils vont me critiquer.

J'ai l'habitude.

Les gens me trouvent bizarre, ils me fuient.

La jeunesse d'aujourd'hui a probablement du mal à aller plus loin que les physiques, plus loin que les rumeurs.

J'ai eu une amie une fois, ou du moins, elle se disait être mon amie.

Elle voulait juste savoir si ce qu'on disait sur moi était vrai.

Si je cachais réellement des cadavres d'animaux dans ma chambre.

Les gens se croient intelligents mais on est tous aussi fou les uns que les autres.

On a tous cette part de démence en nous, qu'elle sorte de sa cachette ou non.

On a tous cette lypémanie qui nous ronge le cerveau.

On a tous cette absurdité, qu'on la montre aux autres ou pas.

Et si on devait tirer une morale de mon histoire, elle ressemblerait sûrement à "Ne soyez pas vous même ou vous le payerez."

obsessedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant