Loups-garous #4 : Adeline, la panthère noire

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/!\ Alerte aux clichés : j'ai écrit ce passage il y a longtemps sans le retoucher... /!\

De rebelles boucles aux nuances fauves, un mystérieux et vif regard bleu-vert, un visage de lutin... Tout cela le caractérisait. Une peau lisse et blême, une bouche mince, rose pâle. On disait de lui qu'il avait le visage et les mains d'une fille, tant elles étaient délicates et blanches. Ses épaules carrées et sa grande taille étaient cependant des caractéristiques masculines tout comme son air terriblement charmeur que les jeunes femmes appréciaient beaucoup.

Seulement, il ne cherchait pas les conquêtes amoureuses, mais l'amour de sa vie, celui qui faisait rêver l'artiste passionnément romantique qu'il était. Ce n'était pas un grand sportif, mais un petit prodige de la peinture à l'huile, comme le faisaient les anciens grands maîtres artistes tels que Michel-Ange, Léonard de Vinci, Raphaël et bien d'autres.

Il venait de s'établir dans un petit chalet, dans une nouvelle ville. Il avait depuis longtemps ressenti le fort besoin de s'éloigner de sa ville natale et de se rapprocher de la nature, de la simplicité.

Peu importe ce qui l'avait conduit ici, à Whiteridge Falls, une petite ville située sur une île mi- étasunienne, mi- française. Les habitants se côtoyaient en parlant leurs langues respectives, et se comprenaient malgré tout ; il y avait un équilibre, une harmonie qui était loin d'être déplaisante, en ces temps de conflit.

Cette île montagneuse avait conservé le système éducatif des grandes écoles françaises : il n'y avait pas cinquante ans, elle était entièrement française. Par conséquent, il étudiait au lycée bilingue des Beaux-Arts de Whiteridge Falls, au plus haut de l'île, contre le flanc de la montagne. Cet endroit était un château reconverti en lycée professionnel dans le domaine artistique.

Dans son chalet, une pièce entière était dédiée à la peinture ; des flacons traînaient de toutes parts sur d'antiques tables de bois, ses chevalets sur lesquels trônaient des toiles de lin étaient rangés dans la vieille armoire. La pièce, lumineuse à souhait, possédait un parquet de bois massif sombre, recouvert en tous temps par une protection. Elle offrait un espace précieux car chaleureux et confortable.

Il était à la recherche d'un modèle pour ses portraits.

Un matin, au lycée, il aperçut une fille... indéfinissable. Une myriade de sensations vint l'assaillir, du plus général aux détails les moins visibles : elle portait -remarquablement bien- une robe d'hiver grenat, des collants de laine noirs et de vieilles bottes noires qui semblaient avoir bien servi. Quant à ses cheveux roux, ébouriffés et pourtant disciplinés, ils évoquaient la crinière d'un lion.

Ses yeux... Drôles d'yeux vairons : l'un hésitant entre le bleu azur et le ciel, et l'autre d'un doré parfait, qui formaient un étonnant contraste. Le doré, lui, était plutôt effrayant ; il donnait envie de s'enfuir quand on le croisait, tandis que le bleu atténuait cette fascination terrifiante en y ajoutant de la douceur, de la bienveillance, qui ne faisait que renforcer ce côté innocent dans ses prunelles intenses, captivantes.

Quiconque était piégé par son regard en éprouvait d'abord ces deux aspects de sa personnalité, et s'y retrouvait incapable de s'en détacher. Ils reflétaient un charme inhumain, surnaturel, comme venu d'ailleurs.

Il imaginait que c'était en partie pour cela qu'on l'évitait, mais cela n'avait pas l'effet escompté sur lui : ces prunelles l'attiraient, attisaient sa curiosité sans fin ; il ne voyait pas en quoi cette fille était une brebis galeuse.

Malheureusement, elle était passée si vite en l'ignorant qu'il l'avait presque loupée.

Etait-elle insensible à ses charmes ? Avait-elle fait exprès de l'ignorer ? Ou bien était-ce un rejet ?

Fragments d'univers [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant