Chapitre 1

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Mes valises sont là, devant moi. Sans même me retourner, j'entends les larmes de ma mère. Nous n'avions plus le choix.

Je me réveille après une bonne nuit de sommeil amplement méritée, vers les 9h. Je m'étire, me frotte les yeux avant de poser le pied par terre. Le sol est froid. J'enfile ma veste en coton, mes pantoufles hyper douces, puis file à la salle de bain. Comme chaque matin, je m'observe à travers le miroir : mes cernes sont creusées, mes cheveux ébouriffés, sans parler de tous ces petits boutons donnant un certain relief à mon visage. Ne voulant pas rester plus de 2 minutes à me regarder , je décide donc de sortir de ma chambre.

Je descends les escaliers tout en attachant  ma touffe brune en chignon décoiffé. J'arrive dans la cuisine, retrouvant mon plus petit demi-frère de 9 ans, Joshua, ou plus couramment appelé Josh. Je salue également ma belle-mère, Phylia, originaire du Canada. Il est seulement 9h30 qu'elle court déjà de partout, jonglant entre Josh, le grill pain et sa tasse de thé. En me voyant elle s'arrête quelques secondes.

- Rose ! Bien dormi ? Tu veux un café ? ou tu préfères un thé ? Je peux te le préparer si tu veux,puis sinon il y a des ...

- Doucement Phylia ! dis-je en rigolant, je vais me le préparer !

Depuis que je suis arrivée ici il y a deux semaines, ma belle-mère fait tout pour m'intégrer au mieux, une demande de mon père surement. Je bois mon café au lait tranquillement, quand soudain le téléphone de Phylia se met à sonner; en voyant le nom s'afficher elle me lance un regard.

- Oui elle est réveillée ... oui elle est en train de déjeuner... non t'inquiètes pas,il n'y a pas de problème ! oui bisous... bisous.

Je comprends assez facilement que l'interlocuteur est mon père; il ne me lâche jamais  depuis que je suis arrivée; j'ai 17 ans tout de même, je suis plus un bébé.

Dans 2 jours je fais ma grande rentrée dans l'université de Miami. Passer de Phoenix à Miami, c'est sur ça change. 

Pendant que je sirote mon jus d'orange je vois à travers la baie vitrée, Enzo, mon second demi-frère de 14 ans. Il est en train de jouer au basket sur le terrain goudronné du jardin. Après avoir débarrassé, je le rejoins; j'ai fait plus de 7 ans de basket avant d'arrêter pour une blessure au genou. Enzo ne m'a pas vu, j'en profite alors pour lui prendre le ballon,puis j'exécute un pivot avant de lancer dans le panier.

- Et c'est un Panier de Rose Hill ! m'écris-je 

- Pfff t'avais aucune difficulté, tout le monde sait marquer ! me nargue Enzo 

- Et bien faisons un petit match pour te prendre une petite raclée ! 

Sur ces mots, Enzo me pique le ballon. Durant bien une heure, nous nous affrontons tout en rigolant dans la bonne humeur. Enzo est vraiment avenant, moi qui avait peur de tomber dans une famille fermée, et bien c'est tout le contraire. Essoufflés, nous nous asseyons dos au grillage.

- Bon, je dois l'admettre, tu t'en sors plutôt bien, m'avoue Enzo

Sa réflexion me fait sourire. Lui aussi à un très bon niveau pour son âge.

- Même si je t'ai gagné, on remet ça quand tu veux ! finis Enzo

- Avec plaisir, lui répondé-je 

-Tu sais Rose, même si cela fait seulement peu de temps que je te connais, je suis vraiment content que tu sois là, m'avoue mon demi-frère

Cela fait 5 ans que mon père et Phylia sont installés ensemble. Venant très peu de fois dans l'année, je n'avais jamais pu vraiment faire connaissance avec le reste de la famille. 

Nous sommes interrompus par Phylia, la tête dépassant de la baie vitrée.

- Chéri, c'est l'heure de ton cours de piano !

Enzo se lève en soufflant; toute la famille pratique le piano pour faire plaisir à Phylia, mais ce n'est pas le plus grand plaisir des enfants.

Je reste encore quelques minutes assise par terre, à regarder le ciel bleu de Miami, avant de partir me doucher. Une fois arrivée dans ma chambre, je choisis un short rose avec un top blanc en crochet, puis file sous l'eau; elle est tiède voire froide, je déteste les douches longues et chaudes en été. 

Mes cheveux enroulés dans une serviette, je cherche du regard mon mobile; je le déverrouille puis vais voir mes 5 messages non lus; deux sont de mon père, un de ma mère et deux de ma meilleure amie restées a Phoenix. Je réponds en priorité à ma meilleure amie, puis ouvre ceux de mon père sans les lire, et finis par celui de ma mère. C'est celui dont je prête le plus d'attention.

Je suis née à New York, baignant dans l'amour que mes parents me portaient. Cependant, à l'âge de mes 4 ans, mes parents divorcèrent, car les sentiments de chacun envers l'autre n'étaient plus si forts qu'auparavant. Mon père pris un petit studio dans New York, trop petit pour m'accueillir. Le prix des loyers étant trop chers, ma mère m'emmena jusqu'à Phoenix où j'ai passé donc une grande partie de mon enfance. Ma mère a essayé de se reconstruire tout en ayant un enfant à sa charge; elle enchaînait les petits boulots, commençant très tôt le matin et rentrant tard le soir. J'ai vu passer des hommes, mais aucun n'est resté avec ma chère mère. Malgré les demandes incessantes de mon père à vouloir me prendre en charge, ma mère ne voulait pas me laisser partir; je passais seulement quelques jours chez mon père pendant les vacances. 

Mais aujourd'hui, ma mère est au plus bas : son employeur a de plus en plus de mal à payer ses employés, obligeant ma mère à louer un appartement encore bien plus petit que celui on nous vivions. 

Après une semaine où je dormais à même le sol, je pris mes affaires, direction Miami. J'ai brisé le cœur de ma mère, et le mien au passage, mais je ne pouvais rester dans ces conditions. Ici, a Miami, une nouvelle maison m'attendais, une nouvelle famille à découvrir , et une nouvelle vie à commencer.

Pink SunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant