Pink Sun

Chapitre 5

Tout le monde crie autour d'eux, j'ai l'impression qu'ils vont s'entre-tuer. Personne n'intervient, tous sont spectateurs; je ne peux pas les laisser se battre, je dois les aider.

Dans un élan de courage, je m'avance vers eux; ils sont tout deux au sol, Grant est dans la position de la victime , il se prend de nombreux coups. 

- Hé arrêtez ! crié-je en attrapant une partie du t-shirt de l'adversaire de Grant.

Aucun des deux n'a du m'entendre, car ils continuent à se battre. Celui dont je tiens le t-shirt se relève soudainement : son haut est complètement arraché, son visage est marqué par les coups. Je n'ai même pas le temps de plus l'analyser que je suis projetée en arrière par un fort coup dans l'abdomen; mes tripes se serrent, mon repas remonte petit à petit. Mes yeux se ferment, je sens mon corps basculer et m'étaler complètement par terre. Dans un dernier battement de cils, je vois une foule de personnes accourir vers moi, mais je n'arrive plus à distinguer. Mon corps est lourd, ça crie autour. 

Quelques secondes ou quelques minutes, je n'ai plus la notion du temps, mais quelqu'un me hurle à l'oreille. Difficilement mes paupières s'ouvrent, ma vision est trouble. J'ai extrêmement mal au ventre et à la nuque. Petit à petit, je commence à distinguer une fille au dessus de moi; je cligne plusieurs fois des yeux pour avoir le maximum de netteté. Finalement, je reconnais très bien la jeune fille, c'est Abby. Elle a arrêté de crier mon prénom au moment où j'ai ouvert les yeux. J'essaye tant bien que mal de me relever, ma tête est très lourde. Abby et d'autres personnes m'aident à tenir assise; je vois arriver Samuel avec une verre d'eau, ainsi que le garçon que j'ai arrosé tout à l'heure. J'avale très difficilement, tout mon corps est en souffrance. 

- Rose, tu m'as fait une de ces peurs !! commence Abby, qu'est-ce qui t'as pris d'aller dans la baston ?

- Personne n'intervenait, je pouvais pas les laisser tous les deux se tuer ! répondé-je les larmes aux yeux.

- On va rentrer, c'est mieux pour nous, continue Abby.

- Tu es sûre de vouloir rentrer Abby ? dit Samuel paniqué 

Nous échangeons un regard étonné avec ma copine; je vois qu'elle hésite à rester à cette soirée. C'est sans compter l'intervention du garçon de tout à l'heure:

- Abby c'est ça ? demande t'il 

Elle hoche la tête.

- Je peux m'occuper de ton amie, je vais la ramener chez elle, comme ça tu peux rester avec l'autre !

Sam ne prend même pas la peine de réagir à ce nom, qu'il tire Abby par le bras et partent tous les deux, avec un salue de la main. Je regarde autour de moi, aucune trace de Grant et du garçon qui m'a bousculé. 

- Attends bouge pas je vais t'aider, au fait je m'appelle Clark ! Et toi ? 

- Rose, Rose Hill, répondé-je avec un grand sourire.

Il me tire par le bras, puis m'aide à tenir debout. Mon mal de ventre commence progressivement à passer, mais j'ai toujours une vive douleur dans la nuque. 

Il salue quelques personnes, puis nous nous dirigeons vers la sortie; c'est alors que Mick, complètement bourré, vient nous barrer le passage:

- Et bah Claaark ! T'as pas choisi la plus moche pour pécho ! dit-il avec un clin d'œil.

- Mick, va plutôt décuver et laisse nous tranquille, répond Clark en le dégageant de notre chemin.

Nous continuons d'avancer, passons la porte sur la dernière phrase de Mick :

- Tu me raconteras gros si c'est un bon coup ! finit Mick en rigolant avant de se taper le mur.

- Il est pas du tout net, ne l'écoute pas ! me rassure Clark, en renforçant son emprise sur moi.

Nous continuons à marcher dans la rue en direction de sa voiture. Aucun de nous deux parlent malgré notre proximité corporelle; je peux sentir son doux parfum, ça à quelque chose de rassurant, protecteur. Nous arrivons enfin devant l'auto, où Clark m'ouvre la porte et me pose délicatement sur la place du mort. Il se penche pour m'attacher, heureusement il ne voit pas mon visage car je suis plus que rouge; son corps sur le mien me procure une sensation étrange. Finalement, il ferme ma portière et vient se placer au volant. Il met le contact, et nous sommes partis. 

- Tu te sens mieux ? me demande Clark

- Ça va un peu mieux, merci d'avoir été là pour moi, répondé-je reconnaissante 

- C'est normal, j'allais pas te laisser avec ces fous ! D'ailleurs, si ce n'est pas trop indiscret, qu'est-ce que tu faisais là-bas ? Il ne me semble pas avoir vu une telle beauté au bahut ! continue t'il en rigolant.

Sa remarque me met mal à l'aise, j'évite de le regarder pour qu'il ne voit pas que je suis gênée. 

- Je viens d'arriver à Miami, j'habitais à Phoenix avant ! Et puis il y a une semaine j'ai rencontré Abby qui m'a plus où moins "forcée" à venir à cette fête, commencé-je. Et toi, ça ne te dérangeait pas de partir à cause de moi ?

- Tu sais, j'y vais parce que tout le monde y va et que j'ai des potes là bas, mais voir tout le monde se bourrer la gueule et finir comme ce soir, c'est pas trop mon truc tu vois ... Je préfère les soirées en petit comité que les gros événements comme ça.

J'aime beaucoup sa philosophie de vie, ce garçon parait avoir la tête sur les épaules, de pas se prendre la tête. 

Nous arrivons assez rapidement devant chez moi; Clark arrête le moteur:

- Tu veux que je t'accompagne ? me propose t'il

- Non ne t'inquiète pas, je vais réussir à faire quelques mètres ! lui répondé-je avec le sourire. 

Je commence à ouvrir la portière, avant d'ajouter :

- Bon et bien merci de m'avoir ramener, on se revoit lundi !

- Avec plaisir, reprends des forces ! 

Je lui rends son sourire, puis claque la porte. Après un dernier signe de la main, la voiture démarre, me laissant seule. 

Je me retourne, puis marche jusqu'à l'entrée. Je voudrais regarder l'heure, mais c'est à cet instant que je me rends compte que mon téléphone portable est resté chez Abby. Tant pis, je tourne la poignée lentement, puis pousse la porte en essayant de faire le moins de bruit possible. Le salon est complètement dans le noir, je ne vois rien. 

Je pivote afin de refermer la porte, tout en délicatesse. Cependant, j'ai l'impression de sentir de l'air dans mon dos; c'est alors que je vois une ombre : Phylia.

Grillée.