Chapitre V : Pitié, laissez moi..connard

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"-Pardon ? Qui est le numéro 712 ?

-Charles de Pailcipoce, un autiste niveau 4. Il n'est plus dans sa cellule alors que le couvre-feu est déjà passé."

Mathieu accourut alors vers la cellule de ce dernier, bien que cela n'avait aucun intérêt. Ce fut d'ailleurs une piètre idée, car avant même d'atteindre la cage du brun, il fut "attaqué" par la blonde de la cellule voisine : Anaïs de Pailcipoce, la soeur schizophrène de Charles. Cette dernière, mis à part sa schizophrénie, paraissait tout à fait normale et inoffensive. Cependant, dès que quelque chose arrivait à son petit frère, elle entrait dans une violente rage qui écrasait tout sur son passage.

"OÙ EST-IL ?!!! OÙ L'ONT-ILS EMMENÉ ?!! HEIN ?!!" hurla-t-elle en essayant de frapper le blond à travers les barreaux.

"-Calmez-vous. Nous le cherchons aussi.

-Vous mentez ! Vous l'avez emmené dans la pièce hein ! AVOUEZ-LE !

-On ne l'a emmené nulle part je vous dis ! On m'a appelé en urgence pour le retrouv.."

Anaïs l'agrippa par le col de sa blouse et lui cracha :"si il arrive le moindre truc à mon Charlie, je vous jure que vous ne sortirez pas indemne !

-Mais oui.." répondit simplement Mathieu. Il s'était habitué aux insultes et aux menaces de ses patients.

Soudain, Anaïs le lâcha et se replia sur elle même en sanglotant.
"Ça va aller l'Anaïs..on va le retrouver.." murmura-t-elle à elle-même.. Enfin non, il ne s'agissait pas d'Anaïs mais d'une autre personne en elle. Elle continua : "le Mathieu à l'air gentil, le Mathieu va trouver le Charlie et le ramener ici sans lui faire de mal.

-Tu parles ! Il est comme les autres. Il va lui faire les choses !

-La Flo pense pas..la Flo fait confiance au Mathieu. L'Anaïs devrait faire confiance à la Flo.

-Ils nous ont fait les choses Flo, tu le sais. Cet enfoiré est comme eux... Il va lui faire les choses! J'en suis sûre.

-L'Anaïs se trompe..l'Anaïs de trompe.."

Mathieu partit et alla dans la cellule du disparu. Il inspecta les lieux, fouilla la pièce (se ne fut pas long, elle était quasiment vide et ne mesurait que cinq mètres carrés). Rien. Il se mit à cogiter, encore et encore, sans réel succès. Quand soudain, une hypothèse, peu probable, lui traversa l'esprit : peut-être que Charlie était dehors dans le jardin ?
Il se hâta de partir et commença à le chercher. Puis étonnamment, son hypothèse s'avéra juste : le brun était assis sur un banc bordé de chrysanthèmes. Il s'approcha doucement de lui et lui dit :

"Hé..qu'est ce que tu fais ici ?! Comment t'es sortit de ta cellule ?!"

Charlie ne semblait lui témoigner aucune attention. Il regardait juste

-Elle m'a fait sortir.. elle m'a dit qu'elle pourrait s'enfuir et nous faire libérer. L'équation était bonne. Je suis sorti.

-Qui ça elle ?!

-La fleur."

La fleur ? Comment ça la fleur ? Il parle de qui ? Pensa Mathieu.
Il rentra avec Charlie, toujours incompréhensif. Tout à coup, il se redressa, les yeux et la bouche grands ouverts: il venait de comprendre.
Il le ramena à sa cellule sous les cris et les soupirs de soulagement de la blonde schizophrène, puis courut vers la cellule 222..
Personne. Il n'y avait personne dans cette cellule. Hanna était partie. La disparition de Charlie n'était qu'un moyen de détourner l'attention et lui permettre de s'enfuir.

Mathieu sortit de l'hôpital et chercha la moindre brèche dans le grillage entourant les différents bâtiments. Ses recherches ne furent pas vaines et il passa à travers le trou. Ce ne fut pas difficile de voir les empreintes des pieds de la jeune fille dans la boue se dirigeant vers une forêt.
Il faisait froid et sombre. Le sol n'était fait que de boue, de feuilles mortes, et de cailloux. Néanmoins, la nuit était belle et calme. La lune, qui n'était pas totalement pleine, brillait d'une lueur vive et rassurante. Mathieu courait en appelant désespérément sa patiente.
Et enfin, au bout de dix bonnes minutes, il l'aperçu.
Elle marchait avec grande difficulté, le souffle saccadé par le froid et la douleur. Elle était vêtue seulement de son large haut de patient beige. Ses jambes et ses pieds étaient nus, couverts de saletés.

"Hanna !"

Elle tourna subitement la tête vers son interlocuteur, les yeux remplis de haine. Elle ne s'arrêta pas pour autant et continua à tituber.

"Hanna ! Arrêtez-vous ! J'vous en pris !"

Elle ne répondit toujours rien.

"-Hanna.. vous savez que vous n'arriverez pas à vous échapper.. je..je vois bien que vous avez du mal à marcher.

-Ta gueule ! Laissez-moi tranquille !

-Hanna..

-Non ! Dégagez, ou je vous promets que j'vais vous massacrer ! Ahahah ! En plus je crève la dalle ! T'es assez con pour venir me chercher ! J'vais vous bouffer ! J'ai trop envie...m-mais j'ai pas l'temps ! Cassez-vous !

-Hanna.. arrêtez-vous, vous tremblez; laissez-moi vous aid..

-NON !! CASSEZ-VOUS !!! OU J'VAIS VOUS BUTER !!!! ET J'VAIS PAS HÉSITER CONNARD !!!!

-Hann..

-J'VAIS VOUS BUTER !!! AHAHAH !!!!!"

*CRACK*

Une branche venait de craquer et s'écrasa sur la fugitive.

"HANNA !" cria Mathieu. La branche était tombé sur les jambes de la jeune fille, l'empêchant de bouger. Elle était donc là, étendue face contre terre dans la boue. L'interne accouru et demanda, la voix emplie d'inquiétude :

"Hanna ! Oh mon dieu, ça va ?

-À TON AVIS ENFOIRÉ !?"

Elle s'agitait dans tous les sens pour essayer de se dégager. Mais en vain. Elle commença à paniquer.

"Non non non non NON NON NON NON !!!!!!! PAS ENCORE ! NON ! J'VOUS EN PRIS, PAS ENCORE !

-Hanna, calmez-vous, je vais vous sortir de là et nous allons rentrer à l'hôpital..venez..

-NON !!! BARRE TOI CONNARD !!!!!! DÉGAGE !!! LAISSE MOI PUTAIN !!!!!" Hurla-t-elle les larmes aux yeux. Elle se débattait dans le vide en essayant de le frapper, le griffée, ou le mordre.

-Hanna ! Écoutez-moi..

-VA TE FAIRE FOUTRE !!!!! SALE FILS DE PUTE !!!!!

-Vous vous fatiguez Hanna..vous êtes en hypoglycémie. Si vous continuez à vous acharner, vous allez vous évanouir.

-MAIS TA GUEULE CONNARD !! CONNARD !!! CONNARD !!!!! CONNARD !!!!....connard..."

Ses membres se fatiguèrent au fur et à mesure qu'elle se débattait. Elle ne pu que lui murmurer faiblement des insultes.

"..connard.."

Elle sentit le poids sur ses jambes s'enlever ainsi qu'une paire de bras l'entourer délicatement et la soulever également.

"..non..non non non..non.."

Elle essaya vainement de se défaire de cette emprise.

"J'vous en pris..me ram'nez pas là-haut.."

Mathieu ne lui répondit pas et commença à marcher en direction du centre.

"Pitié..j'vous en supplie..pitié..pitié..."

Des larmes jaillirent des prunelles rouge sang.

"J'veux mourir..tuez-moi maintenant..pitié..

-Hanna..calmez-vous. Ça va aller.

-Non..croyez-moi..j'vais pas mourir..ils sont doués..ils vont..allez vous faire foutre...pitié..me ram'nez pas...et..et je vous ferez rien..

-Vous ne pouvez à peine parlez, reposez-vous.."

La voix de Mathieu était douce, rassurante et sincère. Malgré tout, Hanna continuait de le supplier et de pleurer.

"-Si vous me ramenez,..je..ils vont..vous faites une grave erreur en me ramenant...connard..

-Chuuut...

-..connard..."

Elle s'évanouit juste avant qu'ils sortissent de la forêt.

La Mort Est La Seule Issue..[En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant