Chapitre VII : Je hais les horloges

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Il était dix heure vingt-trois, Mathieu regardait avec une pointe de tristesse Hanna; Hanna fixait avec un regard noir l'horloge murale; l'horloge murale faisait de légers tic-tacs.

À dix heure quatre, Hanna s'était réveillée, attachée à une grande chaise en bois. Cette chaise était autrefois utilisée comme chaise électrique. Bien qu'elle ne servit jamais pour une quelconque exécution, il arrivait que les médecins l'utilisaient pour "soigner" certain patients, en leur administrant une série d'électrochocs. Mais la plupart du temps, elle servait juste à maintenir les malades assis pendant les consultations. Ses pieds nus étaient maintenus à ceux de la chaise grâce à des menottes, nettement trop serrées, ses bras, passant par dessus l'acoudoir, étaient également attachés à la chaise et un collier de métal très épais tenait sa nuque. Elle se trouvait dans le "bureau des consultation", qui permettait aux psychiatres de s'entretenir avec leurs patients. Mathieu avait demandé à son supérieur, plus tôt dans la matinée, la possibilité de faire une séance avec la cannibale. Le Dr. Park ainsi que deux autres médecins avaient alors anesthésié la patiente pour pouvoir la trimballer et l'attacher plus facilement. Elle était donc assise de manière extrêmement inconfortable en face de l'interne, avec un bureau en bois noir qui les séparait. Aucun ne parlait: Mathieu la regardait avec tristesse, inquiétude et peur. Hanna, elle, évitait de croiser son regard empathique; cela la mettait hors d'elle. Elle ne faisait que fixer avec un profond énervement l'horloge qui était suspendu au dessus du bureau de blond. Au bout d'un moment, Mathieu se décida à rompre le silence.

"Ça va mieux ?" Tentât-il timidement, un peu gêné par la situation.

Un sourire ironique s'étira sur les lèvres gonflées de le patiente.

"J'ai l'air d'aller mieux là ? Sérieusement ?"

Mathieu se tut, encore plus gêné.

En effet, aucune de ses blessures n'avait réellement cicatrisée. Des marques rouges étaient encore largement visibles, malgré ses vêtements, sur ses membres et son cou. Sa mâchoire était entièrement rougie et un peu gonflée, ses yeux étaient explosés, et cernés davantages, sans compter les innombrables hématomes présents sur l'inégalité de son corps, que Mathieu ne pouvait qu'imaginer. Il remarqua soudainement sa maigreur effroyable. En y repensant, elle était très légère lorsqu'il l'eu portée dans la forêt. À peine une quarantaine de kilos.

"-J'imagine que c'est pas la première fois qu'ils vous ont fait ça..

-Non.. mais si vous m'aviez pas ram'née, ils auraient pas pu me r'faire ça ! Ce qui m'est arrivée hier soir, c'est votre faute !"

Mathieu la fixa, interloqué par ses dires. Il se tue. Un autre silence tout aussi gênant s'installa. L'interne décida de le briser de nouveau.

"-Vous pouvez me dire exactement ce que font les autres médecins aux patients ici ?

-Ils assouvissent leurs plus noirs désirs..ceux qu'ils ne peuvent exhiber devant leurs proches.

-Quels genre de désirs ?" Demanda Mathieu la gorge nouée, effrayé par la future réponse d'Hanna.

"-À votre avis ? Qu'est ce que font les hommes malsains avec une centaine de patients à leurs pieds, qui ne peuvent se défendre ou même se faire entendre ? Qu'est ce qui arrive aux jeunes filles et garçons quand on les laisse seuls avec des vieux pervers ?"

Le visage de Mathieu se décomposa instantanément à ces mots.

"-Je dois être la seule qui n'est pas encore passée à la casserole.."

Mathieu était livide, jamais il n'aurait pensé ça de ses collègues.

"-Et..et pourquoi pas vous ?

La Mort Est La Seule Issue..[En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant