Chapitre 1 de "Le voeux de Joshua"

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Quinze minutes avaient passées depuis que j'avais éteint mon cadran. Il ne servait pas à grand-chose puisque ces derniers mois, je n'arrivais plus à dormir la nuit venue. La plupart du temps, je finissais par m'endormir en classe et somnolais pour deux ou trois heures par nuit. Mais cette nuit-là, je n'avais même pas eu une minute de sommeil. Juste des heures et des heures à fixer le plafond de ma chambre à chercher ce qui n'allait pas même si je le savais déjà. Je ne faisais que me mentir en me disant que la vie n'était pas si mal, mais comment ce faisait-il alors que j'y avais perdu goût ? Je savais pourquoi, mais je me trouvais immature de me sentir ainsi. Je devais absolument aller mieux bientôt si je ne voulais pas signer mon arrêt de mort. S'il advenait que quelqu'un apprenne pour ma déprime, je serais envoyé dans un de ces villages au Nord appartenant au fédéral afin que je serve de pâté aux Ombres. Ces créatures étaient attirées par les émotions négatives comme les requins le sont par l'odeur du sang. C'était pourquoi on envoyait des dépressifs dans ces endroits, pour protéger la population saine. En général, si elles n'étaient pas affamées, les Ombres restaient dans les endroits humides, froids et isolés. J'avais entendu dire que ces monstres pouvaient changer de forme et que les seuls moyens de les reconnaître étaient en utilisant un miroir, car celui-ci reflète leur véritable nature, et par l'odeur qu'ils dégageaient qui rappelait un mélange d'humidité, de fourrure gâtée ainsi que de poisson. Le sacrifice des malheureux était à la base de la survie de l'espèce, une fois livré au gouvernement, les malheureux sont envoyés dans un village d'isolement pendant cinq ans, s'ils survivent, c'est une preuve qu'ils souhaitent vivre et qu'ils ne sont pas une cause perdue.

- Joshua ! résonna la voix de Jen dans la maison, aussi connue sous l'appellation de « maman ». Réveille-toi ! Tu dois aller porter Maverick à l'école.

Mes os craquèrent lorsque je me redressai. Il y a quelques mois, je devais attendre que mes yeux dégonflent et me laver le visage à l'eau froide avant de monter au rez-de-chaussé voir ma famille, car je pleurais le soir pour m'endormir. À force, même pleurer ne me vidait pas assez pour me faire sombrer.

Je me changeai, laissant mon pyjama sur le sol froid de ma chambre. Celle-ci était toujours fraîche dû à son positionnement au sous-sol. J'allais ensuite faire ma toilette, m'assurant de bien ajuster la cravate de mon uniforme, j'ai toujours porté mon uniforme de manière impeccable, un relâchement sèmerait le doute chez les autres. Je pris ensuite mon sac d'école et grimpai les escaliers pour aller déjeuner. Comme d'habitude, je pris un fruit dans lequel je pris quelques bouchées pour la bonne mesure bien que l'appétit n'y fût pas. Cacher ce que je ressentais en moi était beaucoup de mensonges. Si je maigrissais c'était simplement parce que je m'étais mis à manger sainement et à la course. Si je dormais en classe, c'était parce que j'avais passé la nuit sur des travaux. Si je fuyais les autres c'était parce que j'avais un rhume ou un mal de tête.

À la table était assise ma famille au complet. Mon père lisait le journal sur sa surface en mangeant deux blancs d'œufs au riz et au fromage. Ses cheveux poivre-sel étaient peignés et lui-même était proprement vêtu. Jen, à sa droite, était en train de desservir mon petit frère, Maverick. Je mordus l'intérieur de ma joue en la voyant embrasser la tête de mon cadet. C'était une thématique récurrente dans cette maison, Maverick était supposément parfait d'après notre mère. Il était un beau jeune garçon de treize ans, doué et sportif, et surtout, social. Très social. Maverick pouvait être ami avec n'importe qui sauf son propre frère. À l'opposé, il y avait moi, socialement gênant, aux cheveux trop longs pour avoir l'air propre, mais pas assez pour me donner un petit style, qui avait comme seul talent que de savoir jouer de la cuillère et tenir un crayon. Il m'offrit tout de même un sourire en me voyant et se leva de table.

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