Chapitre 2 de "Le voeux de Joshua"

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La classe au complet, à l'exception de Matthew, Meghan, bien évidemment, et de l'enseignant, avait été rassemblée dans notre local. Ça faisait trente minutes le groupe avait été plongé dans le silence suite au discours de l'officier Martinez. Il parlait très bien et avait un bon contrôle de ses mots. Il dédramatisa la situation, mais ne mentionna pas une seule fois les absents.

La porte s'ouvrit rapidement laissant paraître Matthew accompagné d'un homme en chemise rouge portant une trousse bleue avec lui. Les yeux remplis de colère de Matthew scannèrent la classe et vinrent se poser sur moi qui était assis à un bureau. Il avança d'un pas décidé et vint me frapper en plein visage de son poing. Encore ? Je n'entendis pas le crissement des chaises sur le plancher. Les élèves s'étaient levés d'un bond pour s'éloigner de l'attaque.

- Elle est morte et c'est de ta faute ! Comment as-tu pu ?!

Je voyais difficilement l'expression de Matthew, mais je pense bien qu'il pleurait. Il m'avait plaqué sur le mur et me tenait à sa hauteur, ce qui m'était atteignable en pointant légèrement les pieds. Il avait réussi à m'asséner quelques coups avant qu'un officier ne l'entraine jusqu'au mur opposé de la classe. Je ne m'étais pas défendu pour deux raisons : la première, je savais que c'était de ma faute et je méritais ces coups, la deuxième, je ne savais absolument pas me battre.

Matthew continuait à crier des insultes et à m'accuser d'avoir causé la mort de Meghan. L'officier ne faisait que le contenir en attendant qu'il arrête de se débattre. Une fois que j'avais été libéré, je m'étais effondré à quatre pattes par terre en essayant de reprendre mon souffle. Des larmes piquaient mes yeux, je ne connaissais que trop de causes qui auraient pu les provoquer, alors je me contentai de les laisser couler. Une petite flaque de sang et de larmes que formait par terre et je finis enfin par entendre qui se passait autour de moi. Les élèves qui murmuraient des « pas croyable » ou des « pourquoi est-ce qu'il a fait ça ? », « est-ce qu'il parlait de Meghan ? ». Ils étaient probablement les étudiants qui avaient pu aller se réfugier dans le gymnase. Ceux qui avaient été témoins de la mort de Meghan restaient silencieux la tête baissée.

- J'aurais dû te laisser mourir ! hurla Matthew avant de se calmer.

Les murmures reprirent de plus belle et quelqu'un s'approcha de moi.

- Calme-toi Matthew, ce n'est pas bon pour toi de t'énerver comme ça, ordonna une voix qui s'approchait de moi.

Je vis de beaux souliers en cuir noir avant de relever la tête. C'était l'homme en chemise rouge, il s'accroupit et ouvrit sa trousse.

- Assis-toi.

Il nettoya mes plaies et en couvrit quelques-unes d'un pansement.

- Nous n'avons encore aucune confirmation de l'état de Meghan, je vous demanderais de vous calmer. Ça ne sert à rien de se faire peur, demanda Martinez.

Bien qu'il fût à l'opposé de la classe, j'entendis Matthew jurer et le traiter d'idiot. Si Martinez l'entendit, il fit la décision de l'ignorer.

- Avez-vous une idée de la personne qui aurait pu attirer la Chimère ? demanda l'officière Harris.

Je vis dans l'expression du ... médecin ? qui pansait mes blessures qu'il désapprouvait cette phrase mal formulée. Je levai les yeux et vis la classe au complet me pointer à l'exception d'un gars en avant qui pointait mon bureau, mais après avoir réalisé que je n'y étais plus, rectifia la direction de son doigt vers moi.

Je fermai mes paupières, refusant d'affronter le regard d'aucun des étudiants.

* * *

De fil en aiguille, je me retrouvai dans ma chambre à faire mes valises sous le regard d'un travailleur social en vue de partir vers un village de mort à proximité des Rocheuses. Deux heures plus tôt, j'avais été amené avec Matthew voire un psychiatre, nous avions été consulté chacun notre tour branché sur un détecteur de mensonge, pour qu'il en arrive à la conclusion que j'étais celui qui avait attiré la Chimère. Bravo. Engagez-vous ? Parce que tous les élèves de ma classe avaient déjà deviné ça, sans avoir besoin de me passer sous une analyse complète. J'avais ensuite dû attendre avec Matthew dans une salle que mon dossier soit mis à jour, imprimé en plusieurs copies, que le village auquel je serais envoyé soit au courant du nouveau venu, que ma famille soit contactée, etc. Matthew, lui, attendait pour une permission de partir. Nous étions restés cinquante minutes en présence de l'autre avant qu'il soit accompagné par un travailleur social. Je fus ensuite seul jusqu'à ce que mes parents leur donne la confirmation qu'ils ne comptaient pas venir me dire au revoir. Je fermai la fermeture Éclair de ma valise qui alla s'empiler sur l'autre sur mon lit.

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⏰ Last updated: Jul 02, 2017 ⏰

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