Partie 2 - Blanc

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Dans toutes les directions, plafond, sol et murs immaculés me rappellent que je suis haut...

... vraiment très haut.

Je suis sur le dos, allongé sur une table blanche.

Lentement, je m'assois. La pièce n'est pas très grande. En face de moi, une porte et à sa gauche un comptoir cache un petit renfoncement.

Peu à peu, tous mes souvenirs reviennent... TOUS.

Je suis habillé d'une combinaison bleu ciel, au tissu léger et soyeux. Celle dont j'étais vêtu avant mon entrée. Je regarde mes mains. Elles sont d'un blanc nacré, auréolées d'un nimbe doré. Je saute de ce que fut ma couche les cinquante-cinq dernières années et me retrouve debout.

La sensation est fantastique.

En moi naît un péché malsain, « l'Envie ».

L'Envie d'être quelques instants plus tard, dehors, libre.

Je me dirige vers le comptoir. À cet instant, un homme sort du renfoncement. Il est habillé du même vêtement que moi, mais en noir. Je le reconnais immédiatement.

Il m'aperçoit et me sourit.

« ZactaëL ! Heureux de te voir, me lance-t-il.

- Bonjour, LadoruS. Comment te portes-tu ?

- Très bien, et toi ? Je t'ai suivi, tout ce temps, et j'avoue être particulièrement fier de toi, tu es devenu quelqu'un de bien. » L'homme me dit cela avec une pointe de respect dans le regard. Il dépose à cet instant un tas d'affaires sur le comptoir. « Tiens ! Vérifie que tout y est.

Sous mes yeux, je reconnais mes effets personnels.

Tout semble y être, sauf l'essentiel.

- Et mon arme ?

Mon geôlier me sourit devant l'évidence, me laissant pour soin d'en prendre moi-même conscience.

Ils ne me la rendront pas.

J'acquiesce d'un signe de tête.

L'homme en noir élargit son sourire, puis attrape sous le comptoir un cahier électronique.

Le livre est d'une épaisseur incroyable. Il en tourne quelques pages avant de me le présenter. Au-dessus de la feuille de gauche, un hologramme en trois dimensions de mon visage pivote lentement. Sur celle de droite, la quantité d'information me concernant est si grande qu'il faut faire défiler digitalement le texte pour en avoir la totalité. En bas, un cadre est réservé à la liste de mes effets personnels.

Je relève les yeux vers LadoruS, qui a soudain un air des plus solennels.

- ZactaëL, fils de DariuS et de Raphaëlẹ, veuillez apposer votre main sur le registre.

Connaissant la procédure, j'applique la paume dextre en bas de la page.

- J'ai bien récupéré la totalité de mes affaires et n'ai rien d'autre à déclarer.

LadoruS me fait alors un clin d'œil et me désigne la porte d'un mouvement de la tête. Je suis aux anges. J'attrape rapidement l'ensemble de mes effets et les mets en vrac dans mes poches.

J'avance vers la sortie. J'ouvre la porte.

Un instant, je m'arrête, puis me retourne vers l'homme en noir.

- Merci, et à jamais.

- À jamais, me répond-il un sourire en coin. »

D'un pas, je suis dehors. Une sensation de liberté totale m'envahit. Devant moi, l'Immensité. Je ferme un instant les yeux pour jouir mentalement de cet instant de grâce.

Enfin Libre.

En rouvrant les paupières, je l'aperçois.

Elle est là resplendissante, habillée de la robe bleue qu'elle portait lors de mes rêves.

Elle me regarde.

Jamais je ne l'ai trouvée aussi belle.

L'aura qui l'entoure semble exploser quand nos yeux se croisent. De même, je me retrouve enveloppé d'un halo immaculé tandis qu'au fond de moi une éruption d'amour me brûle l'âme. Nous nous jetons dans les bras l'un de l'autre.

Nos nimbes se fondent avant de briller d'un même feu ardent.

Je l'embrasse.

« Iris, mon amour, comme tu m'as manquée. Si tu savais comme je t'aime.

Elle me regarde avec passion.

- Moi aussi, Zac, moi aussi !

Je pense alors à tous les sacrifices qu'elle a dû faire pour moi. À toutes les épreuves qu'elle a traversées pendant mon absence, sans jamais m'oublier. Enfin, je prends son visage dans mes mains.

- Merci, IriS. Merci pour tes visites. »

J'ouvre de grands yeux. Elle me regarde en souriant. Elle sait à quoi je pense.

« Je ne t'ai pas oublié... tu as vu... sans le savoir... j'ai donné ton prénom à ma fille ! »

Nous nous embrassons encore. Nos deux âmes fusionnent, libérées de toute matière.

Ensemble, nous nous élevons, libres.

Délivrés à jamais... des arcanes de la gravité.

Les arcanes de la gravitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant