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« 13 janvier,

  Il fait beau aujourd'hui. Alex m'a quitté. Il dit que cette vie n'est pas pour lui, et que je ne correspondais pas aux critères qu'il s'est imposé. Ça signifie que j'ai donc rêvé pendant trois mois un homme qui ne pensais qu'à mon argent. Je pensais qu'il m'aimait au moins un peu. Je ne sais même pas pourquoi je m'obstine. Après tout, c'est toujours la même chose. Ils viennent, et puis s'en vont. J'en ai marre. J'ai voulu appeler Laury, mais elle n'était pas là. Où alors elle ne veut plus me parler. C'est elle qui m'a dit de me méfier, mais je n'ai pas écouté.

  Encore une fois, je vais dire, mais je crois que j'étais prévenue cette fois. Pourtant, je devais me dire qu'il était différent. Après tout, j'ai vingt-deux ans, je sais gérer ma vie. Je suis riche, et j'ai deux parents qui m'ont bien éduqué. Et même si je ne suis pas la plus belle sur terre, ils me disaient toujours que j'avais de grands yeux innocents. »

Eva ferma le journal, des questions tournant dans ses grands yeux cobalt. Qui était cette fille ? Où plutôt femme, d'après ce qu'elle avait compris. Visiblement, elle venait de subir un échec amoureux, et apparemment pas le premier de sa vie. Vingt-deux ans... la jeune fille rouvrit le journal, pour tomber sur le nom de cette fille, son amie. Une certaine Laury. Cela devait être un diminutif. Laura, peut-être, ou Lauriane. Quelque chose du genre.

« Alex me disait toujours que quand je pleurais, mes yeux ressemblaient à deux grands lacs d'eau. Maintenant, ils doivent ressembler plus à une mer agitée qu'autre chose. Je verse plus d'eau que devrais en contenir mon corps. Enfin, c'est normal, je suppose. Papa et maman me manque. Ils habitent en Côte d'Azur maintenant, c'est trop loin pour que je puisse m'y rendre aujourd'hui. Ni demain et après-demain d'ailleurs. Ici, à Paris, il pleut. Je déteste la pluie. »


Eva posa de nouveau le bouquin de cuir sur ses genoux, et pencha la tête vers le plafond de sa chambre d'enfant. Son grand lit beige et crème, sa commode, sa coiffeuse, et sa bibliothèque, ainsi que son bureau et un grand coffre en bois noir jurant avec les tons crèmes et et ocre jaune de sa pièce favorite. Un soupir s'échappa de ses lèvres charnues. Depuis qu'elle avait commencé la lecture de cet intriguant journal, un peu après le crépuscule, elle n'avait cessé de s'interrompre.

Mais, malgré tout, une question se distinguait des autres. Pourquoi ? Pourquoi ce journal était-il tombé entre ses mains à elle ? Que faisait-il dans sa boîte à lettres, et à son nom ? Certes, la propriétaire avait le même qu'elle, mais pas le nom de famille ! Elle se nommait Eva Colibri, pas Eva Lynd, en supposant qu'Angélique n'était que son deuxième prénom. Son deuxième prénom à elle étant Alice, il n'y avait que le nom en similitude. Où est l'erreur alors ?

« Laury me dit tout le temps que je devrais plus sortir, rencontrer des gens, faire la fête, ou bien en gros et pour faire court que je suis asociale. Elle a sans doute raison, enfin je suppose. Mais ce n'est pas facile, d'avoir beaucoup d'amis en étant une Lynd. J'ai toujours peur qu'ils restent avec moi pour mon argent, et non parce qu'ils m'apprécient. C'est des choses qui arrivent. Peut-être que si je n'étais pas la deuxième fortune de France, les choses seraient différentes...

  En même temps, être riche a des avantages. Je rencontre plein de gens célèbres, riches, ou encore des génies, et je n'ai pas à me préoccuper des problèmes d'argent. D'ailleurs, j'ai encore deux shooting-photos demain, une interview après-demain et un casting dans la semaine ! Je crois que je n'aurais pas le temps de voir Laury cette semaine... »

  Alors elle aussi.. était riche. Eva venait de lui trouver un point commun avec elle. L'argent. Encore.

EVAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant