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« 24 janvier.

Il fait beau. Je crois. Ça fait une semaine que je n'ai pas mis les pieds dehors. En même temps, les journalistes et les photographes doivent être à ma porte depuis. Laury m'a appelé deux ou trois fois, je ne sais plus, mais je n'ai pas répondu. À quoi ça servirait de s'expliquer, hein ? Elle ne verra que ce qu'elle souhaite voir, comme tout le monde. Pourtant, elle me connaît depuis longtemps. Mais en même temps, elle a toujours préféré Faye, alors... au moins je peux toujours écrire ma vérité dans ce journal. Ce que j'ai vraiment vu.

Il y avait seulement les deux photographes, et ce gamin, qui faisait un stage, je crois. Je n'ai pas vu le projecteur avant qu'il ne tombe, je le jure. Mais il devait être bien attaché non ? Après tout, c'est quand même leur travail, de s'en occuper... au dernier qui sera debout, comme qui dirait... c'est triste, que ce gosse n'ai pas bougé à temps. Il m'avait l'air d'un bon gars, pourtant. Une visage de poupon, des boucles blondes, un joli sourire... ses parents devaient en être fier... et quand je pense qu'il ne marchera peut-être plus jamais... »

Eva se leva, et vint saisir sur sa coiffeuse le paquet de gâteaux qu'elle avait prit dans la cuisine, avant de retourner s'allonger dans son grand lit, le journal sur ses genoux, le regard perdu dans le vide. Voilà qu'il commençait bien, ce journal. Bien sûr, elle avait zappé quelques pages, avant d'arriver là, mais les autres n'étaient pas très importantes. Elle prit un gâteau dans le paquet, et le porta à sa bouche. Puis, elle reporta son attention sur le journal.

« Maman a appelé. Elle dit qu'elle est très heureuse que je ne sois pas blessé, et que ce n'était pas de ma faute, que cet accident n'aurait pas dû arriver. Elle porte toute sa compréhension à la famille du garçon. Je la comprend, ça ne doit pas être facile. Papa n'a pas voulu me parler. Maman dit qu'il était heureux que je n'ai rien, et sans plus. Quelle tristesse, qu'il ne veuille plus même me voir ou me parler. Je sens qu'il commence à s'éloigner de moi. Maman me paraissait vague, aussi. Est-ce que c'est mal de penser à ne plus les revoir ? Je suis triste. J'ai regardé par la fenêtre. Il pleut aujourd'hui. »

C'est la fin du 24 janvier. Eva se relève, s'assoit à sa coiffeuse, et brosse doucement ses longs cheveux ébouriffés par les oreillers. Le journal, est maintenant posé sur une petite table de chevet, avec les biscuits. Elle fixe son regard sur les décorations en bois du vieux meuble. Elle ne sait pas vraiment quoi penser de cette fille, ni de ce qu'elle doit faire de son journal. Ses parents pourraient l'éclairer, peut-être. Elle se demande si c'est une bonne idée de leur en parler.

En même temps, Eva avait toujours été une enfant solitaire, autonome. Jamais, elle n'avait eu besoin de ses parents pour s'occuper d'elle, ou lui apprendre des choses. Ce que l'école ne pouvait lui enseigner, la vie s'en chargeait. Alors maintenant, si elle leur demandait quelque chose, ils l'ignoreraient, ou lui dirait de continuer à bosser plutôt que de lire le journal d'une morte.

Au final, ce n'est pas plus mal. Nette. Nette. Eva se secoua, et se dirigea vers sa bibliothèque, pour prendre un manuel de mathématiques. Depuis quelques temps, dès que quelque chose là frustrait, ou qu'elle vaut besoin de réfléchir, elle bossait, ou relisait ses cours. Elle n'était qu'au lycée, mais c'était devenu une habitude plutôt qu'un passe-temps. Bien que ses notes soient toujours excellentes.

Et pourtant, aujourd'hui, elle était plus perturbée que d'ordinaire. Ses yeux ne cessait de faire des allez-retours du manuel au journal.

« J'ignore pourquoi, mais... j'ai très envie de savoir la suite... »

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 07, 2017 ⏰

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