Après avoir visité une bonne partie de la ville faisant ainsi râler la plus jeune à chaque pas, et après avoir ri aux éclats comme deux folles sur le lit, les deux sœurs se regardèrent quelques instants en silence. C'était le moment. Elles devaient avoir cette conversation sérieuse. Après tout, elle n'avait pas juste fait le déplacement pour profiter, sa sœur avait besoin d'elle.
"Qu'est ce que tu veux savoir ?" demanda Lana.
"Je ne demande pas à savoir. Je suis là pour pour toi. Je suis là pour que tu ailles mieux" répondit sa petite sœur.
"C'est mon rôle de te rendre heureuse, c'est la seule raison pour laquelle je suis toujours là"
"Peut-être mais cela ne veut pas dire que je ne peux pas être là"
"Tu veux que... je te montre ?" murmura-t-elle.
Avec toutes les avancées technologiques de cette époque, il était très facile de connaître la vie des autres. Pas uniquement par les réseaux sociaux ou autre mais aussi directement. Chacun était capable, lorsqu'il le souhaitait, évidement, de montrer ses souvenirs. Vous savez, comme dans les films de sorciers où les personnages déposent leurs souvenirs dans une potion. Le mécanisme était différent puisque la magie n'existe pas, mais en tout cas si Lana décidait de montrer ses souvenirs à sa sœur, elles verraient toutes deux les scènes se dérouler devant leur yeux, comme si elles étaient dans un cinéma si réaliste. Elles se prirent les deux mains, sans jamais lâcher, sous aucun prétexte et fermèrent les yeux pour se laisser transporter dans le passé.
Nos deux sœurs furent transportées en Avril 2016. Une jeune fille de 19 ans était assise sur sa chaise, les jambes allongées sur le bureau. Des feuilles étaient posées sur celles-ci et son téléphone était dans sa main.
"C'est toi sur la chaise ? Tu étais en train de faire quoi ? Je peux parler ou elle enfin tu risques de m'entendre ?" chuchota Leïa à sa sœur.
"Oui, c'est moi il y a environ 1 an et demi et je suis en train de... réviser... On peut parler, les personnes présentes dans mes souvenirs ne nous entendent pas et ne nous voient pas. Par contre rappelle toi de toujours me tenir la main dans la chambre où nos corps se trouvent"
"Nos corps...?" s'inquiéta la plus jeune.
"Oui, nos vraies nous sont actuellement sur le lit, assises en se tenant la main et nos esprits sont plongés dans mes souvenirs. Tu vas avoir tendance à oublier que l'on est pas vraiment là, mais il ne faut pas qu'on se lâche, il ne faut pas qu'on perde la réalité" prévint Lana alors que sa sœur se contentait acquiescer en hochant la tête afin de se concentrer sur la scène qui se déroulait devant elle.
~ Une petite partie de Tap Tap, ces petits animaux qui sautent de plateformes en plateformes, perdue et la voilà hésitante. Elle venait de perdre une dizaine de fois d'affilé et la journée arrivait à sa fin. Encore une fois elle s'était assise de façon studieuse, motivée à apprendre tout un cours. Et encore une fois elle avait préféré faire des jeux sur son téléphone et passer la journée sur des occupations futiles. Alors comme tous les soirs le stress montait. Elle n'aurait jamais le temps d'apprendre tous ses cours. Université oblige, chaque étudiant se doit de réviser 4 mois de cours intenses en 2 semaines. C'était comme ça et ce n'est pas près de changer. Déjà qu'il ne lui restait pas beaucoup de temps alors si elle le gaspillait comme cela, c'était perdu d'avance.
Et pourtant cela marchait. Peut être était-ce sa technique de travail ? Se déconcentrer et laisser son cerveau errer pour qu'il emmagasine les informations ? Allez, si elle décide d'aller en Neurologie elle étudiera peut être cela. En attendant la décision était prise, il fallait qu'elle réussisse ce niveau, ça la rendrait folle sinon. Saute, tourne, tourne, saute, tourne et loupé. C'est pas grave, on recommence. Après plusieurs minutes passées comme un robot, elle posa le portable sur son bureau et passa machinalement une main sur son cou. Mais au lieu de l'enlever de suite après, elle s'attarda un peu sur cet endroit. Elle avait senti quelque chose. Ce n'était rien de spécial, juste une petite boule d'environ 1 centimètre de diamètre. À vrai dire c'était presque rigolo. Elle pouvait la faire rouler sous le doigt. Ça lui faisait une nouvelle occupation. Alors là voilà qui relisait sa feuille posée depuis le début de la matinée, touchant cette petite boule du bout des doigts. Elle se posait quand même quelques questions à propos de celle-ci. Notamment parce qu'elle ne se rappelait pas l'avoir déjà senti.
C'est là qu'elle s'arrêta et se redressa, alertée. Une boule. Elle n'avait jamais eu ce truc dans son cou et tout le monde savait que ce n'était pas bon signe un truc qui pousse dans son corps. Ce dernier n'était pas censé croître. Et pourtant elle en sentait clairement une, juste une.
Qu'est ce que Meredith Grey dirait ? À vrai dire elle n'en avait aucune idée, alors elle mit cet événement dans un coin de sa tête et essayait tant bien que mal d'arrêter d'y toucher. Elle verrait demain ce qu'il en ait. Puis s'il faut ça partira tout seul se disait-elle. Le lendemain justement, en pleine discussion avec ses amies entre midi et deux, elle arrêta la conversation en sortant la fameuse phrase : "J'ai une boule dans le cou et je ne sais pas ce que c'est." Les idées fusaient, la première étant qu'il s'agissait une boule de graisse. Une de ses amies en avait plusieurs et toucha la boule avant de conclure définitivement qu'il ne s'agissait pas de ça. Une boule de graisse est attachée à la peau tandis que dans ce cas on pouvait bien sentir qu'elle était sous la peau.
La plus petite du groupe faisait de nombreux allers/retours chez le médecin, étant sans doute un petit peu hypocondriaque, et en conclut qu'il s'agissait juste d'un ganglion qui avait gonflé pour une quelconque raison.
C'est avec ces nouvelles informations que notre protagoniste rentra chez elle et commença ces recherches sur internet. Les ganglions sont le lieu de prolifération et de différenciation des cellules immunitaires, celles qui défendent notre corps contre les infections. Ils se situent dans le cou, aisselles, et aines. Communiquant entre eux par les vaisseaux lymphatiques, ils forment avec la rate et la moelle osseuse le système lymphatique. Lors d'une infection, d'une attaque par un pathogène, le corps doit créer de nombreux globules blancs, nos petits soldats. C'est pour cela que les ganglions gonflent.
Elle avait trouvé la maladie des griffes de chats. Lorsqu'un chat donne un coup de griffe, il se peut qu'une bactérie entre dans la plaie. Le corps comprend alors qu'un intrus est entré et déclenche une réponse adaptée. Les globules blancs sont crées, faisant ainsi gonfler les ganglions. C'était logique, elle avait un chat depuis pas si longtemps, ça pouvait très bien être juste une petite infection par une bactérie, facilement maîtrisable. Il faudrait quelques antibiotiques et tout irait bien. Ravie de ce qu'elle venait de trouver, elle se dirigea vers sa mère :
"Maman j'ai un ganglion dans le cou qui a gonflé, je pense que le chat m'a refilé une bactérie".
Peu inquiète, cette dernière décida malgré tout de prendre un rendez-vous chez le généraliste pour ce qu'elle pensait être une maladie des griffes de chats. ~
Lana, connaissant la scène par cœur se contentait d'observer les réactions de Leïa avant de lui demander pourquoi elle ne disait rien.
"Comment ça ?" s'étonna-t-elle.
"Je m'attendais à ce que tu fasses plein de commentaires sur la scène ou que tu me poses plein de questions"
"Non... pas pour l'instant... C'était déjà assez perturbant de te voir devant moi, puis de changer de scène et voir ta faculté d'un coup et toi au milieu de plein de gens... J'ai besoin d'y réfléchir" répondit-elle hésitante.
"Tu veux qu'on fasse une pause ?" s'inquiéta la plus grande.
"J'en sais rien" conclut Leïa en se blottissant contre sa sœur.

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Save Me
AdventureQuelques décennies plus tard, les humains ont acquis la capacité de montrer aux autres leurs souvenirs, de partager ce qu'ils ont vécu. Nous allons suivre dans cette histoire une jeune fille qui va se plonger dans les souvenirs de sa soeur afin de c...