chapitre 8 - le temps d'un café

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Annabelle

David va chercher sa voiture pour que je n'aie pas trop à marcher. Ma blessure dans le dos est encore légèrement douloureuse. Nous nous retrouvons devant l'hôpital. J'entre dans sa petite smart verte, il n'y a pas beaucoup de place mais on s'y sent à l'aise. Il se met à rouler. Nous restons muets tout le long du trajet. Arrivés dans un petit café sympa du nom de "café de l'amitié", David me demande ce que je souhaite boire:

- Un cappuccino s'il te plaît.

Puis je réalise que n'ayant pas de famille apparente, je n'ai pas d'argent... Je me rue vers David pour l'en informer et celui-ci me rassure en m'informant qu'il me l'offrait dans tous les cas. Je commence à voire un petit côté gentleman en lui, ça lui va bien.

Il revient vers moi avec notre commande et c'est autour de notre café que nous commençons enfin à discuter.

David m'en apprend d'abord un peu plus sur lui, ses parents et sa grand-mère sont décédés, il n'a que 22 ans et a sauté plusieurs années d'école, d'où son jeune âge malgré son titre de psychologue. Ses bouclettes me fascinent, elles sont d'une élégance frisant la perfection. Il remarque que je fixe ses cheveux et me taquine:

- Avoue qu'ils te plaisent.

Je rougis comme une idiote tout en marmonnant un petit non qui ne tient pas la route. David a un sourire taquin plaqué sur la bouche. Vite! je dois changer de sujet :

- Raconte-moi ce qu'il s'est passé le soir de la fête et ce qu'il s'est passé entre toi et moi ?

David

Tout allait merveilleusement bien avec Annabelle jusqu'à ce qu'elle me pose cette question. Pourquoi ? me dis-je à moi-même. Pourquoi suis-je mêlé à cette histoire... cependant je me dois de lui répondre le plus franchement possible tout en évitant certains sujets sensibles tel que la magie. Je suis persuadé que la magie a quelque chose à voir avec le Carnage et Annabelle mais je n'ai pas encore compris quoi. Mon expression se durcie.

- Je t'avais déjà croisé en ville quelques fois, au parc pour être plus précis, avant cette fameuse fête et je me souvenais vaguement de toi. J'ai été invité par Tyler , un copain d'enfance que je n'avais pas revu depuis longtemps et qui comptait pour moi, il voulait me présenter sa copine, Natascha.

Les yeux d'Annabelle s'agrandissent lorsque je prononce ce prénom. Peut-être a-t-elle eu un nouveau souvenir, ce serait bon signe. Sans m'attarder là-dessus, je continue mon récit:

- Je ne les ai jamais retrouvés mais entretemps je suis tombé sur toi, tu avais l'air un peu seule, alors je suis venu te parler et j'ai appris par la suite que ta pote Katia t'avait laissée tomber pour rejoindre un mystérieux jeune homme. Tu n'avais rien à boire alors je t'ai proposé un verre. Au final, tu m'en as offert un, car tu ne voulais pas boire la même chose que tout le monde. Pour parer à ce petit problème, tu avais amené une boisson faite par ta tante. C'était plutôt bon, quoi que, un peu spécial mais au moins il n'y avait pas d'alcool. Puis nous avons fait ce que tout être humain fait à une fête, nous nous sommes amusés et on a discuté, beaucoup discuté. Si me souvenirs sont bons, tu m'as dit que tes parents étaient partis à l'étranger pour une durée de 3 mois et qu'ils n'avaient aucun moyen de te contacter. Ils ne voulaient pas te laisser seule alors ils ont contacté ta tante afin qu'elle s'occupe de toi durant cette période. En revanche je n'ai jamais pensé à te demander ni où tu habitais ni qui était ta tante, j'en suis désolé. Un peu plus tard, Katia est revenue complètement éméchée et ne voulait plus te lâcher les baskets. Nous nous sommes simplement salués et nous nous étions donné rendez-vous 5 jours plus tard au parc, auprès de la statue satirique de la Liberté. Étant donné que j'étais quasiment le seul survivant et que la seule personne retrouvée était amnésique, je ne me suis pas rendu au parc, m'étant fait à l'idée que tu étais surement l'une des victimes. Imagine-toi ce que ça m'a fait de te voire dans mon cabinet il y a quelques heures.

Annabelle

Au nom de Natascha, mon cerveau se mit à faire 10'000 hypothèses "était-ce la Natascha à Lucas ?" "Était-elle encore en vie" et ainsi de suite. Je restais tout du moins crochée aux lèvres de David, son récit m'intriguait. Il m'avait déjà beaucoup éclairé sur moi-même. J'étais plutôt du genre coincée à ce que je vois. J'avais envie d'en savoir plus mais mon esprit me disait stop, j'avais déjà beaucoup d'informations à avaler d'un coup. De plus, son histoire semblait résonner en moi, faut croire que ça méthode n'était pas que du bluff au final.

- J'aimerais te poser mille et une questions mais ma tête est sur le point d'exploser... ça fait beaucoup d'événements en une journée, fais-je en étant toute gênée.

- Ne t'en fais pas je comprends, on peut rentrer si tu veux, il me répond.

- Non attends! je m'exclame. Peut-on continuer d'en parler demain ? Je sens que nous sommes sur la bonne piste...

David

Ses derniers mots me touchent. "Sur la bonne piste". Cette idée me donne chaud au cœur. Alors je lui propose qu'on revienne ici demain après mon service. D'un accord commun, nous décidons que ces discussions doivent rester en dehors de nos séances de thérapie. En dehors nous pouvons parler de tout et de rien, mais dans mon cabinet, nous nous contenterons d'analyser ses fragments de souvenirs et nous tenterons de faire revenir les autres. A mon grand bonheur, elle n'a pas fait allusion à la chaise ni à l'onde de chaleur et de quiétude que je lui ai transmis durant notre séance. Sur ce, je la ramène à l'hôpital.


Blackout (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant