Blackout (Terminée)

Chapitre 25 - Une puissance ancestrale

Annabelle

Une bonne dizaine de Ténébreux se tiennent dans notre sanctuaire, en faisant entrer d'autres, ils sont de plus en plus nombreux. Etant l'une des plus grandes figures de notre communauté, je sonne le signal d'alarme, un chant d'oiseau savamment appris résonne dans tout le camp, discrètement, les Sobres quittent leurs tentes, se dirigeant vers la seule et unique sortie encore praticable, menant tout droit dans la forêt du carnage. Cette réflexion me fait prendre conscience qu'ils ont orchestré ce bain de sang juste pour m'avoir... heureusement les Sobres m'avaient bien protégée mais je déteste être à l'origine de cette tuerie. Les nurses vont transporter les blesser dans un endroit inconnu de tous, pour leur assurer une certaine protection. Très vite, mon groupe de guerriers est à mes côtés, il y a cependant de nouvelles têtes dans le groupe, certainement des personnes que mes parents ont convaincues de se joindre à notre cause. L'affrontement approche de plus en plus et moi, je n'en peux plus. Je ne veux pas me battre, mais il le faudra bien, cependant, mon cœur souffre, l'homme que je crois aimer est dans un coma mortel, mon protecteur risque de mourir en voulant me sauver et j'apprends que j'ai bel et bien une sœur jumelle mais qu'elle veut ma mort d'une certaine manière.

Ça craint...

Lucas pose sa main sur mon bras, de façon protectrice. Je le prends un instant à part.

- Je sais que tu auras un besoin irrépressible de me protéger, on n'y peut rien. Seulement, ils veulent mon pouvoir ou ma mort, dans un premier temps, je ne serai pas en danger de mort, je te donnerai assez de force pour te transformer en loup s'il on est les deux en danger de mort, mais cela sera rapide et douloureux, je forcerai ta métamorphose pour nous sauver. Sinon, dans un premier temps, aide les autres à être sains et saufs. Ta force est décuplée et tes réflexes aussi, je crois en toi. Tu es assez fort pour passer au-dessus de ton instinct.

Son air sérieux témoigne de sa volonté, son courage, je sais qu'il saura faire au mieux.

Il est temps pour moi de motiver mes troupes, mais je n'en ai aucunement envie. Seulement, si je ne dis pas quelques mots, nous allons nous faire écraser. Je prends donc mon courage à deux mains et entame mon discours :

- D'une façon ou d'une autre, ce combat cèlera une aire, une époque trouble, nous pouvons soit fermer le bec une fois pour toute aux Ténébreux, soit les laisser nous écraser. Souvenez-vous, ils sont impulsifs pour la plupart, faisons-en notre atout. Toutes les qualités que vous pourriez voir chez un adversaire seront également une source de faiblesse, il ne sait peut-être faire que cela. Vous avez été entraînés et ce durant plusieurs semaines. Nous sommes un groupe, une Force, une Puissance à nous tous seuls ! Aujourd'hui, nous sommes assez forts, assez malins, assez rusés, assez entrainés, assez puissants pour les vaincre, pour continuer à vivre en harmonie avec le reste du vivant. Si nous sommes tous là, c'est pour donner tout ce qu'on a. Et c'est ce qu'on va faire. Qui est avec moi ?!

Des acclamations fusent de toutes parts, des cris de guerres, des esprits prêts à aller chercher la victoire. Ava me regarde, elle est fière de moi, cela se voit. Bientôt, les Ténébreux auront compris notre tour de passe-passe, mais nous sommes prêts, nous les attendons.


Bien-entendu, pensant nous déstabiliser, Tyler et Natascha ouvrent le bal. Ils sont suivis par un nombreux incalculable d'hommes, ils sont bien plus nombreux que nous, on risque de se faire massacrer...

- Annabelle, viens avec nous et les tiens auront la vie sauve.

Je suis sur le point d'abdiquer quand Lucas, Ava, et mes parents font barrage devant moi, suivit par le reste du groupe. Le message est clair, ils sont prêts à en découdre.

- Très bien, soyez prêts à souffrir.

Sur cette phrase, les Ténébreux chargent, nous ripostons. En moins de 5 minutes, il y a déjà un nombre énorme de personnes à terre, certains sont charcutés de toutes part, d'autres sont simplement inconscients. Pour la seconde fois, du sang coule sur cette terre qui n'a rien demandé. L'être humain est affreusement horrible. La moutarde me monte au nez, des sorts de plus en plus puissants partent sur mes assaillants, les miens se battent vaillamment, nous parvenons à instaurer une sorte d'équilibre, sans pour autant prendre le dessus. Nos adversaires nous tombent dessus de toute part, Lucas a toujours un œil sur moi mais protège Ava qui est la moins réactive de la famille.

Je n'ai pas le temps d'apercevoir les autres qu'une nuée de Ténébreux me font face, Au loin, j'entends des gens hurler, c'est atroce, seulement j'entends également des « au feu » résonner de part et d'autre, Tyler est en train de réduire la forêt en cendre... quel abruti...

La situation dégénère, nous sommes en proie aux flammes, la forêt se transforme en un four géant. C'est la panique totale. Soudain, quelqu'un crie mon nom, étant momentanément seule, je me retourne vers la source du bruit. Natascha ceinture notre mère qui est impuissante, des larmes de peur roulent sur ses joues, elle nous rappelle à quel point elle nous aime. Ma gorge s'assèche, elle n'oserait pas la tuer n'est-ce pas ?! Non pas ma maman, il faut que je fasse quelque chose... la panique m'envahit, incapable de réfléchir correctement, je me fais ceinturer par un molosse de plus de 2 mètres. Simultanément, alors que je me débats du mieux que je peux, le rire démoniaque de Natascha résonne dans l'air, il résonne si fort que le combat semble se figer, tout le monde est à l'affut, mais sans que j'aie le temps de rien faire, elle lui plante un couteau en plein cœur. Mère est morte. Devant mes yeux.

Ma douleur est telle qu'elle m'envahit, elle traverse mes jambes mes bras, ma tête, mon corps entier, pulsant au travers de mes veines, ma vision se floute, je hurle de toutes mes forces, m'écroulant au sol, ne me souvenant même pas comme je me suis débarrassée de mon assaillant. Je n'y crois pas, ce n'est pas possible, l'air me manque, elle ne peut pas l'avoir tuée ainsi, elle va payer. Je veux qu'elle disparaisse et qu'elle emmène tous ses merdeux avec elle, je ne peux tolérer cela. Le vent se met à souffler, attisant un peu plus le feu qui nous rongeait déjà, des gens hurlent et moi, mon cœur saigne. Après le vent, la pluie vient s'inviter, sans même savoir comment, j'ai accès à tous les éléments de la Terre, elle est là. Elle souffre avec moi, partageant ce besoin de les exterminer. Je ne veux plus d'eux et la Terre non plus.

Je la sens me transmettre sa force, tel une ressource inépuisable, mon corps tremble, encaissant toute cette énergie qui se transforme, qui commence à émaner de moi, je suis en quelques sortes un canal, nos pouvoirs se mélanges, s'allient, se nouent, se transforment, s'enrichissent, me donnant une puissance inouïe. Je ne rêve que de les voir expulsés dans un autre monde, ces Ténébreux qui sont la source de tant de malheur. Un monde dénudé de couleurs vives, plus fade, moins abondant. On ne peut vouloir nuire à la Terre, à la vie sans en recevoir les conséquences.

Ainsi, tout ce pouvoir s'accumule en moi, et lorsque j'ouvre à nouveau les yeux, un océan aveuglant me fait face, une forte énergie s'évacue de moi, créant de la lumière, elle s'accumule, tourbillonne, devenant de plus en plus puissante, certaines personnes sont prises dans ce vent irréel, magique, tandis que d'autres sont clouées au sol. Ainsi, je laisse la Terre œuvrer au travers de moi, mes mains s'agitent, amplifiant le phénomène spectaculaire auquel nous faisons face. Puis, un trou commence à aspirer toutes les personnes en lévitation, les faisant disparaitre de la surface de la planète. Dix minutes s'écoulent, puis le calme total revient, enfin, je suis à bout de force.

Les Ténébreux ne sont plus, ils ont été envoyés dans un monde parallèle, loin de nous, de nos vies. La forêt est en lambeaux, l'eau à éteint la majeure partie du feu, laissant çà et là des braises voltiger dans l'air saturé. Nous nous croirions dans un braisier dans lequel le feu se meurt. Je vois toujours ma mère, le regard sans vie, couchée au sol. Petit à petit, les Sobres comprennent que nous avons gagné, nous sommes libres. Des cris de joie fusent dans l'air de toute part et moi je suis là, vidée, détruite. Lucas vient à mes côtés, il sait. J'ai besoin de sa présence mais aussi de son silence, au moins il est en vie. Un torrent de larmes dévalent mes yeux. La douleur est indicible, tellement elle ravage tout sur son passage. Une fois les acclamations passées, tout le monde se rend compte que certains d'entre nous ne se relèverons jamais. Ils gisent au sol, inanimés. Alors, un silence magistral leur rendant honneur, envahit la forêt. Il perdure jusqu'à ce qu'une voix grave et enrouée prononce mon nom. Surprise, je relève vivement ma tête, comment peut-il être là, de retour ?

A bout de souffle, David arrive vers moi, me prenant la main, il m'éloigne de ce chaos, nous offrant une parenthèse loin de toute cette souffrance. Sans me demander mon avis, il m'embrasse, me faisant oublier ma douleur un instant, le temps de me rendre compte à quel point je tenais à lui depuis tout ce temps.