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Les jours passent et elle ne sait pas. Elle se demande quoi faire en présence du nouveau ; agir comme elle le faisait à son arrivée ou agir comme s'ils se connaissaient en vue des circonstances. Des questions qui ne la laissent plus respirer. Des actes qui lui rappellent toujours leur complicité visuelle. Un changement si marquant et dérisoire qu'elle ne semble même plus se rappeler ce qu'elle fait ici, parmis tous ces lycéens.

Qu'a-t-elle ?

Rien de plus qu'une perturbation. Rien de plus qu'une prise de conscience quant à ses hormones. Jimin. Jimin est le fautif. C'est lui qui s'est intéressé à elle en premier, et non le contraire. C'est lui qui a tenu à la sauver d'une situation dont elle aurait très bien pu sortir sans aide quelconque. C'est lui.

La routine qu'elle a pris ces quelques dernières années est en train de s'estomper pour laisser place à un sentiment de compagnie, comme si le temps avait décidé de lui offrir l'inverse d'une solitude trop présente. Jimin s'immisce entre ses branches défendues d'épines et elle panique. Il s'avance bien trop rapidement à son goût et pourtant,
pourtant ils ne se sont vus qu'une fois. Il n'a entendu sa voix que deux malheureuses fois, et ils ont partagé le même espace seulement les matins et les soirs.

Incompréhension.

Les mains dans les poches, les écouteurs toujours enfoncés dans ses oreilles, elle se rend sur le lieu qu'elle abhorre tragiquement tout autant qu'elle le vénère. Quelle argutie quand on sait ce pour quoi elle y pose les pieds au moins une fois par semaine. Ses orbes exténuées rencontrent chaque détail de la nature et elle sourit. Quoi qu'elle fasse, elle est suivie par cette envie de s'évader.

En moins de temps qu'il n'en faut, elle est au lieu dit. Morose, sale. Cet endroit acariâtre dégoûte quiconque n'a aucune idée de ce qu'est la mort d'un proche. Un cimetière, c'est maussade la plupart du temps. C'est aussi paisible, clair et repoussant à la fois. Elle déteste ne pas savoir quel sentiment éprouver en passant le portail de fer forgé.

Est-elle heureuse de pouvoir s'y recueillir ou abattue d'y voir la mort ?

Quelques tombes défilent sous ses yeux maintenant qu'elle connait le chemin par cœur, et elle s'asseoit en tailleur sur le sol rocailleux, devant celle qui compte le plus pour elle.

ci-gît la dame des astres

Le souffle coléreux du vent lui griffe le visage. Elle baisse la tête, rejette sa tristesse et sa peine, et pense à voix basse. Timide, étrange.

Maman,
laisse-moi te dire,
tout ce que j'ai entrepris jusqu'ici.
Tu sais déjà que c'est ton sourire,
qui me permet de rester en vie.
Je n'ai rien d'autre à te raconter de particulier,
mis à part le nouveau.
Si tu me surveille de là-haut,
tu sais déjà qu'il m'en fait baver.
Tu as dû te rendre compte,
mon comportement habituellement calme,
transformé dans son ombre,
il est beaucoup trop sublime.
Il a ce charme fou,
ce regard brillant,
ces cheveux blonds presque roux,
ce timbre de voix apaisant.

Il me change, maman.
Beaucoup trop.

tes étoiles | jimin.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant