J'arrivais à penser mais cela ne menait à rien. Au bout de quelques temps, je perçus des bruits en dehors de mon esprit : des voix. Ces voix résonnaient dans ma tête, un écho imperceptible. Mon esprit s'efforçait de comprendre ces sons, c'est alors que je me mis à sentir ma respiration, tout doucement. Au début, chaque respiration s'accentuait pour devenir de plus en plus forte, l'air qui circulait à présent dans mon corps me fit reprendre conscience de celui-ci. Malgré cela, je ne parvenais ni à ouvrir les yeux, ni à comprendre les murmures autour de moi.
Si la mort se résumait à penser, à sentir son corps perdu dans le noir, alors il fallait que je vive : je ne pouvais pas mourir maintenant. Il y avait encore tellement de choses à voir, de choses à faire, je n'avais en revanche pas de véritable famille et aussi loin que ma mémoire me permettait d'aller, je n'en avais jamais eus. J'étais seulement Agnia Varchar, l'orpheline. J'avais certes vécu dans une maison, c'était d'ailleurs une maison très sympathique et chaleureuse, mais ça, ça n'a pas duré longtemps car, par ma faute, leur vrai fils, Maël, est décédé en voulant me protéger. Ce souvenir reste vague donc je me rappelle seulement d'une très grande violence et de ses derniers mots qui résonnent encore en moi et me font toujours autant souffrir : «Enfuis-toi ! Vis ! Je t'ai...». Depuis ce jours où j'ai perdu Maël, la personne qui était la seule que je considérais réellement comme ma famille, les parents Varchar ne m'ont plus vraiment considérée comme leur fille. Une partie d'eux m'en voulait de ne pas être morte à la place de leur véritable fils, alors, depuis cela, mes amis étaient tout pour moi et je me devais de ne pas les laisser, de ne pas fuir comme j'avais fui, je devais être forte.
Ma concentration revenait sur les voix qui m'entouraient, pour enfin parvenir à mieux les entendre, cependant j'étais toujours dans un épais brouillard. Puis soudain, sans réelle explication, l'image de Nora au sol me revint à l'esprit, j'ouvris alors brutalement les yeux dans un cri étouffé. Je n'étais pas morte, alors j'espérais du plus profond de mon cœur qu'il en était de même pour Nora. Mes yeux brûlaient à cause de la lumière, je mis quelques temps à m'habituer. J'étais dans une immense pièce blanche remplie de lits métalliques, sur certains d'entre eux se trouvaient des gens qui, comme moi, étaient dans une sorte de coma. À la tête du lit, sur une chaise, calmement assis, le professeur qui nous avait « tués », alors je pris peur et tombai du lit. Une fois sur mes jambes tremblantes, je lui hurlai : « Où est Nora ? ». Il me regardait fixement et me répondit avec la même placidité qu'elle n'était pas loin et qu'elle allait bien. Je regardais partout autour de moi et enfin je vis Nora sortir de la pièce d'à coté. Mon esprit s'était embrumé, je ne parvenais pas à comprendre la situation : elle allait bien et moi aussi alors que nous étions mortes, et pourtant nous étions bel et bien là, en chair et en os. Un nombre incalculable de questions s'entrechoquaient dans ma tête. Le professeur qui était encore assis se leva sans dire un mot et partit surveiller un autre lit. Pourquoi ? C'était lui qui nous avait fait ça et à présent, il veillait sur nous... Qu'est-ce que cela signifiait ?
Nora parcourut la pièce avec un énorme sourire sur le visage. Elle me sauta dessus, m'empêchant de me relever. Je n'arrivais pas à être si enthousiaste qu'elle, ne comprenant toujours pas la situation. Une fois nos étreintes terminées, elle me demanda plus sérieusement si tout allait bien, je lui répondis que oui en lui retournant la question. Elle allait bien mais était tout autant perturbée que moi par ce qu'il venait de se produire. Elle m'expliqua que, d'après les infos qui circulaient, une fois que tous les élèves se seraient réveillés, nous aurions le droit à des explications mais que nous n'avions pas à nous inquiéter. Nous nous asseyions sur le lit, le regard dans le vide à attendre que les élèves se réveillent tous au fur et à mesure. Nous ne disions rien l'une comme l'autre mais nous savions pertinemment que nos têtes débordaient de questions auxquelles nous ne pouvions répondre.Quelques heures s'écoulèrent et enfin, tous les élèves s'étaient réveillés et un tintement de cloches résonna, puis, une voix de femme sortit des amplificateurs disposés aux quatre coins de la salle :
« Tous les élèves désormais réveillés, Monsieur Trimpan va vous accompagner au gymnase. »
Un grand homme barbu se mit à crier, alors tous les élèves se levèrent de leur lit où ils étaient tous, comme nous, en pleine réflexion. Nous suivions l'homme qui nous dirigeait vers une grande salle avec d'immenses vitres sur le haut des murs peints de vert kaki, la lumière qui rentrait par tous les cotés de cette pièce l'imprégnait d'une lumière chaleureuse et vive qui changeait trop radicalement de la lumière grisâtre dans laquelle nous étions juste avant. Au centre se trouvait une estrade avec les mêmes professeurs qu'à notre arrivée. L'un d'eux prit la parole, il expliquait que tout ce qui venait de se produire était normal, qu'il ne fallait pas s'en inquiéter, il ne s'agissait que d'un simple rituel pour nous rendre étimes. Dans la salle parcourut alors un bruit qui soulevait la même question : Qu'est-ce qu'un étime ? Le professeur haussa légèrement sa voix pour réinstaller le silence et il poursuivit. Les étimes étaient des êtres immortels tous du moins, face au temps, aux maladies et aux agressions de tout ce qui n'était pas étime. Entre étimes, nous étions donc tout aussi vulnérables qu'auparavant. Il continua en expliquant que cette transformation nous effaçait du monde des humains : nous n'avions désormais plus de passé. Comment ça plus de passé ? Je ne pouvais pas y croire, le professeur venait, en l'espace de deux phrases à peine, de nous dire que nous étions immortels et que mes « parents » ne se souvenaient plus de moi. Cette nouvelle n'avait pas un si mauvais goût pour ma part mais je vis Nora fondre en larmes à mes côtés. Elle aimait tant ses parents, elle aimait tant sa sœur, sa tante, elle aimait tant sa vie et là, d'un coup, plus rien. C'était en effet difficile à entendre et à croire. Le bruit de fond réapparut, plein d'entre nous explosèrent en sanglots, d'autre essayaient d'appeler leur famille puis, ensuite, pleuraient. Voilà qui confirmait ce que le professeur venait de dire. Mais comment tout cela pouvait-t-il être réel ? Nous ne vieillirions plus, nous ne tomberions plus malades, tout cela au prix d'une famille et sans notre accord... J'étais si embrumée, tant de choses se produisaient en si peu de temps que ma tête ne suivait plus la cadence, je ne ressentais aucune émotion, comme si le vase était plein et que l'eau, à présent, ne faisait que couler sur les côtés. J'étais là, placide, froide, je ne réalisais pas je ne voulais peut-être pas réaliser. Après ces quelques instants, le professeur reprit la parole et enchaîna sur un autre aspect des étimes : ils n'étaient pas simplement immortels, ils détenaient un ou plusieurs dons que chacun d'entre nous découvririons et apprendrions à maîtriser au cours de notre année scolaire. C'était de mieux en mieux ! Un don a présent ! Qu'allaient-ils encore nous trouver ? Néanmoins, cette nouvelle sécha les larmes de Nora . L'homme continua de vive voix en disant qu'à présent, chaque élève procéderait séparément à un examen qui définirait dans quel classe nous serions placés ; chaque classe possédait ses distinctions : les S, nommés les supérieurs étaient des être puissants qui comptaient parmi leurs rangs les transformation intégrales, les loups les vampires ; nous trouvions ensuite les E, les élémentaires, comme les mages, les chamans, les sorciers, les êtres capables de manier les quatre éléments ; ensuite, une variante des E, on les appelait les ES sinon nommés élémentaires spéciaux, eux, n'ayant pas un, mais plusieurs dons qui pouvaient puiser dans n'importe quelles classes, malheureusement pour ces personnes, certains d'entre eux ne trouvent ou ne parviennent jamais à contrôler tous leurs dons ; et pour finir, nous avons les L, le limini, ici, il y a les fées, les elfes de maison, les traducteurs, les murmureurs, les animaliers.
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Pouvoir
General FictionUne jeune adolescente entame une nouvelle vie qui risque de la déchirer et si le mal était bon si tous n'était que mascarade