Un examen de vie

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Après que le monologue du professeur fût terminé, un grand homme brun vêtu d'une blouse d'infirmier se mit à appeler un élève. Celui-ci se leva, le visage paniqué comme un lapin apeuré devant les phares d'une voiture qui roule bien trop vite pour lui. Nous avions tous un peu cette tête-là d'ailleurs. L'infirmier avança alors dans une petite pièce qui était jointe à l'endroit où nous nous trouvions pour lui faire passer le test. Cela ne dura que quelques minutes car il vint rapidement s'époumoner à crier un nouveau nom. Il donnait les prénoms dans un ordre alphabétique, j'allais attendre longtemps, mais durant ce temps, je discutais avec Nora de ce qu'il venait de se produire. J'en parlais avec détachement comme je n'y croyais pas encore, je ne réalisais pas et je vis que Nora non plus. Cette histoire était totalement absurde... Comment ce lycée qui avait l'allure d'un établissement prestigieux pouvait faire subir cela à ses élèves ? J'avais essayé de tourner la situation dans tous les sens et en fin de compte, tout ce qu'il venait de nous être dit semblait plausible, sinon comment expliquer que nous soyons encore en vie après nous être faits « tuer ». Nora et moi nous sommes mises à discuter de la classe que nous aimerions intégrer. Nora, elle, voulait se retrouver en S, elle fantasmait à l'idée de pouvoir devenir un vampire ou un loup, comme dans tous ces films à l'eau de rose qu'elle adorait regarder ; alors que moi, je ne souhaitais pas intégrer de classe en particulier, je voulais simplement aller dans la même que celle de Nora. L'infirmier appela dans le brouhaha de la salle « Dastal Nora ». Alors, elle se leva. On voyait dans son regard si vif habituellement qu'elle n'était pas sereine. Une fois devant la porte de l'infirmerie, elle me lança un dernier regard accompagné d'un sourire forcé. Puis, elle entra dans la pièce qui allait déterminer son futur. Le sentiment d'angoisse revint me tordre le ventre. L'esprit d'un sentiment pesant horriblement lourd qui faisait gonfler des centaine de larmes au creux de ma gorge. Je voyais tous les élèves défiler sans jamais être appelée. Je me demandais en quelle classe Nora avait été prise, j'espérais qu'elle allait dans la classe de son choix. Alors que j'étais perdue dans mes pensées, j'entendis mon prénom. Dans la salle, nous n'étions plus qu'une dizaine. L'angoisse laissa vite place à un vif stress qui faisait cogner mon cœur jusque dans mon crâne.

Je découvris alors une toute petite salle qui baignait dans la lumière. On y trouvait deux bureaux de bois l'un en face de l'autre. L'infirmier me demanda gentiment de m'asseoir. Il allait me faire passer le test, il m'expliqua d'une voix très basse et posée qu'il ne s'agissait que d'un simple QCM qui comportait très peu de questions. Il m'expliqua également qu'il fallait y répondre avec le plus d'honnêteté possible, qu'il n'y avait pas de mauvaise réponse. Il posa alors la petite feuille sur ma table ainsi qu'un crayon à papier. Il n'y avait que six questions. En à peine quelque minutes, j'avais fini et je lui rendis la feuille en tremblant. Il lisait mes réponse les sourcils froncés, comme étonné de celles-ci. J'avais peut-être mal compris les questions ? L'infirmier leva alors la tête vers moi et hésita quelques secondes avant de prononcer : « Vous partez en ES ».

Il m'expliqua donc dans quelle classe il fallait que je me rende. En y allant, je me demandais si Nora se trouvait en ES aussi : cette classe où les personnes détenaient plusieurs dons. Bien sûr, comme si ça ne suffisait pas d'être immortel et de n'avoir qu'un seul don ? Non, il fallait en plus que je tombe dans la seule classe où il y en avait plusieurs !

J'arrivai devant la porte que l'infirmier m'avait indiquée mais je restais figée quelques instants, comme si cette porte était magnifique. Une multitude de possibilités s'offrait à notre imagination tant que nous ne l'avions pas encore ouverte, mais lorsque celle si s'ouvrait, tout espoir d'un monde meilleur s'envolait pour laisser place à la grise réalité. Je pris alors une profonde inspiration pour frapper à la porte. Le professeur vint m'ouvrir. Une fois cette porte ouverte, mon corps fut soudain parcouru par une immense vague de crispation. Je cherchais Nora du regard, place par place, mais rien : elle n'était pas là. Une très grande déception pesa immédiatement sur ma gorge. J'espérais néanmoins pour elle qu'elle avait réussi à aller en S. Le professeur ne m'indiqua pas de place alors je pris place au fond, sur une table vide, près de la fenêtre. La classe n'était faite que de tables individuelles très espacées les unes des autres. Celles-ci étaient en bois avec de beaux motif sculptés sur les bords : rien à voir avec mes anciennes tables de cours. Un grand tableau noir trônait sur l'un des murs, avec quelques craies sur le rebord encore propre grâce à l'été passé. Nous étions à peine une dizaine.

Le professeur, un homme d'âge mûr, aux cheveux poivre et sel et au regard noir, s'installa à sa place et m'interrogea sur mon nom. J'ai alors dis d'une voix tremblante - je ne supportais pas de prendre la parole devant une classe entière - : « Agnia Varchar ». Il ne me posa plus d'autres questions et ce fut un soulagement pour moi. Il enchaîna alors, sans attendre la fin des tests des quelques personnes qu'il restait, en nous expliquant qu'il serait notre professeur principal. Cet homme avait une grande prestance mais surtout une grande froideur dans sa manière de nous parler. L'atmosphère était si tendue et remplie de gêne ! Il nous dit aussi que chaque classe quelle qu'elle soit serait composée de binômes ou trios mixtes pour une entraide au développement des dons, grâce au point de vue différent que possèdent les hommes et les femmes ; ainsi, nous progresserions plus vite. Ils seraient aussi formés pour nous protéger mutuellement, entre étimes. Et évidemment, ce serait aussi pour ne pas laisser quelqu'un seul dans ce départ de nouvelle vie qui pourrait en chambouler plus d'un. Ces binômes seraient créés après le repas. Le professeur enchaîna sont speech de début d'année avec les clubs mis à notre disposition. Chaque élève devrait en intégrer trois au minimum, dont un en commun ave leur binôme. Ce lycée avait un très vaste choix de clubs qui nous seraient tous donné après le repas également. Par la suite, il nous parla de notre emploi du temps : il ne serait valable que la semaine prochaine car chaque année, le lycée organise une semaine d'intégration banalisée pour tous les nouveaux arrivés, pour que tous les élèves se familiarisent avec les lieux et entre eux. Il continua sur sa lancée en déblatérant sur une montagne de choses sans importance. Puis, une sonnerie se fit entendre : la sonnerie tant attendue de mon cher estomac, la sonnerie du repas. Toute la classe, encore mal à l'aise, sortit doucement et dans un immense silence.

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