La nuit couvrait toujours le ciel de son manteau sombre et oppressant. Le jeune enfant trouvait pourtant que le ciel était particulièrement beau ce soir là. Lentement bercé par la démarche de cet fille, aussi inconnue pour lui que familière pour son ami, il ne dormais que d'un œil . « Familière » était le mots juste, car leurs liens de parenté semblait évident. Non seulement par leurs physiques, mais aussi par leurs odeurs car Gryfenfer pouvait y déceler des senteurs communes.
Bien que somnolent, il se surprit à écouter attentivement leur conversation.
« Tu pourrait pas aller moins vite ? » Grogna Samaël
« Dis-donc t'es gonflé ! » répondit une voix féminine « Je porte une charge plus lourde que la tienne et tu arrive quand même à être à la traîne » Puis elle ajouta en riant « Plus vite limace ! »
Le jaguarian ria intérieurement. Connaissant le caractère de son ami, cette remarque le vexerait à coup sure.
Le petit groupe s'arrêta quand l'horizon commença à s'éclaircir. Une tente de fortune fut vite montée et après s'être partagés un maigre repas, les plus ages purent enfin se reposer. D'après ce que Gryfenfer avait compris, ils marchaient de nuit pour éviter d'avoir à marcher de jour sous la chaleur infernal du désert.
Il profita du sommeil d'Anja pour l'observer un peu plus. Elle était jolie, avec des lèvres fines et délicates. Sa longue chevelure était attachée en queue-de-cheval haute, par une petite corde, et à sa brillance on pouvait deviner qu'elle en prenait soin. Comme elle paraissait apaisée. Son visage semblait immaculé de craintes, vide de pensées néfastes comme la vengeance, ou la haine.
Elle n'avait pas connus les arènes, elle n'avait pas connus l'esclavage, elle n'avait pas connus la frustration de se battre pour la chose essentiel qu'était la liberté. Cela se lisait sur son visage, dans son regard, et même dans tout ce qu'elle faisait, ses geste, son humeur joyeuse. Rien que pour cela, Gryfenfer ne l'aimait pas. Elle semblait venir d'un tout autre univers, un univers qui leurs étaient interdit, à lui et à Samaël. Rien que pour cela, il n'arrivai pas à l'apprécier, il ne se sentait même pas reconnaissant de l'avoir libéré, que dire de plus ?
Samaël profitai d'un sommeil sans rêve, ça lui faisait du bien. Car quand son esprit vagabondait pendant qu'il dormais, ce n'était jamais pour se reposer dans doux rêve paisible, non, ce n'était que pour s'enfermer dans un monde froid et hostile, un endroit où toutes ses plus profonde peurs se mélangeaient et ne formaient qu'une.
Il se souvenait d'une fois où il avait rêver qu'il se retrouvait enchaîné au sol de l'arène, autour de lui, tout les monslaves qu'il avait un jour affronté profitaient de son immobilité pour se venger de leurs défaites. L'enchaîné se voyait roué de coups, griffé, mordu, et, comme spectateur, la foule hilare de ce spectacle. Il voyait aussi dans le publique, son maître avec accroché à son bras, sa sœur aussi rieuse que le reste des spectateurs. Comme à chaque fois, il s'était réveillé en hurlant et trempé de sueur. Comme à chaque fois, sa sœur venait à ses cotés et le rassurait. Comme à chaque fois, il se sentait honteux, faible, et pathétique.
« Pssst »
Son réveille fut interrompu par l'appel frénétique de son ami, qui lui ne dormait pas.
« Sam' ! Tu dors ? »
« Plus maintenant ... » soupira-t-il. D'un coup, il se souvint de l'habitude que lui et son ami roux avait de discuter le soir. Le plus souvent bien malgré lui. il se redressa pour regarder l'enfant, qui l'imita aussitôt « Qu'est-ce qu'il y a ? »
« Je ... » il bailla « Ouaaah ... je ne t'ai pas encore remercier de m'avoir sauvé, alors, merci »
L'adolescent haussa les sourcils
« Et c'est pour ça que tu m'as réveillé ?» Il se frotta les yeux, surprit « Gryfenfer ... c'est normal que je sois venus te chercher, j'allais pas te laisser dans cet enfer alors que j'avais l'occasion de t'en sortir »
« Peut-être »Dit-il, « Mais tu aurai bien pu partir sans moi, et, avec elle » Il désigna la jeune fille qui dormais à cotés de lui d'un regard
« ''Elle'' S'appelle Anja, et, elle est ma sœur » Il se frotta le haut de son crâne « ouah ... ça fait drôle de le dire à voix haute »
Il n'avait jamais eut l'occasion de le dire à quelqu'un, ces mots lui paraissait étranges quand ils sortaient de sa bouche, comme si il n'était pas censé en sortir
« Mmm ... » En toute réponse, le roux fit la moue, puis se retourna en marmonnant « Bon bah moi je me rendors »
« T'es sérieux ?! » ria-t-il « C'est quand même toi qui m'as réveillé ! »
Soudains, quelque chose le perturba dans l'expression de son ami. Il ne saurait la décrire, il ne l'avait pas vu aussi ... inquiet ? Mais inquiet pour quelle raison ? Quand l'évidence lui traversa l'esprit, il se senti bête de ne pas y avoir penser plus tôt. Pour rassurer son ami, il lui caressa maladroitement la tête. Celui-ci tourna la tête surprit par ce geste de tendresse que Samaël n'avait jamais fait auparavant.
« Gryfenfer ... je comprend ce qui te tracasse, et croit-moi si je te dis que cette situation me perturbe autant que toi »
L'enfant se redressa
« c'est vrai ? » Une lueur d'espoir s'alluma en lui, il n'était donc pas le seul à s'inquiéter sur la présence de cette fille
« Mais, oui ... moi aussi l'idée de pouvoir découvrir d'autres horizons me paraît difficile à imaginer »
Déçut, il comprit mieux sa réaction. Ils ne parlaient pas de la même chose. Le problème abordé n'était pas le même.
« Tu verra » poursuivit son ami « On s'y ferra, et puis, Anja connaît bien le monde, elle nous montrera, elle nous apprendra tout ce qu'on ne sait pas, tout ira bien ! » Un grand sourire barrait maintenant son visage.
Cette fois complètement déprimé, il s'allongea et voulut dormir
« Gryfenfer, je te le promet, il ne peut plus rien nous arriver, on ensemble maintenant, tout ira bien ! »
« Oui » Le jaguarian, entendit son ami s'allonger à son tour pour dormir « on est ensemble tout ira bien »
Il n'en pensait pas un mots
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Les fugitifs
FanfictionComment jouir d'une liberté nouvelle quand on a été habitué à une vie de servitude ? (je ne fait qu'emprunter quelques personnages et décors de l'univers des "Légendaires" de Patrick Sobral)