Le prix de la liberté

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Anja se tenait face à lui droite, fière, et furieuse contre cet homme. Elle ne le connaissait pas, elle ne l'avait déjà vue qu'une seule fois : pendant le combat de son frère. Où elle l'avait rencontré. Mais depuis ce jour, et avec les nombreux récits que Samaël avait fait de lui, elle le haïssait comme elle n'avait jamais haït personne, à part son père peut-être.

L'entraîneur lui faisait face de toute sa hauteur, et sans qu'il ne puisse faire un geste. Il se retrouva le ventre ouvert par la lame organique sortant du bras gauche de la jeune fille, identiques à celles de Samaël. Le puissant Menthos tomba au sol en étouffant un juron. Il plaqua sa main sur la longue coupure afin de stopper la perte de sang, et de maintenir ses organes à l'intérieur. Peine perdudes litres de sang peignaient maintenant le sol et les barreaux des cellules adjacentes offrant un macabre tableau . Les deux jeunes garçons avaient assistés à la scène, aucuns des deux n'avait osé bouger.

Gryfenfer tremblait de tout son corps. Bien évidement ce n'était pas la première fois qu'il voyait quelqu'un se faire tuer. Il avait vue son ami ... son frère se faire transpercer par un horrible tentacule, il avait vu des membres découpés, des corps brûlés, il avait faillit mourir broyé. Alors pourquoi cette vision de son maître le ventre ouvert et avec son sang formant une marre autour de lui lui causait autant de mal être ? L'odeur du sang ? Ou la fatigue des derniers jours peut-être ? Dieux ce qu'il donnerai pour un lit, ou même pouvoir s'allonger au sol et fermer les yeux, justes quelques minutes. Dormir, il avait tellement sommeil. Il ignorait comment il avait pus venir du terrain d'entraînement jusqu'ici sans tomber de fatigue. Ses membres pesaient lourds, et ses yeux lui piquaient atrocement. Il eut un sursaut quand son maître se tourna dans sa direction.

Sa bouche n'était plus qu'un amas de sang, il en crachait des jets à chaque toux. Les yeux exorbités. Comme si ce liquide indispensable à sa survie décidait de partir, lasser pas les vices que cet homme avait commis tout au long de sa vie. Il tentait de prononcer misérablement quelques mots. Des excuses envers ces deux pauvres enfants pour les avoir traité comme des moins que rien ? Une injure vers cette garce qui l'a tué ? Lui même n'en savait rien.

Cet homme était l'un des entraîneurs de monslaves les plus respectés. Lui qui n'était parti de rien, qui avait du faire des alliances, comploter et sortir les griffes quand cela était nécessaire pour gravir petit à petit les échelons, il allait mourir de la même manière qu'il était né. Sur le sol froid et humide d'une prison.

Anja observai son œuvre, inexpressive.

« POURQUOI AS-TU FAIT ÇA ?! » lui hurla son frère

« Il nous as vu » soupira-t-elle « il ne pouvait pas rester en vie, Il risquai de ... »

« NON !! » L'interrompis Samaël « Je ... on aurait pus trouver une autre solution »

« Sam' »

« un arrangement peut-être !Je sais pas ... »

« SAM' !! » Anja saisit son frère par les épaules et le força à la regarder. Elle poursuivit :

« Petit frère je n'ai pas fait d'arrangements car c'était inutile. Cet homme t'aurai enfermé et re-fait de toi un monslave sans parler de ce qu'il m'aurait fait à moi »

Samaël tenta de reprendre ses esprits et chassa rapidement de ses pensées cette dernière idée soulevée par sa sœur. À cet instant, Anja compris une chose. Elle comprit que son frère était attaché affectivement à son maître. Cet homme avait construit un lien puissant entre lui et son esclave. L'univers de Samaël était centré sur cet homme, au point qu'il était persuadé que celui-ci n'aurait pas lieux d'être sans Menthos. Et Samaël s'était persuadé au fil des années d'avoir de l'importance au yeux de son maître, d'être autre chose qu'un simple esclave, peut-être comme un fils affectif. Maintenant qu'il était face à l'évidence tout son univers s'effondrait sous ses pieds. Anja passa sa main sur le dos de son frère, elle le caressa doucement, lui murmurant des paroles rassurantes. Elle savait comment le calmer, elle l'avait fait alors qu'il était dans des états bien pire que celui-ci.

Samaël se força à reprendre ses esprits puis se tourna vers Gryfenfer. Celui-ci s'était laissé tomber sur le sol et enroulai nerveusement une mèche de sa crinière rousse autour de son index, son regard cerné dans le vide.

« Gryfenfer ? »

La voix de son ami le fit sursauter.

« On y va » dit Samaël en le relevant.

Il en profita pour lui retirer ses chaînes qui avaient formé des traces écarlates autour de ses chevilles et de ses poignets

« Prend-le sur ton dos » conseilla Anja « Dans son état il ne pourra pas aller très loin tout seul » Samaël s'exécuta et présenta son dos au petit jaguarian. Celui-ci agrippa les épaules de l'adolescent et se laissa soulever les jambes par les bras de son ami. Anja cacha alors le jaguarian en le recouvrant d'une cape noir.

« Allons-y » ordonna Anja, et le groupe quitta le corps sans vie de l'entraîneur puis s'enfonça dans les couloirs sombre du bâtiment.

La nouvelle de la mort du seigneur Menthos était passer étonnement rapidement. Les premières hypothèses sur son assassin fusaient déjà « Un rival jaloux » disait l'un « Une bagarre qui aurai mal tourné » disait un autre. Mais étrangement, personne ne s'intéressa à la disparition de son dernier monslave. Personne ne fit non-plus attention à deux silhouettes en-capées quittant la ville en direction du désert.

Ils parcoururent un bon kilomètre pour s'arrêter finalement au pieds d'une dune de sable. Le plus grand en taille retira sa capuche, et la jeune fille soupira en détachant ses cheveux bleus. Le plus petit se redressa et laissa tomber la bosse qui le forçait à se tenir penché. Il souffla une mèche du même bleu que sa compagne qui lui barrait la vue. La « bosse » se dévêtit de l'encombrante cape et se frotta les yeux. Sa fourrure rousse aurait presque put se confondre dans le sable orangé du désert. La jeune fille sorti une carte de sa besace et se mit à observer le ciel. Samaël s'accroupit et posa sa main sur la tête du jaguarian

« Ça va ?Tu tient le coup ? » Il regretta aussitôt sa question quand il vit les cernes de son ami.

Évidement qu'il ne va pas bien ! Il est sans doute plus de minuit et il n'avait fermé l'œil depuis au moins six heure ce matin ! Sans parler de la journée de dure labeur qu'il venait de passer. Cet enfant avait besoin de dormir.

« Où est-ce qu'on va ? » Lui demanda Gryfenfer.

Anja arriva à ce moment là sa carte à la main

« Nous partons en direction de Sabledoray » Expliqua-t-elle « Nous prendrons ensuite le bateaux à l'aide d'un ami à moi. Ensuite une fois arrivé sur les terres du royaume d'Orchidia nous pourrons : soit prendre un autre bateau pour suivre une rivière qui nous conduira directement dans mon village. Soit passer par les terres, mais à pied. Tu as une préférence ? »

Le jaguarian se frotta un œil en marmonnant

« J'préfèrerai prendre deux fois le bateau. Ce sera plus rapide je crois, non ? »

Anja sourit et replia sa carte. Elle était un peu déçut par la réponse. elle aurait voulu repasser par les terres, revoir ses amis, leurs présenter son frère, elle leurs avait tellement parlé de lui.. Mais au fond, elle comprenait qu'avec toutes ses émotions, le jeune enfant ne demande qu'un peu de stabilité. Elle confia les vivres et la carte à son frère et pris Gryfenfer sur le dos, il put enfin s'endormir. Le groupe atypique pris la direction du nord. Anja et le petit en tête, et Samaël en dernier.

S'éloignant d'Eisleymos, et laissant derrière lui une vie de misère et de soumission, Samaël avança vers l'inconnu, futur incertains et qui se montrera sans doute dure. Mais il s'en moquai. Depuis tout petit, il espérait ce jour : Il pouvait enfin se dire ces mots. Il avait envie de les hurler. Qu'Alyzia entière le sache. Ces mots lui gonflait la gorge. Il se sentait léger, si léger. Enfin il pouvait se dire : « Je suis libre »

Les fugitifsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant