Chapitre 2

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Je la voyais me détailler avec intérêt, peut-être un peu surprise par mon apparence, avant de me sourire. Elle était adorable, et, immédiatement, je me sentais à l'aise avec elle. Il y a quelques gens, comme ça, avec qui ça arrive, et ce n'était pas pour me déplaire. Ouais, immédiatement, j'avais senti qu'on s'entendrait bien, elle et moi.

« Le morceau t'a plu ?

- Bien sûr ! C'était juste génial... Tu joues super bien, à croire que t'as fait ça toute ta vie. »

Elle riait un peu, ses boucles dansaient autour de son visage.

« Et bien, on peut dire que c'est le cas... Tu voudrais que je joue un morceau particulier ? »

Je ne réfléchissais qu'un court instant. J'avais l'habitude, à la longue, de trouver le bon morceau, qui me plaise et qui soit suffisamment connu pour ne pas laisser le pianiste dans l'embarras.

« Imagine, de John Lennon. Tu saurais le jouer ? »

« Bien sûr. »

Elle détournait son regard, à nouveau concentrée sur les touches, qu'elle effleurait à nouveau du bout des doigts. Les notes s'enchaînaient, répétant cette mélodie que je connaissais par cœur. Et, emporté par le chant délicat du piano, je décidais d'y mêler ma voix.

Je voyais bien la surprise de la pianiste, en entendant le son de ma voix. Peut-être n'avait-elle pas l'habitude qu'on l'accompagne ? Dans tous les cas, ça ne semblait pas la déranger, car je voyais un petit sourire se dessiner sur ses lèvres, tandis que ses yeux courait toujours en suivant les mouvements de ses doigts. Et, peu à peu, la foule au tour se taisait un peu, et la musique se détachait distinctement du brouhaha. Cela m'intimidait un peu, je devais l'admettre : je n'aimais pas spécialement ma voix, que je trouvais trop grave, pas assez propre au chant. Mais je me laissait aller au rythme lent du piano, oubliant peu à peu les regards braqués sur nous deux. A la fin du morceau s'enchaînait un autre, et je chantais encore, connaissant les paroles ou en improvisant certaines, jusqu'à ce que la pianiste s'arrête bien plus tard, souriant au milieu des applaudissements alentours.

« Wow... Tu chantes magnifiquement bien... »

- Il faut dire que j'étais bien accompagnée ! Ça m'a complètement transporté, au point de... »

Je levais les yeux au panneau d'affichage des bus, voyant l'heure. Et merde.

« ... Au point d'oublier mon train. Et de le rater. Quelle idiote ! »

Je la voyais hausser les sourcils derrière ses lunettes, avant d'exploser de rire, amusée. Elle se levait, attrapait sa sacoche en cuir qui reposait sur le côté, me regardait.

« Je te paye un café, en attendant le prochain ? Pour me faire pardonner, allez. »

« Et bien, pas de refus ! »

Je riais un peu. Mon prochain train n'étais que dans une heure, désormais, donc autant en profiter un peu. Surtout que j'étais assez curieuse concernant cette jeune fille, et que je n'aurais pas voulu filer comme ça, sans au moins connaître son nom. On allait s'asseoir au café de la gare, un peu à l'abri des gens qui passait, après avoir passé commande : moi, un thé, et elle, un cappuccino, qui faisait apparaître un peu de buée sur ses lunettes.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 25, 2017 ⏰

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Un piano à la gareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant