Chapitre huitième

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30 minutes avant :

Mes mains avaient amorti la majeure partie de la chute mais celles-ci saignaient à leur tour. De légers picotements à cet endroit-là me le firent savoir. Je me relevais en un quart de tour et examinais l'objet de cette perte de temps. C'était un soulier mais pas n'importe lequel. Je l'avais déjà vue auparavant, trop vue même. Il s'agissait de la chaussure de Coraline. Elle était passée par là et si ses pieds avaient souillé ce chemin, ceux de Joshua également ! J'avais retrouvé leurs traces ! Je n'étais sans doute plus très loin. Ils avaient donc toujours été dans le parc depuis ce temps.

Une chose était sûre, si je venais à les retrouver avant de rentrer chez moi, ils passeraient un mauvais quart d'heure. Tout comme j'en avais passé un depuis leur absence. Je décidais de ne pas m'attarder plus longtemps sur ce détail, pris la chaussure, et reprit ma route. Je n'étais pas sûre qu'avec une petite sandalette je parviendrais à me défendre en cas de nouveau danger mais c'était déjà quelque chose. Je n'étais plus complètement démunie.

À cet instant j'essayais de relativiser. J'espérais vraiment que ceci ne soit pas une mauvaise blague. Je continuais tout droit pendant quinze bons mètres et tournais à nouveau sur la droite. Cette fête foraine portait bien son nom, elle était vraiment immense. Encore une fois, je trouvais une chaussure par terre. La deuxième de mon amie et la jumelle de celle que je tenais dans ma main. Me prenaient-ils pour le petit  Poucet ? Devais-je les retrouver en suivant leurs affaires ?

J'étais sidérée. Tout ceci n'était qu'un jeu pour eux. Depuis le début ils avaient prévu de me faire subir tout cela. Je n'avais même plus envie de les retrouver. Mais je le devais. Je rentrerais moins stressée à la maison en les sachant dans un endroit que j'avais vu. Je ramassais également l'objet et suivis ma route comme je l'avais mémorisé. J'avais la grande chance de posséder une mémoire visuelle ce qui m'aidait dans de nombreux cas, comme celui-ci par exemple.

Je passais comme prévu devant la grande roue et tournais une dernière fois à gauche. J'étais au bord du malaise. Aucune horreur n'était venue perturber mon trajet mais une énorme boule avait germé à l'intérieur de mon ventre. Jamais je n'avais été confronté à autant de pression. Si je survivais, j'espérais ne plus jamais revivre ce genre de chose. Il ne me restait plus que quelques mètres pour me rendre au palais des miroirs.

Je ne fus pas étonnée de trouver d'autre objet leur appartenant menant directement dans cette direction. Ce qui me surpris en revanche, est qu'il s'agissait de vêtements tels qu'une robe ou encore un t-shirt. Et je savais qu'il s'agissait des leurs. Qu'avaient-ils d'autre en tête ? Je ne voulais pas tomber sur quelque chose qui me traumatiserait à vie. Joshua et Coraline couchaient-ils ensemble ?

Je mettais plusieurs fois posée cette question mais cela me semblait si improbable. Nous n'étions plus au XVIIème siècle. Les frères et sœurs n'étaient plus obligés de se marier et de fonder une famille ensemble. Je n’insinuais pas que les jumeaux faisaient la même chose mais si plus de la fraternité régnait entre eux ? La plupart des photos qu'ils m'envoyaient le matin contenaient beaucoup de chair et j'avais toujours l'impression que ceux-ci ne portaient rien en réalité. Se pouvait-il que mes amis soient friands de ce genre de pratique entre frère et sœur ? Voulaient-ils que je les rejoins pour une partie de jambe en l'air ?

Comme à mon habitude, j'espérais qu'ils se fichaient de moi. Je ne voulais en aucun cas participer à ce genre de chose. Je ne pensais pas que ce genre d'information sur mes amis changerait mon point de vue à leur sujet mais nous serions probablement moins proches. Avec leur jeu de ce soir plus sans doute ça, je n'aurais aucune raison de pardonner. Pourtant, je voulais leur pardonné. Je me sentais redevable envers eux.

Je n'aurais sans doute jamais pu sortir de ma dépression sans eux. Je verrais bien ce qu'ils me réservaient. J'étais enfin arrivée à l'entrée de l'attraction. Je pris une grande inspiration même si cela était surfait et pénétrait enfin dans le lieu que je cherchais depuis une éternité. Je fus éblouie par une intense lumière blanche. À peine avais-je déposé un pied sur le sol que celui-ci rencontra déjà un obstacle. Un immense miroir me barrait la route.

Midnight [TERMINÉE] ( MIDNIGHT ANTHOLOGY)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant