Italie, Rome - Mardi 27 janvier 1974
- Résidence de Ferro PiémontAdam Burlin
11:00 Lettre - Retour - Départ
------------------------------------------------------------------------------------------
Ma chere mère, j'ai été assez triste et confus d'apprendre que la crise qui touche en ce moment l'Angleterre vous a mis dans une telle situation financière qu'il est resté de votre sort de vendre la résidence Belmont, et plus triste encore, à ce traitre de Carl Bolton. J'ai aussi appris figurez-vous, un peu par hasard, votre romantique escapade dans le nord dans les propriétés de Barthol Berlinski, qui je suppose, a cru naturellement bon de vous séduire lorsque monsieur vôtre fils avait les yeux posés ailleurs. Cet hiver a dû vous paraître bien court en fin de compte. Moi qui craignais pour vous de vous retrouver morte d'ennuie. Vous noterez ici l'ironie que je peine à cacher et mon profond agacement de vous savoir au côté d'un homme avide, ambitieux et pleines de sombres magouilles. J'en viens à penser que j'aurais mieux fait de retarder un peu mon échéance en Italie, ainsi peut-être ce qui arrive est de ma faute. Ma foi mes regrets arrivent un peu tard, je consentant. Mais nous en rediscuterons.
En ce qui me concerne, puisqu'il faut bien y venir, mon séjour de courte durée à Rome, dans la pension Ferro Piémont a été bien plus long que je ne vous ai laissé le croire à mon départ. Depuis notre dernière correspondance où l'on s'est quitté froidement, l'hiver est si vite arrivé, et je vous ai pardonné. Il m'était impossible de laisser ces deux ans de silence partagé endommager le profond respect que je vous garde malgré ce que je vous reproche. Croyez-moi lorsque je vous dis que l'Italie m'a changé. Je ne suis plus le même qu'autrefois. La colère qui m'habitais à cette époque et que je traînais sans cesse derrière moi m'a quitté. Le souvenir de mon père disparu a cessé lui aussi de me hanter tous les soirs, je me suis résigné à demeurer toute ma vie au statut d'ignorant sur cette affaire.
Une part de mon infantilité demeure encore toutefois, mais je l'abandonne petit à petit pour me tourner vers l'homme en devenir que je serais un jour. Je me considère comme le phénix qui renaît de ces cendres. J'aime me comparer à cette créature mythologique, elle est le parfait exemple de cette transformation que je vis loin de vos tendres yeux. M'éloigner de vous et de cette Angleterre que je maudissais secrètement m'a fait le plus grand bien. Je le reconnais, j'ai longtemps haïe ce petit pays situé entre l'écosse et l'Irlande en ce qu'elle me rappelais toujours la tragédie qui frappa notre famille.
Ce pays que vous chérissez tant m'empêchait moi d'avancer, de voir au delà de ce qui nous arrivait, aussi bien pour la disparition de mon père que pour la personne en qui je me transformais. Mais vous pensez bien que le paysage vert et pluvieux de l'Angleterre me manque quand même un peu. Comment en serait-il autrement puisque c'est cela que j'ai côtoyé durant mon enfance et mon adolescence dans la petite chambre que je louais à Père Walter. Mais L'automne ici est comme une bouffée d'air frais, les couleurs se heurtent, se mélangent et se fondent dans l'apaisant décor de Rome, aussi j'espère que vous ne m'en tiendrait pas rigueur à mon retour si j'ai préféré rester là où mon coeur se sentait plus en liberté. En tout cas je puis vous le dire aujourd'hui, l'herbe n'est plus aussi verte qu'à mon arrivée, et je crois avoir appris suffisamment à Rome. C'est ainsi que je vous annonce mon retour. Je compte sur l'amour que vous me portiez, et que vous me portez sans doute encore pour me pardonner de ce long silence qui a duré près de deux ans. Je vous reviendrais d'ici les grandes vacances d'été. Je vous embrasse,Votre seul et unique fils ,
Adam Burlin.
VOUS LISEZ
La Porte d'Ombre
AvventuraDans la nuit du 13 novembre, Willa, Adam et Vénusys font la cible d'une mystérieuse horde secrète. Sauvés par l'intervention miraculeuse d'un étrange personnage, les trois étudiants semblent comprendre qu'un danger plane au-dessus de leur tête. Alor...