Chapitre 7: L'inattendu

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Je me réveille, déboussolée. J'ai de la difficulté à me rappeler où je suis tellement je suis désemparée. J'ai fait un rêve, un rêve d'avant. Les faits semblent pourtant simples, mais ils m'ont complètement troublée. Jamais un souvenir d'avant ne m'avait fait autant mal, malgré le fait qu'il était anodin. Les pieds nus, je courais dans l'herbe trempée par la rosée du matin. Le ciel était d'un bleu éclatant et le soleil rayonnait de milles feux. Le vent caressait ma peau et faisait danser mes cheveux. J'étais libre et insouciante, sans aucun poids sur les épaules. C'était le premier rêve, de ma vie d'avant, que je faisais ici. Il m'a fait l'effet d'une lame dans la gorge. Un poids oppresse ma poitrine lorsque j'y repense. Il m'empêche de me calmer et encore moins de dormir. La seule chose que je trouve à faire pour l'instant, c'est de rester allonger sur le dos, les yeux fixant le plafond. C'était l'une des rares fois où je croyais vraiment pouvoir tout oublier et seulement me reposer. Je pense que cela fait depuis l'après-midi que je somnole. C'est probablement ce pourquoi je viens de me réveiller en plein milieu de la nuit.

Incapable de me rendormir, je sors de ma cabine pour me rendre à la salle de repos. Je ne prends n'y le temps de me regarder, n'y de me couvrir un peu plus. Bien que je sache que les frissons me gagneront bientôt, je reste en nuisette et pieds nus. Ça m'est bien égal d'avoir froid. Et mes cheveux, ils sont probablement semblables à des vagues et tous emmêlés. Loin d'être disciplinés. Je les sens simplement remuer sur mes épaules au rythme de mes pas.

J'ai l'impression que la pièce est à des kilomètres de ma chambre. Chaque pas ne me fait avancer que de quelques centimètres. Pourtant, je m'efforce de presser le pas, de peur que quelqu'un m'aperçoive. J'aimerais avancer plus vite, seulement, c'est tel si mon corps ne suit plus les instructions de mon cerveau. Un pas devant l'autre, machinalement.

Rendue devant la salle, finalement, les portes automatiques s'ouvrent. Je constate assez rapidement qu'elle est vide, ce qui est plutôt normal en plein milieu de la nuit. Je prends alors mon temps, entendant la porte se refermer. Qu'elles sont les chances que quelqu'un me trouve ici? Après tout, l'entièreté de l'Union doit dormir et ne sortira pas avant le matin. Tout le monde semble respecter tout, au doigt et à l'œil, littéralement. Je descends les quelques marches d'un pas lent. Toutefois, je reste sur le bas de celles-ci un instant. Après un moment, je m'approche de la table basse située dans le milieu de la pièce. Je pense, je me demande, plutôt, pourquoi j'ai décidée de venir dans la salle de repos. Je n'étais jamais sortie de ma chambre durant la nuit, mais cette fois, cela m'a semblé évident. Aucune réponse ne me vient à l'esprit. Cependant, un mélange d'émoi et d'affolement s'empare de moi. Il y a un pot de verre posé sur la petite table que je ne peux m'empêcher de fixer. Soudainement, je sens un déclic. Puis, de toutes mes forces, je le frappe afin de le faire basculer par terre d'un coup de main-forte, sans comprendre la raison de mon geste. Je ne peux comprendre pourquoi, mais les milliers de fragments de verre par terre me fige quelques instants. La faible lumière, comme celle que j'ai remarquée dans les corridors, ne fait qu'à peine étinceler les parcelles de verre.

Lorsque j'arrive à reprendre tranquillement mes esprits, j'avance par petits pas, en faisant bien attention de ne pas m'écorcher les pieds. Je m'assoie sur le bras du divan gauche, juste devant l'énorme vitre qui projette le noir ténébreux de la nuit. Telle la première fois que je l'ai vue, je suis encore hypnotisée par celle-ci. Je le fixe quelques instants avant d'éclater en sanglots. Les larmes coulent à flot et je n'arrive pas à me contenir. En aucun cas je n'avais réagis de cette ampleur depuis mon arrivée à l'Union.

Assise et dévastée, j'aperçois l'autre porte automatique s'ouvrir. Celle de gauche, où personne ne sortait jamais. Il me faut quelques secondes avant de reconnaître qui est dressé près de la porte. Néanmoins, lorsque je me rends bien compte, je cache mon visage de mes paumes. C'est Collins.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 21, 2018 ⏰

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