Chapitre 6

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Un an et demi plus tard.

L’hiver était arrivé et avec lui son vent glacial. Emmitouflée dans son long manteau, le col remonté jusqu'au menton, les mains profondément enfoncées dans ses poches, elle parcourait doucement les vastes allées recouvertes d’une robe de neige blanche, le silence emplissant l'espace d’une présence étonnante.

Au bout de quelques minutes, Jordan s’agenouilla et posa ses mains sur le marbre froid. D’un blanc impersonnel, la tombe était décorée de multiples plantes et ses yeux se fixèrent sur l’inscription, semblant se perdre dans le vide tandis que des larmes coulaient silencieusement le long de ses joues.

Elle inspira un grand coup, appréciant l'air frais avant d’essuyer ses yeux et joues humides d’un revers de manche.   

— Bonjour Mathéo, souffla-t-elle doucement.    

La gorge nouée, le cœur serré, elle sentit de chaudes larmes commencer à couler à nouveau.

— Je sais que c’est la première fois que je te rends visite. J’ai repoussé ce moment encore et encore… Je savais que ce serait dur, mais je n’imaginais pas à quel point.

Elle s’interrompit.

— Je n’ai jamais été douée pour les grands discours, toi mieux que personne le savais, sourit-elle tristement. Tu me manques Mat’, tu nous manques, tellement. C’est… c'est tellement dur. J’ai tellement de regrets, de questions que j'aurais aimé te poser, de choses que j’aurais aimé pouvoir te dire encore et encore. J'aurais voulu te serrer dans mes bras plus souvent. J'aurais… j’aurais voulu être là, j’aurais voulu essayer d'éviter ça, ne pas laisser cette saleté de voiture t'écraser.

Elle secoua la tête, les larmes roulant le long de ses joues.      

— Je t'aime, c'est fou à quel point je t’aime et à quel point tu me manques, poursuivit-elle. J'aimerais tellement te serrer contre moi, écouter ta voix, te voir sourire… Tu ne quittes pas un seul instant mes pensées, tu sais.       

Lentement, elle s'avança jusqu'au sommet de la tombe et caressa du bout des doigts, dans un geste empli d’amour, les lettres dorées de son prénom ainsi que son portrait.

— J’ai… j’ai envie de croire que tu es là quelque part, ça m'aide à supporter cette lourde et longue absence. Je ne t’oublierais jamais Mat’, tu seras toujours dans mon cœur.

Elle ferma les yeux et frissonna lorsqu'elle sentit une main se poser sur son épaule en un geste simple empli de compassion. Regagnant son calme, elle se retourna pour lui faire face et leurs regards se croisèrent, s'accrochèrent, avant qu'Emmanuelle ne finisse par baisser les yeux un instant, déroutée par la souffrance qu'elle venait de lire dans les yeux d’un noir profond. Son malaise était plus que palpable dans l'air frais de l’hiver qui les entourait, elle cherchait quoi lui dire, mais aucun mot, aucun geste ne pourrait apaiser le tourment qui brûlait sa poitrine.

La jeune policière s'agenouilla finalement à ses côtés et posa sa main sur sa joue, tendre, protectrice, essuyant les larmes qui coulaient sur sa figure. 

— Mon amour…, lui murmura-t-elle, les bras grands ouverts, son regard l’appelant.

Son cœur eut un sursaut dans sa poitrine tandis que deux bras se drapaient autour d’elle, la serrant plus près, lui offrant un confort familier et Jordan se laissa aller ses sanglots alors que des mains aimantes frottaient son dos.          

— C’est bon Jordan. Je suis là. Je te tiens, murmura Emmanuelle contre son oreille.          

Jordan blottit sa tête au creux de son cou tandis que la jeune policière lui murmurait des mots de réconfort, lui laissant savoir que tout irait mieux, qu’elle la tenait et qu’elle était à l’abri. Qu’elle ne la laisserait pas.

Regrets (GxG)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant