Chapitre 4

421 22 0
                                    

Aujourd’hui.

Une rue déserte. Il fait sombre. Un vent glacial agite les branches des arbres et les feuilles s’en détachent tandis que les premières gouttes s’écrasent sur le sol. Un craquement retentit derrière elle. Un bruit sinistre qui résonne dans sa tête comme un gong sonnant son arrêt de mort. Elle se retourne. Personne.

Son pouls s’accélère, sa gorge est sèche. Elle a l’impression que quelqu’un ou quelque chose l’épie dans la pénombre. Ses yeux se mettent à se brouiller et son cœur bat si fort que ses oreilles bourdonnent. Sa respiration s’accélère, elle marche plus vite.          

— Jordan…   

Elle s’arrête. Était-ce le vent ?         

Une présence l’entoure, elle la ressent, elle pèse sur elle. Elle n’a pas la force de crier, la terreur la cloue, immobile et les nuages bas l’oppressent. Elle ferme les yeux, pour ne pas sentir le vertige. Elle écoute le bruit du vent qui glisse sur les feuilles des arbres, ne sachant dire si ce chuchotement qu’elle entend provient d’une voix étrange et douce ou de la mélodie du vent.      

— Jordan…   

Son souffle se bloque, elle connait cette voix, sa voix… Elle ouvre les yeux et regarde alentour, elle fronce les sourcils, mais elle ne voit rien, les lampadaires sont éteints et tout n’est qu’obscurité. Il n’y a pour tout éclairage que le halo de la pleine lune.       

Des frissons traversent tout son corps et la peur l'envahit : elle sent une présence derrière elle. Un souffle dans son cou, la chaleur d’un corps. La peur au ventre, elle se retourne lentement. Les poings serrés, elle lutte contre l’envie de hurler et de s’enfuir en courant.

Elle reste interdite. Il est là, juste devant elle, tout de blanc vêtu. Il est comme dans son souvenir, ses yeux rieurs, son visage si fin, son sourire… Elle ne peut empêcher les larmes de couler tandis qu’elle caresse tendrement son visage.        

— Jordan…, murmure-t-il.  

Elle réalise soudain combien son teint est pale, ses lèvres sont bleues et ses yeux sont ternes. Sur son t-shirt, une tâche sombre se forme au niveau de sa poitrine et des larmes coulent le long de ses joues.

— Je t’aime Jordan, je t’aime…        

Jordan pose ses mains sur son torse, essayant d’arrêter l’hémorragie. La tâche s’agrandit et elle a beau palper son torse mais elle ne trouve aucune blessure, coupure, rien.     

— Non… non, pas encore… non ! Reste avec moi, je t’en prie ! Me laisse pas… pas encore…, pleure-t-elle tout en tenant fermement son visage entre ses mains.

— C’est fini Jordan, c’est fini… je t’aime…  

— Non ! Reste tu m’entends ! Reste ! Me laisse pas…

Doucement il tombe à genoux et s’allonge sur le sol. Son t-shirt est maintenant presque entièrement recouvert de sang. Jordan s’assoit à ses côtés, son visage au-dessus du sien. Elle le supplie une dernière fois au creux de son oreille, la gorge nouée, les lames coulant le long de ses joues.

— Reste, je t’en prie…          

Les minutes passent et finalement, elle relève la tête, le visage défiguré par la peine. Puis ses sourcils se froncent. Au loin, droit devant elle, se tient une silhouette blanche.      

Regrets (GxG)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant