Deuxième jour:

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J'écris aujourd'hui dans mon cahier d'anglais, puisque c'est le seul cahier qui n'est pas fini alors que nous sommes en mai, à un mois du bac. J'écris pour passer le temps, non pas parce que je m'ennuie en cours, mais parce qu'il ne me reste plus que ça à faire en attendant les secours. Je dois économiser la batterie de mon téléphone, il est donc en mode avion. Mais je l'utilise pour écrire dans ce cahier, ce qui, je pense, m'aidera à voir plus clair dans ma tête et ne pas sombrer dans la folie.

Il faut d'abord que je mette sur papier ce qui s'est passé quelques temps plus tôt.

J'étais en TP de chimie avec la moitié de ma classe, l'autre moitié étant en TP de SVT. Je me souviens, nous travaillions une dernière fois sur l'équivalence, c'est-à-dire connaître la concentration d'une solution, en la faisant réagir avec une autre dont la concentration est connue. Peut-être que j'expliquerai ça plus tard, je ne sais pas. Nous préparions la manipulation, quand nous avons entendu un grand bruit assourdissant, les murs de la classe tremblant, quelques dalles du plafonds sont tombées sur Claire et Élise. Les burettes graduées sont tombées et se sont fracassées contre le sol, répandant du nitrate d'argent partout. La prof s'est précipitée sur Claire et Élise pour vérifier que tout allait bien pour elles. Entre temps, la lumière s'est éteinte, et là, les gens ont vraiment commencé à avoir peur et se sont précipités à la porte pour partir, mais elle est restée coincée, impossible à ouvrir. Même le garçon le plus massif de la classe n'y pouvait rien. Un peu de lumière passe à travers des fenêtres, mais impossible à briser, sans qu'une avalanche de débris s'abattent sur nous. Chloé de nature fragile, a commencé à devenir toute pâle. Je revois encore ses yeux devenir vides comme si j'avais devant moi un individu dépourvu d'âme, de toute vie. J'ai vraiment cru qu'on allait la perdre. Je suis allée la voir en trébuchant, ai entourée mes bras autour de ses épaules, et, à tâtons, l'ai emmenée s'asseoir contre le mur.

La prof nous a demandé de ranger tout le matériel au plus vite pour ne pas aggraver la situation, une fois le chamboulement terminé. Nous avons tous sorti nos téléphones pour avoir un peu de lumière. Ce n'était vraiment pas simple, puisqu'il fallait tenir d'une main notre téléphone, et de l'autre ranger le plus vite possible sans rien casser. Certains ont été plus rusé qu'Alex et moi: l'un en rangeant, l'autre en éclairant. Nous faisions tous attention à ne pas trop marcher dans le nitrate d'argent et sur les débris de verre.

Une fois le matériel rangé, et le sol à peu près sec, nous nous sommes mis à attendre les instructions du professeur. L'attente fut longue, chacun essayant de ne pas céder trop tôt à la panique. La salle était silencieuse. On pouvait entendre la respiration de chacun. Le silence dura.

- Sortez vos téléphone et appelez vos parents, prévenir qu'il y a eut un accident au lycée, et que vous êtes coincés ici. Essayez de rester calme, ne les paniquez pas plus qu'il ne faut. Ajoutez que vous n'êtes pas seuls, qu'un professeur est avec vous. Je vous demanderai en revanche de ne pas prévenir le monde entier quand à l'accident. Le lycée à déjà assez de problèmes comme ça, on ne sait pas ce qu'il se passe, de nombreuses conjectures et rumeurs vont circuler sur la toile, inventant tout et n'importe quoi, vous inquiétant plus qu'autre chose. Donc, pas internet s'il-vous-plaît.

C'est ce que nous à dit la prof. C'est peut-être pas exactement les mots qu'elle a utilisé, et j'ai peut-être embelli ses propos. La seule chose dont je suis sûre, c'est qu'elle a fait preuve d'un très grand calme, et que Paul a parlé d'un ton qu'il se voulait neutre "De toute façon ça capte très mal".

Un bruit de chuchotement s'est emparé de toute la salle, et j'ai pu sentir une vague d'angoisse traverser la salle. Paul est un gars plutôt intelligent, et s'est rendu compte de ses paroles. Il s'est aussitôt exclamé que de toute façon son forfait téléphonique ne lui permettait pas d'avoir une bonne connexion internet ou de quelque réseau que ce soit. Une des filles de la classe s'est exclamée, pleine d'espoir qu'elle avait de la connexion. La classe, en effervescence s'est mise en agitation, chacun au téléphone et pestant contre leur parents qui ne répondaient pas dès la première sonnerie. J'ai appelé les miens, mais personne ne répondait. L'un en réunion sûrement très importante, et l'autre en avion pour revenir de la Russie pour une affaire qui pourrait rapporter gros.

Je me souviens avoir vu la prof se mettre à part. J'ai pu entendre quelques bribes de conversations, qui me faisait penser qu'elle appelait les secours. Déprimée, je me souviens que je me suis assise contre un mur et j'ai attendue, car il n'y avait plus que cela à faire.

Les gens ont commencé peu à peu à retrouver à la parole et les théories sur le pourquoi du comment de ce phénomène ont commencé à fuser. Certains se voulaient réalistes dans leurs récits: attentats terroristes – Mais alors pourquoi est-ce qu'il n'y a pas eu d'alerte comme au dernier PPMS ? Ou bien le lycée devenu trop vieux pour supporter tous les élèves qui le traversent en long en large et en travers. Et dans ce cas, la Région qui s'occupe des budgets de rénovation du lycée aurait dû agir avant, au lieu d'attendre que le lycée tombe en ruine littéralement. Car notre lycée attend depuis pas mal de temps des travaux de rénovations, et rien n'a été donné pour commencer les rénovations. Ah si, c'est vrai, j'ai entendu un prof disant que notre établissement a été mis sur la liste des rénovations des lycées de la région... Bon, on a juste pas de budget ni de délai, mais on est sur la liste. C'est un bon début non ?

En vrai, je pourrais critiquer des tas de choses sur mon lycée pourris, mais si je commence, je n'en finirai pas.

Je viens de penser que je n'ai pas terminé mon récit complotiste: il y a eut des récits réalistes, et d'autres plus... disons improbables, avec des illuminatis reptiliens de la zone 51 et des extraterrestres. Je pense qu'il y au eut une volonté d'alléger l'atmosphère, ce qui est extrêmement difficile puisque nous ne sommes absolument pas sûrs de ce qu'il s'est passé, et combien de temps on restera là jusqu'à ce qu'on vienne nous chercher

Il s'est déjà passé deux jours depuis l'incident. On a pas de nourriture, et la seule eau à laquelle nous ayons accès, est de l'eau distillée. Comme les stocks ne sont pas illimités, on a seulement le droit de boire une gorgée toute les deux ou trois heures. Sauf qu'avec la chaleur, ce n'est pas facile de se priver d'eau. Au début on ressentait beaucoup, la faim, mais ensuite on s'est tous habitué donc ça va mieux. Je ne vais pas m'attarder sur le sujet, car je sens mon ventre gargouiller.

Je crois que j'ai fais le tour de mes pensées, je commence à fatiguer et je dois économiser ma batterie de téléphone.

Six pieds sous terreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant