VII De la terre naquit le démon

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L’orage

Présent depuis la formation de la planète, il avait forgé ses roches, brisé des montagnes et détruit des forêts. Il avait imposé sa domination et sa peur sur le monde.

Mais pour la première fois depuis son apparition, il ne comptait pas retirer la vie, non.

Il allait la créer.

La roche volcanique Anderyenne présentait de nombreuses anomalies lorsqu’on la comparait à celles trouvées sur d’autres planètes. Elle était composée d’une pierre orange et rouge très solide, mais elle explosait parfois sans aucune raison, projetant des éclats de lave dans de multiples directions. Et une fois ressuscitée, peu de choses pouvait la stopper. Déchirant les entrailles du monde, elles pouvaient détruire de nombreuses vies avant de daigner s’arrêter.

Et bien que cette roche puisse reprendre vie en quelques secondes, elle restait anormalement froide, au toucher des doigts et de l’âme.

Elle n’avait jamais été frappée par l’orage, et les Galaids s’étaient souvent demandé quelles seraient les conséquences d’un tel évènement.

Jusqu’à cette nuit là.

Un éclair anormalement concentré en énergie frappa violemment la pierre rougeâtre. L’événement aurait pu s’avérer tout simplement étrange s’il ne s’était pas répété près d’une dizaine de fois. Autour, les animaux fuyaient, terrorisés par le comportement anormal de l’orage. Inquiétés également, plusieurs Galaids décidèrent de venir analyser la situation. Sous leurs yeux mécaniques, la lave se mit à craquer et gémir sous les impulsions électriques, luisant d’une lumière étrange. Les trois machines équipées de fusils les pointèrent vers la roche, tandis que leurs deux autres camarades activaient des lames énergétiques. Il s’agissait de bien plus que d’un simple événement météorologique. Une entité inconnue des guerriers d’acier était à l’oeuvre.

Un dernier éclair projeta des morceaux de pierre et un écran de fumée sur les Galaids. Ces derniers, légèrement désorientés, reprirent très rapidement leurs esprits. Rien ne sortait de la fumée, et leurs senseurs ne détectaient aucun être vivant, ou de mouvements.

Alors qu’ils cherchaient encore à savoir s’ils devaient demander à davantage de guerriers de venir, ou s’ils devaient simplement revenir à leur base, un projectile traversa le gaz et transperça de part en part le corps d’un des Vorthuors. Le malheureux s’effondra, ses yeux dévoilant un sentiment de souffrance mêlé à de la surprise et de la tristesse. De son armure brisée s’envolèrent plusieurs particules blanchâtre. Enragés par la mort de leur camarade, les quatre Galaids dévisagèrent l’être qui venait de les attaquer.

De la même taille que les guerriers mécaniques, il possédait également une stature similaire. Sa peau rouge fumait encore, et sa chair brûlée se recomposait rapidement. Ses deux bras musclés ne portaient aucune arme, le projectile provenait d’un appendice s’agitant dans le dos de la créature. Deux yeux noirs d’encre étaient les seuls détails visibles sur son visage, et luisaient faiblement à la lumière de la lune Anderyenne. Pas de bouche, ni de nez, comme si elle n’en avait pas besoin. Il s’agissait d’une entité d’un autre monde, que les humains auraient sans hésitation nommé “démon”. Pour les Galaids, il ne s’agissait que d’une aberration qui devait disparaître aussi vite qu’elle était apparue.

Aucune menace, aucune phrase censée impressionner l’adversaire, simplement l’attaque. Les deux sabreurs chargèrent chacun d’un côté la créature, tandis que les deux fusiliers restaient légèrement en retrait pour l’abattre à distance. Alors que les deux épées énergétique allait frapper simultanément l’organisme, celui-ci se propulsa en avant vers les Vorthuors, et frappa l’un d’entre-eux au torse, enfonçant brutalement le Prysis du Galaid dans son emplacement. Cela n’était pas mortel mais le guerrier ne pouvait pour l’instant réagir convenablement. Exactement ce que la créature désirait.

Alors qu’elle allait achever la machine d’un coup d’aiguillon, les deux Elicans frappèrent son ventre de leurs épées, et le dernier Vorthuor  déchargea la cartouche énergétique de son arme sur lui.

Au lieu de se débattre, l’aberration effectua une torsion du ventre, séparant la partie supérieure de son corps des jambes et des épées Galaids. Aussitôt en l’air, elle déchiqueta le plastron des deux Elicans d’un geste vif de sa queue. Les deux guerriers s’éteignirent soudainement, sans avoir pu porter de coup décisif à l’adversaire. Le dernier Galaid encore en vie n’en menait pas large, ses camarades avaient été mis hors de combat ou éliminés en un éclair. Pourtant il ne pouvait abandonner, pour le sacrifice de ses acolytes, et pour secourir son confrère blessés. Tout en mitraillant méthodiquement l’adversaire, il chercha du regard une des lames tombées au sol. Cela ne risquait pas de tuer la bête, il le savait. La retarder, c’est tout ce qu’il fallait. Le temps de rattraper son camarade blessé, et de revenir vers le camp. Plusieurs Galaids avaient dû être renvoyés en éclaireurs, étant donné qu’ils n’avaient pas donné de signe de vie depuis déjà longtemps. Tout ce qu’il fallait, c’était repousser l’ennemi, le blesser de telle sorte que même ses capacités de régénération ne pourraient le guérir en un instant. Ses réflexions furent stoppées quand la bête chargea dans sa direction, une lame Galaid dans chaque main. Les tirs ne purent la stopper, et encore moins la ralentir. Arrivé à quelques mètres de la machine, elle projeta les deux épées, tout en envoyant plusieurs dards provenant de son appendice. Quelques tirs firent mouche et le guerrier sentit ses jambes s’alourdir sous le poid des projectiles.

Ou est-il?

Pendant un instant équivalent à quelques millisecondes, le Galaid s’était concentré sur ses blessures plutôt que sur son adversaire. Il eu sa réponse quand il entendit plusieurs bruissements dans son dos. Le Vorthuor ne pouvait se retourner, la créature lui avait enfoncé chaque épée dans les pieds, l’immobilisant. Son camarade blessé pu apercevoir l’aiguillon de l’abomination transpercer le dernier guerrier encore debout. Lui de son côté, était totalement impuissant, à la merci de cette créature. Ses membres refusaient de bouger, les connecteurs et circuits de son corps avaient été coupés par le coup infligé quelques instants plus tôt. Le Vorthuor blessé aurait voulu faire quelque chose, envoyer un signal à ses camarades en route, pour leur dire de se replier. Il se rendit alors compte qu’il ne pouvait pas rejoindre mentalement les Galaids du camp, comme il aurait dû pouvoir le faire. Cela signifiait que quelque chose bloquait leurs communications psychiques, et que les autres machines ne sauraient rien du combat, jusqu’à ce qu’elles tombent sur la créature. Ou que la créature leur tombe dessus.

Les deux yeux de vide fixèrent intensément la machine blessée au sol. Aucun sentiment ne passaient à travers ces deux sphères noires. Le Galaid ne pouvait que les observer, en attendant la mort. La bête frappa le torse du guerrier, mais cela n’eu pas l’effet escompté. Les doigts s’étaient brisés sur l’acier à la résistance légendaire, sans laisser d’autre marque que du sang.

Il a atteint ses limites.

Si seulement il pouvait communiquer cette information à ses camarades… surtout que la créature trouverait sûrement un moyen de corriger ce défaut d’ici peu.

Pour régler son problème le monstre posa son appendice sur le torse du Galaid. L’aiguillon se divisa en quatre, afin d’attraper et d’extirper le coeur mécanique de la machine. Le dard serra jusqu'à briser le Prysis, excluant ainsi toute possibilité que le guerrier puisse survivre, malgré la destruction de son corps.

L’abomination observa les alentours. Les cinq Galaids étaient morts, mais d’autres allaient bientôt arriver. Il fallait fuir. Attrapant plusieurs cadavres mécaniques, il commença à les traîner dans sa fuite. Il stoppa lorsque l’orage frappa de nouveau à proximité. Sous les yeux sans âme de la créature s’extirpa de la roche une entité similaire. Celle-ci possédait cependant une musculature plus développée, ainsi qu’un second appendice dans le dos. Sans aucun mot, elle ramasse les cadavres que son camarade n’avait pu porter, et disparu dans les ombres.

Une fois les deux bêtes disparues, l’orage enflamma la forêt dans laquelle les Galaids commençaient à arriver en force. Bientôt il ne resta plus aucune preuve du combat qui avait eu lieu pendant la nuit.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 30, 2017 ⏰

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