V Le tueur des ombres

20 4 2
                                    

- Vous savez que nous rentrons parfaitement dans son jeu à faire ce que nous faisons?"

- Pardon?"

Steyr releva le tête vers le Major, qui essayait de réparer la prothèse de son bras droit. L'onde de choc d'une des explosions avait endommagé la structure du membre mécanique. Quand au lieutenant, elle tentait de stopper l'hémorragie d'un soldat qui avait reçu une pointe d'acier au flanc. Les gantelets de la femme se maculaient de sang et de minuscules morceaux d'acier, alors qu'elle extrayait la point tout en tenant un régénérateur dans l'autre main, afin de refermer la blessure au plus vite. Autour d'eux, les Solairens s'affairaient à réparer leurs machines, soigner leurs blessés, et enterrer leurs morts.

- Savage sait pertinemment que nous nous arrêtons un certain temps à chaque fois qu'un de ses pièges fait des morts, encore plus lorsqu'il y a des blessés. Non seulement cela nous ralentis mais nous expose aussi au risque d'une attaque surprise."

- Et vous suggérez quoi? Steyr venait de ponctuer sa phrase par l'arrachage de l'acier du torse du soldat, qui émit un hurlement guttural sous la souffrance. Aussitôt après, la plaie fut refermée grâce à l'outil que la lieutenant tenait dans son autre main, limitant le fleuve rouge qui se formait. "On ne va tout de même pas abandonner nos soldats!"

- Bien sûr que non! Mais vous devez le prendre en compte: en agissant comme l'ennemi le souhaite, nous devenons prévisibles, pire, manipulables à souhait. Et je soupçonne Savage de vouloir nous pousser jusqu'à nos derniers retranchements. Il veut voir jusqu'où nous pouvons aller pour sauver nos camarades."

Le Major soupira de dépit. Son poignet était fichu, quoiqu'il fasse. Sans hésiter, il jeta la prothèse au sol et interpela un des ingénieurs les plus proches pour en recevoir une nouvelle. Le membre d'acier s'enfonça légèrement dans la boue, mais la couleur prédominante au sol était le rouge, qui s'écoulait des blessures des soldats.

- Nous ne pouvons continuer ainsi, affirma Steyr en désignant le poignet d'acier gisant dans la terre retournée. Tout ce qui est mécanique, nous pouvons encore le réparer, voir le remplacer, mais nos hommes ne peuvent pas l'être. Avec les pertes d'aujourd'hui, nos effectifs ont été diminués de moitié depuis notre arrivée sur Anderya. Sans compter que notre nombre de blindés s'ammenuise, et que nos Riptides commencent tous à montrer de sévères signes d'endommagement."

- Je sais bien lieutenant, mais que voulez-vous faire? Traquer l'ennemi? Non évidemment... la seule chose que nous puissions faire est d'avancer, en espérant recevoir un signal de nos camarades."

- Et si ceux qui nous envoient un message sont dans une situation encore plus délicate que la notre?"

Le Major marqua un temps d'hésitation avant de répondre. Son regard se pose sur les carcasses fumantes des machines qui avaient succombées aux mines de Savage.

- Et bien... nous aviserons. Mais je refuse de mourir comme ça. Tué comme une bête ou un moyen d'amusement, sans avoir pu porter le moindre coup à l'adversaire."

Anderya Où les histoires vivent. Découvrez maintenant