Chapitre 9

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J'essaie de garder mon calme, mais rien n'y fait. Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Non. Ce n'est pas moi. C'est cette maudite fête annuelle. C'est elle. Elle qui tue tous mes amis. Lena... Oh putain, ma pauvre Lena. Qu'est ce que je vais dire à Erick ? Je prends une grande inspiration, regardant tout autour de moi. Je dois absolument les retrouver. Ensuite, je pourrai quitter cette forêt.

J'avance dans le noir le plus total. Le soleil ne se lèvera donc jamais ? Pas tant que le rituel continue. Je dois l'arrêter. Je ne peux pas les laisser continuer ainsi. Sinon, ils nous tueront tous. Sinon, les jeunes périront chaque année. Je sers l'arme à feu entre mes doigts. J'ai tué. Pourquoi ? J'aurais dû prendre mes médicaments. J'aurais dû écouter Gara.

Soudain, des bruits de pas résonnent autour de moi. Je ne veux pas me retourner. Je ne dois pas me retourner. Si je le fais, c'est la mort assurée. J'entends un souffle. Des chuchotements. Cette personne chuchote près de mon oreille. Elle me suit, je ne peux pas la semer.

- Ce n'est pas bien de veiller dans la forêt... Elle regorge de choses étranges... de personnes étranges..., me souffle la voix.

Non. Non. Non. Ce n'est pas possible. Ça ne peut pas être cet homme. Je l'ai tué. Il est mort. Je l'ai vu de mes propres yeux. Il saignait. Je l'ai tué. Non. C'est faux. Je deviens fou. C'est la seule explication. J'accélère la marche, haletant et suppliant Dieu qu'on me laisse tranquille.

- La chose est réveillée... Les Dieux vont enfin entendre nos prières et délivrer cette forêt du mal ! Chuchote la voix.

- Je ne suis pas une chose ! Je hurle.

Je me retourne. Il n'y a personne. Pourquoi n'y a-t-il personne ? Pourtant je l'ai entendu ! Il me chuchotait des paroles à l'oreille. Il me suivait. Je ne deviens pas fou. Non, je ne peux pas me le permettre. C'est la forêt. Oui, la forêt se joue de moi. Elle veut ma mort, mais je ne lui ferai pas ce plaisir. Je reprends mon souffle, essayant de me calmer. Tout va bien. Tout va très bien.

Soudain, un cri strident me vient aux oreilles. Je regarde autour de moi, cherchant la provenance du bruit. La personne crie de plus belle. Je le reconnais. C'est Lena ! Lena est en vie ! Oh, Lena ! Je cours en direction du bruit. Les branches me fouettent le visage. Je tombe au sol plusieurs fois. J'entends son cri, il m'appelle. J'arrive Lena ! Je déboule près du feu de camp et tombe nez à nez avec l'homme au visage brûlé. Non... Je l'ai tué. Ce n'est pas possible !

- Ce n'est pas bien de veiller dans la forêt... Elle regorge de choses étranges... de personnes étranges..., ricane-t-il.

Je m'empare de l'arme à feu et tire pour la seconde fois sur lui. Il s'écroule au sol, inerte. J'ai rêvé, n'est-ce pas ? Tout ceci n'est qu'un rêve. Un maudit rêve. Je regarde son visage de plus près. Plus de brûlure. Des cheveux blonds. Non... Non ! Oh putain ! Erick ! Oh merde ! Non. Je ne peux pas l'avoir tué. Je le secoue, mais il ne répond pas. J'ai tué Erick. J'ai tué mon meilleur ami. Erick...

Mais qu'est-ce qui ne va pas chez moi ?! Erick ! Je commence à pleurer d'une manière incontrôlée. Je me dégoûte. J'ai envie de me tuer. Pourquoi ? Pourquoi m'infliger ça ? Je me cogne la tête contre un tronc d'arbre. De plus en plus vite et de plus en plus fort, continuant de pleurer encore et encore.

- Merde ! Merde ! Merde ! Je hurle de toute mes forces.

Plus rien ne va. Plus rien. Rien. Je suis un monstre. Un putain de monstre. J'essaie de reprendre mon souffle, mais je n'y arrive pas. Je perds la raison. Erick. Lena. Je ne veux plus tuer personne. Je veux partir. Je veux... Je... J'ai la tête qui tourne. Je m'écroule au sol, les paupières se fermant peu à peu. Non... Je dois partir... Je dois... les sauver.

*

Je me réveille lentement, les lueurs du soleil me forçant à ouvrir les yeux. Nous sommes dans le jardin de Gara. Le soleil est déjà haut dans le ciel et la bonne odeur des merguez grillées me chatouille les narines. Je m'assois auprès de mes amis dans le plus grand des calmes et entame la discussion. Tout le monde rigole. Ils sont tous heureux. Oh oui ! Qu'est-ce qu'on était heureux avant ! Avant quoi ? Avant moi ? Avant la fête annuelle ?

- Alex ? Tu ne manges pas ? Me demande Gara, inquiète.

Je me contente de hausser les épaules et me plonge dans mon assiette. Je découpe un morceau de saucisse et l'enfourne dans ma bouche. La chair si tendre a un goût de sang. Le sang. Le sang m'entoure. Je pose mon regard sur mes amis, mais ils ne sont plus là. Je me retourne lentement et me retrouve coincé entre leurs corps mutilés, suspendus par le cou à l'aide d'une corde. Ils se balancent lentement dans le vent. Le vent me parle. Le vent me susurre des mots horribles. Le vent ne cesse de crier. Le vent a peut-être raison.

- Meurtrier, affirme le vent.

*

Je me réveille en sursaut. Un cauchemar. C'était un cauchemar. Un putain de cauchemar. Mon dieu... Venez-moi en aide. Je ne peux plus. Je ne veux plus continuer. Je suis tout seul. Je vais mourir seul. Je vais devenir fou. Je deviens fou. S'il vous plaît, aidez-moi. Je ferai n'importe quoi. Je tuerai n'importe qui. Je... Qu'est ce que je dis ? Je perds la tête. Ça ne va pas. Tout va bien. Tout va très bien. Je suis juste désorienté. Oui, c'est ça. Rien que ça. Mais avant de partir, je dois cacher les preuves.

Last in the woods [TERMINÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant