t r e

400 8 0
                                    

- Je ne sais pas ce que c'est que cette nouvelle lubie, mais je crois que je ne la supporte pas, dit Alice en brisant un silence bienfaiteur.

- Quoi ?

- Vous vous donnez un genre mystérieux qui ne colle pas à notre état. Nous sommes collègues et nous nous côtoyons tous les jours !

- Si je puis me permettre, vous aussi vous êtes hermétique. Et ce depuis notre rencontre !

- Hermétique ! Rien que ça !

- Pardon Alice, je ne voulais pas vous froisser...

- C'est toujours intéressant de savoir ce que les autres pensent de nous, lui assura-t-elle sèchement. Vous vous souvenez de votre mensonge avec Max la semaine dernière ?

- Ouais.

- Vous ne m'avez pas laissé le choix, je lui en ai touché deux mots hier et j'aimerais savoir qui consulte ce fameux sage.

- Vous connaissant j'imagine que vous ne vous êtes pas limitée à ça...

- Vous me connaissez bien : je suis allée à l'encontre du fameux sage et, évidemment, il n'a rien pu me dire. Maître Liang est très accueillant, mais quelque chose me chiffonne : quand je l'ai rencontré, j'ai eu l'impression que lui me connaissait déjà. Vous sauriez m'expliquer cette sensation ? Est-ce que c'est normal avec... ce type de personnes ?

- Je vois, c'est ça que vous voulez savoir ?

Elle confirma honteusement, sans dévoiler la question qu'elle se posait après avoir visité cet homme quiet et doux.

- J'en sais rien, je crois pas. Avec ces gens-là, faut toujours se fier à ses émotions. Vous savez, ils ont pas l'air, et puis vu qu'on fait confiance aux préjugés et qu'on croit tomber sur un charlatan... Mais lui, vous pouvez lui faire confiance.

- C'est vous qui le consultez, Marquand ?

Cette fois, Fred se sentit moins sûr de lui. Il laissa planer le doute, mais la juge le connaissait trop bien pour que les questionnements soient maintenus dans son esprit qui avait déjà tout compris.

- Je crois que je vais aller le voir, moi aussi.

- Vous ne savez même pas ce qu'il propose !

- Un programme de plénitude spirituelle, j'imagine ? formula finement Alice. Et puis j'ai assez confiance en vous pour suivre vos vos conseils : vous disiez bien que cet homme est respectueux et que je peux lui faire confiance ? Pourquoi n'irais-je pas ? Nous avons tous besoin de nous ressourcer, qui que l'on soit. La magie a opéré, pour vous ?

- Je n'ai pas envie de parler de ça avec vous.

- Pourquoi ? demanda celle qui pensait son écoute adaptée à de telles confidences.

Elle était intéressée par la paix intérieure que pouvait rechercher son collègue. Elle avait l'impression d'être tout à fait concernée, pour le nombre de fois où elle l'avait vu nerveux et anxieux et où elle n'avait pas osé lui faire savoir qu'il existait des solutions pour se libérer de ce poids qu'instaurait leur profession qui se faisait destructeur à la longue. En fait, elle ne l'aurait jamais cru susceptible de faire preuve d'une telle ouverture d'esprit.

- Parce que, dit-il alors que le reste de la phrase planait en ses entrailles.

Parce que vous êtes la principale raison à ces consultations.

Le cinque parti* dell'amoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant