「point de vue extérieur」
~ par la fenêtre de ma chambre, en tendant le cou, j'arrive à voir cette maison.
une jolie maisonnette jaune pastel, avec des rebords blancs et un toit en tuiles rouges.
elle est habitée par une jeune lycéenne déscolarisée après un tragique incident.il m'arrivait souvent de l'observer, cette fille avec une beauté mystérieuse. pas besoin de maquillage pour l'embellir. de longs cheveux bruns courent sur son dos et de grands yeux bleus remplis d'émotions, qui regardent les gens comme si chaque être était précieux.
avant, elle avait sa petite routine. elle sortait de chez elle plus tôt dans la matinée et allait au "demi's" le pub du coin, puis commandait un thé vert servi dans un petit gobelet en papier avec son nom écrit dessus. c'est comme cela que j'ai appris qu'elle s'appelait "amethyst". ce prénom si original venant d'une pierre précieuse violette lui allait très bien. elle était unique.
mais au lycée, j'ai entendu une de ses amies superficielle l'appeler tout simplement "violette". c'est peut-être plus discret j'imagine.
sur le gobelet, elle demandait toujours à la barman, demi; de lui dessiner une fleur à coté de son prénom. comme un symbole sans doute.
puis elle prenait son vieux vélo jaune, probablement assorti à sa maison et prit la route jusqu'à l'école. arrivée à destination, elle s'enfermait dans la bibliothèque et lisait des romans fantastiques en sirotant sa boisson.
elle laissait souvent des fleurs sur le comptoir de la vie scolaire, pour le décorer, je crois. elle aimait mettre de la couleur dans la vie de tous.
elle avait des tocs également, par exemple, elle se grattait le cou quand quelque chose la gênait et avait des petites plaques rouges, à force.en cours, c'était le genre d'élève discrète mais que tout le monde aimait. elle avait des facilités dans toutes les matières et passait son temps à dessiner. son stylo glissait sur les feuilles glacées du matin, et traçait des lignes et des formes pour obtenir de magnifiques portraits.
je me demandais toujours qui c'était sur ses dessins. elle ne les montrait à personne.amethyst m'intriguait tellement que j'en devenais fou. j'imaginais sa vie, mais je la voyais toujours triste.
j'imagine qu'elle vit seule parce que ses parents voyagent souvent. je ne les ai jamais vu, en fait.
en rentrant chez elle, elle sortait son violon, ouvrait la fenêtre et jouait de longues sérénades les yeux perdus dehors, entre les appartements et les maisons parisiennes.j'imagine qu'elle mange avec sa nourrice, et passe ses journées seule.
elle ne regardait jamais la télévision et trouvait toujours quelque chose d'intéressant à faire. elle arrosait les plantes, chantait sous le soleil et courait pieds nus sur le sol bouillant d'été, puis elle se faisait les ongles, qu'elle peignait de toutes les couleurs et enfin, elle lisait.
elle lit tout le temps, pour s'évader, pour oublier.ses parents rentraient chez elle qu'une fois par an, et envoyaient ses cadeaux d'anniversaire et de noël par la poste.
c'est pour ça qu'elle n'aime pas les fêtes. je ne l'ai vu à aucune soirée étudiante.et le soir, quand tout est calme, j'entends de la musique provenant de sa chambre. c'est toujours la même. une chanson mélancolique, remplie de tristesse, qui parle bien de sa vie.
parlons maintenant de l'accident.
c'est sa sœur jumelle. elles étaient inséparables; mais elles étaient complètement opposées.
opale et amethyst. opale était droite, franche, et bruyante. je ne l'aimais pas vraiment.elle s'attirait toujours des problèmes et un jour, pour je ne sais qu'elle raison, elle se suicida.
et quelque chose dans les yeux d'amethyst se brisa.elle ne parle plus à personne, ne sort plus de chez elle, comme si tout simplement elle aussi avait disparu. depuis, ses rideaux sont tirés, je n'entends plus de violon, je ne l'entends plus chanter. mais j'entends toujours cette musique sinistre le soir.
je suis auguste, et je vis en face de chez elle depuis que je suis né. on ne s'est jamais parlé, et moi, comme un idiot, depuis le début, je l'aimais.