Névrose d'influence permanente, glande lacrymale cassée, syndrome de frustration continue,
syndrome de la peur des hommes, syndrome de la perte de confiance en soi...Je ne peux plus parler fort maintenant. Je ne sais pas si c'est à cause de mes abdominaux qui sont devenus trop faibles, ou à cause de ma capacité pulmonaire qui diminue. Je ne sais pas non plus ce que je veux; sans doute parce que le nombre d'activités que je peux faire se réduit. Cependant, je dois faire quelque chose.Mais je suis constamment entravée ma condition. Il n'y a que la souffrance de devoir être aidée par les autres.
Quand je suis allée aux toilettes à l'inter-classe, Y-chan est venue gentillement avec moi. Au final, elle est arrivée avec 10 minutes de retard au cours suivant. J'en étais terriblement désolée. Après quoi, j'ai dû m'excuser pour toutes les deux. J'étais de plus en plus en colère, en pensant : "Bon sang ! dans quel état lamentable je suis ! Et je ne suis même pas capable de le faire toute seule !"
Une personne handicapée est un être humain avec le même coeur que les autres. Ce n'est pas grave si on ne l'entend pas, c'est juste un gros inconvénient. Si je veux être heureuse, je dois exceller dans quelque chose; comme ça, je pourrais être à égalité avec les gens ordinaires !
Aya, tu as toujours 16 ans. Tu es toujours jeune, alors persévère !
Pendant l'heure de vie de classe, les délégués ont été choisis, et la répartition des tâches a eu lieu*. Sur 45, 44 de mes camarades ont été chargés de quelque chose. Au lieu, d'être triste car j'étais la seule qui n'avait rien à faire, j'ai pensé que je pourrais être l'ange maladroit qui vide la poubelle ou ferme les fenêtres. En fait, il y a pleinde choses que je pourrais faire si je voulais.
Je suis probablement en train d'être défaite par cette maladie !... Moi qui ne voulais pas me laisser abattre ! Mais plus je fais d'efforts et plus j'essaie d'être joyeuse, plus je déprime quand je vois mes professeurs, mes frères et soeurs, et mes amis qui marchent droits.
Je suis sortie dehors voir une course d'endurance, pour me changer les idées. Mais ça m'a juste rendu mal à l'aise. L'idée même de courir m'attriste. Mes amis vont tous m'abandonner. Je pense sincèrement qu'un corps rongé par ma maladie est un grand handicap.
J'ai décidé de relire des livres que j'aime bien en cours de gym. Alors que je lisais Ojo-san Konichiwa (Bonjour mademoiselle) de Daizo Kusayanagi, je me disais que devrais en recopier des passages. En ce moment, je lis Boku Wa Junisai (j'ai 12 ans) de Masafumi Oka, avec la certitude que, quoi qu'il arrive, je ne me suiciderais pas.
Je ne peux pas vivre sans réfléchir à tout ce que je fais. Je ne peux pas me dire "tout ira bien tout seul". Quand je marche le long d'une route, je dois penser exactement où ce sera le plus facile, comment je dois poser mes pieds, et si le chemin est praticable on non. Quand je veux faire le ménage, je dois calculer s'il n'y a pas un autre moyen de m'y prendre, quelle façon est la plus efficace de le faire,etc... Je me sens moi-même désolée pour Aya. D'un autre côté, je sais que j'ai d'autres qualités. Je ne pourrais pas me lever si je ne pensais pas ça.
Mon corps s'enraidit. J'ignore si c'est parce qu'il commence à faire froid ou si la maladie avance. Même si j'ai quelque chose pour me tenir, j'ai tendance à perdre très facilement l'équilibre, à moins que je m'y agrippe fermement. C'est maintenait trop dangereux pour moi de sortir à l'extérieur. Maman est obligée de m'emmener et de me ramener à l'école. Elle me conduit en passant sur le trajet pour aller à son travail. Je me tiens àses épaules pour en marchant jusqu'au casier à chaussures*. Pendant que je mets mes chaussures d'intérieur *(les autres portent des chaussons), elle court jusqu'à ma salle de classe pour y déposer mon cartable et mon panier-repas*. Je me tiens à la rampe à pleine main et je monte lentement vers la salle. Après les cours, j'attends dans un magasin de confiseries en face de l'école jusqu'à six heures. Le propriétaire m'a dit "tu peux faire tes devoirs ou lire un livre dans le débarras devant la boutique jusqu'à ce qu'elle arrive". Je me sens embarrasée car beaucoup d'élèves qui restent à l'école pour les activités de leurs clubs* viennent souvent ici quand ils ont fini. Mais je dois le supporter car il n'y a pas d'autre alternative.
Aujoud'hui je suis encore tombée quand on changeait de salle de classe. J'ai une écorchure sur la tempe droite. S-chan m'a aidé à me relever. Avant que je puisse la remercier, mes larmes se sont mises à couler, et je n'ai pas pu articuler proprement.
* Notes : Au Japon, les élèves commencent généralement vers 8h30 et finissent vers 15h30. Ils ont des chaussures spéciales pour l'intérieur de l'établissement, qu'ils rangent dans un casier à chaussures attitré. Il n'y a pas de cantine, ils doivent donc amener leur propre panier-repas ou bento. Après les cours, les élèves se chargent eux-même du ménage de leur salle de classe, de la gestion du cahier de texte, et des feuilles de présence. Puis ils participent à des clubs d'activités internes à l'établissement (sport, littérature, musique,...). Pour finir la journée, la plupart des élèves sont inscrits à des cours privés afin d'améliorer leurs résultats scolaires.
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Un litre de larmes
Non-FictionAya Ikeutchi Aya Ikeuchi est une jeune fille de 15 ans vivant avec ses parents, son jeune frère et ses deux soeurs. Le jour de ses examens pour rentrer au lycée, elle s'endort dans le bus et rate son arrêt. Se réveillant un peu plus loin, elle court...