Quand j'eus réalisé que la vie pouvait m'être enlevée à tout moment, le monde perdit de sa magie. Toutes les futilités auxquelles j'avais l'habitude d'attacher de l'importance paraissaient désormais inintéressantes à mes yeux. Les réactions des gens envers une situation anodine me semblaient disproportionnées. Mes relations avec les autres, mes sentiments, mes agissements, tout changea et me métamorphosa. La plupart des personnes continuaient leur routine en étant inconsciemment de parfaits insatisfaits, comme si nous étions dans un monde misonéiste. D'autres avaient eu cette prise de conscience qui vint bouleverser leur mentalité. Seulement, personne n'échappait au prosaïsme de la vie.
La première vie arrachée de mes mains me hantait encore, mais pas les autres. J'avais eu le temps de m'y faire, de relativiser, de me dire que si je faisais cela, c'était parce que j'en avais le devoir. Il suffisait de se dire que c'était eux ou moi. Je n'avais pas appris tout cela en frôlant la mort, mais en ôtant la vie. Avais-je gagné en lucidité ou en folie ? Je n'en savais rien. La seule chose que je savais c'était que la vie me semblait bien fade depuis.
Je croyais en l'amour. Je croyais en son pouvoir de changer ma vie en la rendant moins monotone. Je n'avais jamais vraiment aimé quelqu'un. J'essayais, mais comment aimer une personne comme moi ? Je n'étais pas franche avec les gens. L'amour était basé sur la confiance d'après ce que je savais, ce n'était clairement pas fait pour moi. Pourtant j'y croyais. Je ne savais pas ce que cela faisait d'être amoureuse. Est-ce-que je deviendrais dépendante de l'autre ? J'aimais croire qu'il y avait une âme sœur pour chacun d'entre nous. C'était stupide, mais peu importait. J'aimais croire en quelque chose qui pourrait supprimer la douleur, quelque chose qui me donnerait la force de faire de mon présent un passé. Parce que oui, je n'étais pas fière de la vie que je menais. Je n'avais pas eu le choix, ou peut-être que si.
VOUS LISEZ
Contrat [En pause]
ActionMarine vivait d'argent sale depuis maintenant cinq années. Elle n'était pas fière mais rien ne pouvait la sauver. Elle jouait les intouchables pour éviter de ressentir cette culpabilité qu'elle détestait tant. Jusqu'à Gabriel qui amenait avec lui le...