Hounds of Hell

I. Par le feu

La gorge brûlante et les yeux larmoyant, elle se redressa brusquement. De la fumée, omniprésente. Tandis que les gens bien sont endormis, elle, parti en courant, des obstacles ardents se dressant sur son chemin. Ils nous auront retrouvés, finalement, pensa t-elle, horrifiée à la vue de la demeure en feu. L'odeur acre qu'elle absorbait à chaque inspiration lui faisait l'effet de centaines de petites aiguilles transperçant ses poumons. Elle se stoppa net à la vue d'une poutre en feu faisant barrage à la seule issue de la maison. Les nerfs à vif, elle scruta la pièce éclairée par les flammes, une main sur son visage pour échapper un tant soit peu aux vagues nauséeuses de fumée. La fenêtre. Sans plus attendre, elle traversa la pièce en quelques foulées et en se recroquevillant sur elle même passa à travers la vitre. Son corps atterri lourdement dans l'herbe après une courte chute, écorché par les morceaux de verres. Elle détendit son corps et redressa la tête. Le feu grignotait peu à peu le toit. Une fumée noire et étouffante s'échappait de toutes les ouvertures de la maison. Sa maison brûlait. Alors c'était comme ça, c'était aujourd'hui pensa-t-elle amèrement. Elle resta étendue là, hypnotisée par le sombre spectacle qui s'offrait à son regard. Les flammes narquoises, prenaient un malin plaisir à la destruction de son chez elle, les craquements sinistres du bois grignoté par le feu sonnant comme une lancinante complainte. Elle fut violemment arraché à cette étrange transe, projetée en arrière par une main inconnue.

- Aiko ! Reprend toi ! Eiden et toi, vous allez fuir. Je vais les éloigner. Avant que la panique ne puisse la gagner, la voix de son plus grand frère résonna à ses oreilles.

Se redressant subitement, l'urgence de la situation lui sauta aux yeux et s'en voulu ardemment d'avoir perdue du temps. Eiden attendait aux côtés de Keurtys, ses bras maigrichons pendaient inertes le long de son corps, le regard perdu dans l'obscurité, brouillé par de grosse larmes ruisselant sur ses joues.

- Nous avons déjà perdu père et mère, je ne veux pas subir la perte du reste de ma précieuse famille. Lorsque chacun de nous serra hors de danger, on se retrouvera, je t'en fais la promesse. Retrouvons nous à l'Arche Aiko, à la prochaine pleine lune. J'attendrais le temps qu'il faudra, a bientôt.

Il l'enlaça fugacement et lui tourna le dos. Contournant le bûcher qui avait autrefois était sa maison, il disparut. Machinalement elle attrapa alors la main de son plus jeune frère, qui semblait plus abattu et las que jamais, et se mit alors à courir là ou son petit corps de onze ans voulait bien la porter, son frère sur les talons. C'est alors qu'elle les entendit. Ils les poursuivaient. Comment les avaient ils retrouvés ? Elle fulminait, la peur faisait place à l'adrénaline et la colère. Jamais aucun mal ils n'avaient causés, alors pourquoi les chassaient ont sans cesse ? Quand est ce qu'enfin on les laisseraient vivre enfin ensemble, et en paix. Quand est ce que l'avenir ne sera plus incertain et douloureux ? Elle secoua vigoureusement la tête pour se concentrer sur sa fuite. Elle courut jusqu'à la lisière de la forêt qui entourait le petit village dans lequel ils s'étaient installés à peine quelques semaines plus tôt.

Ne pas lâcher sa main, se répétait t-elle sans cesse.

Tandis qu'elle courrait, elle les entendit se rapprocher. Le souffle court, elle tirait son frère qui peinait à suivre la cadence.

- Eiden un effort ! Ils sont là !

Des ronces leur déchiraient les vêtements, leur écorchaient les bras et le visage. La sueur leur tombé dans les yeux. Avançant à l'aveuglette, éclairés par de fins rayons de lune transperçant la cime des arbres, elle ne pensait plus qu'à mettre son frère à l'abri. Mais ils seront bientôt sur eux. Ils les rattraperont. Réfléchissant à toute vitesse, elle pris sa décision. Elle bifurqua brusquement et poussa son frère derrière un arbre.