Elle se tenait droite, contre le mur. Elle venait d'achever le ménage quotidien qui lui était attribuée, avait nourris les bêtes et lavé le linge. Elle n'espérait plus qu'être congédié pour pouvoir vaquer à ses propres occupations. La tête haute et le visage impassible, elle attendait patiemment les ordres de la concierge. C'est elle qui s'occupait de distribuer les taches. Elle lui avait appris à respecter quelques règles pour éviter les coups de fouet, voir pire. Elle se devait de baisser le regard face à quiconque ayant un rang plus élevé qu'elle, ce qui équivalait globalement à presque tout le monde. Elle ne devait jamais prendre la parole en première, se faire aussi petite et insignifiante que le papier peint, toujours aller dans le sens de son interlocuteur, raser les murs.. la liste était à n'en plus finir. Elle avait eu très peu affaire à son maître, Mr. Edock, ayant réussi dans le domaine du commerce maritime, étalant sa réussite et sa richesse à qui veux la voir. Lorsqu'elle était bien plus jeune, peut-être un mois après qu'elle eu était acheté, elle avait reçu une dizaine de coup de fouet, de la main de son maître, pour avoir voulu s'échapper.
-Aiko, tu peux disposer. Mais avant ça, laisse moi te prévenir que demain soir comme tu le sais surement déjà, le seigneur du conté de Rendrik et sa famille viennent séjourner quelques jours, pour les affaires. Tu seras assignée à l'un des membres de la famille. Et tu n'oublieras pas de porter tes gants.Je ne cesse de te le répéter mais tache de faire attention à ne pas faire de faux pas. Je te dis ça pour ton bien Aiko, et parce-que je te connais. Ne fait pas n'importe quoi avec ces gens là, ils te le feront amèrement regretter.
Madame Gérauld adressa à Aiko un regard de reproche, mais un petit sourire se dessinait déjà sur ses lèvres. Elle s'était occupé d'elle dès son arrivée dans le manoir, prenant soin de renforcer son éducation et son apprentissage. Elle lui avait appris à lire et à écrire. Aiko parlait maintenant couramment Harol et Indis, langues des pays voisins. Elle travaillait les mathématiques et tentait avec difficulté de s'intéresser à l'astronomie. La chambre d'Aiko recelait de livres volés, de notes en tout genre, de dessins.. Malgré cela, toute ces connaissances ne pouvait remplir le trou béant laissé parla disparition de ses pouvoirs, de sa famille. Madame Gérauld pressa l'épaule d'Aiko, attendant une réponse.
-J'y serais. Ce sera un honneur pour moi de les servir.. ces pourries de nobles, ajouta t-elle plus bas.
Le visage de Madame Gérauld se décomposa, et sa main vint donner une petite tape sur le haut de la tête d'Aiko.
-Ton langage, jeune femme ! Si on t'entendait, inconsciente. Allez ouste !
La vieille dame poussa gentiment Aiko hors de ses appartements, et ferma la porte derrière elle. Elle esquissa un sourire, toujours autant amusé par les réactions excessives de Mme Gérauld. Elle éprouvait pour cette dame une douce affection, comme pour une mère, ou plutôt une grand-mère. Aiko longeait les couloirs où se trouvait les appartements des domestiques. D'étroits couloirs au papier peint jaunit, s'étalant sur plusieurs étages, prenant une petite partie de l'aile Ouest du manoir. Sa chambre, à elle, se trouvait au troisième étage, avant dernière porte du couloir, près d'une petite tour, qui autrefois devait être une salle d'astronomie. Mais ce n'était pas la destination d'Aiko pour le moment, au fond du couloir du premier étage, elle ouvrit une porte qui donnait sur un petit escalier en colimaçon. Elle dévala les marches et se trouva face à une porte de sortie. Elle l'a poussa et se retrouva à l'arrière du manoir, en face d'un grand espace de verdure. Le jardinier de M. Edock faisait un travail merveilleux. De magnifique haies de roses entouraient les différentes parties du jardin. Aiko n'y avait pas accès. Elle n'avait pas accès à grand chose. Mais Aiko ne s'était pas gêner pour visiter pratiquement tous ces lieux qui lui était interdit. Elle se contenta de longer la demeure sans rentrer dans le jardin et se dirigea vers le bois qui se trouvait à quelques centaines de mètres de la propriété. Elle empruntait ce chemin depuis des années maintenant, elle aurait retrouvé sa route les yeux fermés. Une fois engouffrée dans le bois, elle marcha une bonne quinzaine de minute entre les hauts arbres, avant d'arriver sur une clairière où reposait un grand lac à l'eau calme et silencieuse. Sans plus attendre, elle se déchaussa et grimpa sur les rochers s'élevant autour du lac. Une fois arrivée sur le plus haut, elle s'allongea, offrant sa peau blanche au soleil. 7 ans s'étaient écoulé depuis son arrestation. Qu'importe l'heure, chaque jour depuis quasiment 7 ans, Aiko se rendait près du lac, qu'elle avait découvert quelques temps après avoir été acheté par M. Edock. Cet endroit lui était familier. Il y a de cela bien longtemps maintenant, lorsque les parents d'Aiko étaient encore de ce monde, elle habitait dans une petite maisonnette en bois, au bord d'un lac, très similaire à celui ci. Un lac profond, à la surface limpide et sombre, entouré de rochers d'où Keurtys et elle s'amusaient à sauter lorsqu'ils étaient enfants.

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Hounds of Hell
ParanormalAiko reçoit à la naissance les dons de ses parents, des dons auxquels on donne le nom de Magie. La société dans laquelle elle vit, rejetant toute forme de magie, persécute, asservit, élimine cette communauté d'être aux pouvoirs exceptionnels. Lors...