Angel of Freedom

Chapitre 20

Je reste un instant dans la même position, je regarde ma main.

Pourquoi est-ce que j'hésite ?

Je prends une grande inspiration, je ne pense plus à rien puis ouvre délicatement la porte afin de pouvoir passer juste la tête pour distinguer la personne qui joue du piano.

Il est de dos mais cette coupe je la reconnaîtrai entre mille.

Je rentre entièrement dans la pièce en fermant doucement la porte et reste appuyée contre le mur juste à côté de celle-ci.

J'attends le son de la dernière note avant de parler.

"Alors comme ça vous savez jouer du piano, j'ai enfin eu ma réponse."

Il se retourne pour me faire face puis tout en regardant le sol me dit.

"Oui. Elle m'a appris à en jouer. Elle disait que si j'avais trop de chose qui se bousculaient dans ma tête, jouer du piano me ferait du bien."

"Et c'est le cas ?"

Il lève la tête pour regarder le plafond.

"La musique ne guérit pas..."

"Pourquoi dites-vous ça caporal ?"

Il dirige maintenant son regard vers moi et me regarde droit dans les yeux.

"Je dit ça car c'est la vérité."

Je quitte enfin mon mur pour me diriger vers lui, prendre une chaise et m'asseoir à ses côtés, Livaï avait de nouveau baissé la tête.

"Pourquoi vous ne m'avais pas dit que vous connaissiez la personne qui jouait cette musique ?"

"Quelle personne ?"

"Après la mort de Petra, Eld, Gunther et Auruo, sur le balcon je vous avais dit que vous me faisiez penser à la femme qui m'a appris à jouer du piano mais vous avez changé de sujet."

On peut entendre de l'agacement dans ma voie, je veux mettre les chose au clair.

"Et pourquoi je la connaîtrais ?"

"Vous êtes mal à l'aise, vous regardez le sol depuis tout à l'heure et vous évitez un maximum de croiser mon regard. Alors qui est cette femme pour vous exactement ? Quel est son nom ? Où est-elle ?"

"Pourquoi veux tu savoir tout ça ?"

"Je veux pouvoir la remercier."

Il lève la tête pour me regarder droit dans les yeux.

"Tch...tu ne pourras pas..."

"Pourquoi ?"

"Elle est morte."

Ces trois mots m'ont fait l'effet d'une bombe, pendant toutes ces années j'ai espéré pour rien. 

Les larmes commencent à couler sans que je ne puisse rien y faire.

Soudain je sens que l'on me sert, c'est Livaï, il m'a pris dans ses bras. Nous restons un petit moment comme ça dans le silence le plus total jusqu'à ce que je décide de prend la parole.

"Comment...?"

"Nous étions pauvres car elle avait perdu un grand nombre de clients en voulant me garder, il n'y avait pas assez de nourriture pour deux..."

"Comment s'appelait-elle ?"

"Kuchel."

Je décide de l'éloigner de moi et le regarder droit dans les yeux.

"Alors le garçon qui venait toujours avec elle au bar c'était bien vous. Comment j'ai fais pour ne pas m'en être aperçu plus tôt."

"Oui, c'était ma mère."

Il baisse la tête encore une fois mais je décide de le forcer à me regarder droit dans les yeux en mettant ma main sous son menton et en levant sa tête.

"Je suis mourante, c'est ça ? Il me regarde avec surprise me permettant de comprendre que j'ai vu juste. Oui, quand les Milers m'ont récupéré j'ai vu Kuchel... en fait je ne suis jamais arrivée réveillé là bas, j'étais entre la vie et la mort, c'est pour ça que je l'ai vu."

"..."

"Vous cerner est compliqué mais la c'est différent, vous ne vous cachez plus derrière un masque. Vous êtes mal à l'aise, il n'y à personne ici et j'ai vu du matériel médical dans la chambre où je me suis réveillée."

Il écarte ma main et baisse de nouveau la tête.

"Les Milers se sont servis de toi comme d'un cobaye, ils ont fait des expériences sur toi ce qui a détruis ton corps."

Il se met à pleurer qui aurait cru que "le soldat le plus fort de l'humanité" pouvait pleurer ainsi pour une fille comme moi

"Pourquoi mon sort vous met dans un tel état ?"

Il prend un moment avant de me répondre et après avoir séché ses larmes il dit.

"C'est évident, non...? C'est parce que je me suis attaché à toi... et je... je ne peux rien faire pour t'aider !"

Je pose ma main droite sur sa joue, suite à ce geste il lève la tête et me regarde d'un air surpris, je le regarde avec un sourire sur le visage.

"Croyez moi. Vous m'avez beaucoup aidé. Quand j'étais triste vous veniez me consoler à votre façon, quand j'avais des problèmes vous les considériez comme vos propres problèmes et les effaciez."

"Mais..."

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et pose mes lèvres contre les siennes, il répond à mon baiser.

Je sens mon esprit et mon corps s'apaiser, je croyais que seule moi étais tombé amoureuse mais en fait lui aussi.

Quand nous devons nous éloigné je regrette que ce baiser ne dure pas plus longtemps.

Je sens tout mon corps tomber, j'ai à nouveau des vertiges mais Livaï me rattrape, il est maintenant à genoux sur le sol et me tiens dans ses bras, je prends sa main et la sert très fort dans la mienne.

"Caporal, promettez moi qu'un jour vous quitterez ces murs et que vous pourrez vivre dans le monde extérieur."

"...Je te le promets..."

Je souris une dernière fois.

"Merci pour tout, je ne vous oublierez jamais..."

Je vois de plus en plus flou jusqu'au moment ou je ferme les yeux définitivement pour aller dans l'autre monde.