Qu'est-ce qui te retiens ici?

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Ma respiration s'accélère, ma vue se trouble, mon cœur bat à la chamade. Je ne perçois plus que le flou de l'extérieur à travers ce voile de larme et ce pouls si bruyant qui frappe contre mes tempes. La voix qui tente de me ramener à la raison devient de plus en plus lointaine. La forte pression exercée sur mes épaules, les secousses, les cris... Tout s'efface. Seul le bruit de ma respiration saccadée résonne encore dans mon crâne douloureux. Les ténèbres m'entourent et l'Angoisse est ma seule amie pour y faire face. J'ai peur, j'ai mal, je suis lasse.

Un cri remonte du plus profond de mon être pour venir se coincé dans ma gorge et mourir dans un grognement pathétique. Mais je voudrais crier! Je voudrais hurler à plein poumon! Cette sensation maintenant familière de ne plus rien maîtriser, de n'avoir plus aucune prise sur moi-même, m'écrase et me confine dans ma douleur.

Je me gifle mentalement... On me gifle peut-être réellement. "Reprend toi maintenant. Tu es seule à pouvoir te sortir de là. " Je pense aux phrases de ma psy. Je m'y accroche comme à une bouée. Je répète en boucle ce credo dans l'espoir que mon corps enclenche spontanément un processus de retour à la réalité. En vain... Alors tandis que j'allais cesser de lutter et sombrer dans les méandres de l'inconscience, une phrase en particulier me revient en tête.

"Qu'est-ce qui te retiens ici?"

Elle fit remonter en moi des milliers de souvenirs.Un jour, à une soirée où je ne connaissais pas la moitié des invités, j'eu une des plus violentes crises d'Angoisse qu'il soit. Une de celle qui vous plonge dans une transe intérieur insupportable et vous confine dans l'enfer de vos propres peurs. Après une lente agonie et aucun moyen de quitter les lieux, je partie me réfugier sur le toit. Vu la fraîcheur, je pourrais y rester sans avoir à supporter tous ces regards de pitié et de fausses compassions. A peine quelques minutes après m'être assise, un gars que je connaissais à peine a poussé la porte du toit et s'est assis à quelques mètres de moi. Il s'est contenté d'allumer sa clope et de la fumer tranquillement. Il n'a pas décroché un mot, pas un regard. Étonnement sa présence ne m'a pas affolé et je l'ai observé patiemment tout au long de son manège. Je ne cherchais pas spécialement à savoir ce qu'il avait derrière la tête. Je tentais de reprendre mon souffle et j'étais presque reconnaissante du silence dont il faisait preuve.Une fois sa clope terminée, il se leva, la jeta du haut de l'immeuble et se rassit. Je ne l'avais pas quitter des yeux. Puis il parut se rappeler de ma présence et planta son regard dans le mien.

"Ça dure depuis quand?"

J'avais très bien saisie le sens de sa question mais, n'ayant aucune envie d'en parler, j'ai préféré sortir la carte de l'incompréhension en haussant un sourcil interrogateur.

"Mouais. A d'autre." Il asséna d'un ton narquois.

J'étais offusquée de voir à quel point ce gars n'avais pas froid aux yeux. Pour qui se prenait-il sérieusement?

"Je ne vois vraiment pas en quoi ça te regarde, en fait."

Répliquais-je sèchement.Il haussa à son tour un sourcil et sorti à nouveau son paquet de cigarette. Génial un fumeur compulsif.

"Ma dernière crise remonte à un an."dit-il tranquillement.

Cette déclaration me pris totalement au dépourvue. Il dégageait une telle assurance, jamais je n'aurais pu deviner que lui aussi... L'intérêt que j'avais pour ce gars, qui avait visiblement la possibilité de me comprendre, pris le pas sur ma raison qui me criait de me barrer de ce toit et de rentrer à l'intérieur pour m'éloigner de cet inconnu.

"Et tu en faisais régulièrement?"

Il cala sa clope entre ses lèvres, fit mine de réfléchir et me répondit.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 14, 2017 ⏰

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