Mon nom était Doso. Du moins c'est celui que j'avais emprunté pour cette quête. Mon ancien prénom était trop voyant. Trop révélateur. Trop effrayant. J'étais partie neuf jours plus tôt, retrouver ma fille enlevée. Des soupçons j'en avais bien. Mon frère avait toujours été jaloux, et pour notre plus grand malheur, épris de ma fille chétive et innocente. Mais je la retrouverais !
Je marchais sur une route de campagne en observant les alentours. La Terre était morte. Les grands champs de blé jadis prospères et abondants étaient désormais pauvres et misérables. Leur couleur d'or s'était changée en une teinte terne et grisâtre. Quant au ciel, il n'avait pas déversé d'eau depuis mon départ.
Sur une étendue de terre infertile, au loin, je remarquai un jeune homme, qui labourait inutilement ses terres. Il sillonnait la grande étendue de terre avec sa charrue. Derrière lui le suivait très minutieusement une fillette, qui lançait de généreuses poignées de grains au sol sans grande conviction et très peu de technique. Je ricanai. Apparemment cette pauvre idiote ignorait la situation précaire et laborieuse dans laquelle tous les villageois se trouvaient.
Soudain, le garçon que je supposais être son frère se retourna. Sur la colline une femme les hélait. Malgré son vieil âge que je pouvais deviner à son dos courbé, elle se tenait avec une certain fierté, et un certain orgueil devant leur chaumière. Faites de pierres pour les murs et de pailles pour le toit, elle laissait échapper par la cheminée un filet de fumée et d'odeurs alléchantes.
Aussitôt, ses deux enfants ramenèrent le chariot jusqu'à la grange en contournant le champs et allèrent à la rencontre de leur mère. Celle ci, une fois ses enfants arrivés, les serra contre elle, et les couvrit de baisers. Même dans leur abominable crasse ils arrivaient à en être émouvant.
Je soupirai. Comme j'aurais aimé être avec ma fille en cet instant, l'étreindre avec douceur. L'embrasser et lui promettre qu'on ne lui ferait plus jamais de mal. Je nous revoyais encore jeunes, lorsque nous étions en Sicile. Dans ses robes de velours blanches, parée de ses plus majestueux bijoux, et les cheveux tressés elle attirait la convoitise de nombreux prétendants. Mon frère fut celui de trop. Frustré par son refus de l'épouser, il l'avait capturée alors que j'étais absente. Les pleurs n'avaient pas longtemps résonné dans notre demeure familiale, le désespoir bien vite remplacé par la haine et un désir de vengeance.
Oui, j'allais récupérer ma fille.
Je détournai le regard de cette famille qui semblait parfaite, et continuai ma route, sans savoir que la solution a tout mes problèmes allait m'être donnée dans très peu de temps.
En levant un regard au ciel, je pus constater qu'un orage se préparait. Le ciel, tempétueux semblait refléter mes sentiments. Les nuages gonflés de tonnerre se rassemblaient et éclatèrent dans un brouhaha assourdissant.
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fils et filles du Temps
Short StoryDans une époque révolue, une mère déchirée par l'enlèvement de sa fille va tout faire pour la retrouver. Elle a de l'espoir, et surtout, du pouvoir et de la résolution. Mais que cache son étrange famille ? Si vous voulez savoir la chute de cette...