Le capitaine

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 Je naviguais sur les flots avec la confiance d'un homme qui savait ce qu'il faisait. La mer, c'était mon domaine. Les flots tumultueux ne me faisaient pas peur, loin de là, ils attisaient en moi une furieuse envie de les contrôler et de montrer qui dominait sur Terre. C'est moi qui dirigeait la mer, et pas l'inverse.

En me penchant par dessus le bastingage, je remarquai les remous étranges de l'eau.  Un aileron en  sortit. Je souris. Mon animal favori, le dauphin venait me tenir compagnie durant ces journées de solitude passées sur mon bateau. Je remarquai alors d'autres ailerons plus petits surgir de l'immensité océane. Des bébés. Ils se bousculaient et semblaient se chamailler.

« Alors vieux camarades, l'océan vous plaît ? Je demandai en riant de leur maladresse. »

Seuls des sons aigus me répondirent. Mais ils me parvenaient déformés, comme des vraies paroles noyées au fond d'une étendue d'eau.

En voyant cette famille, je ne pus m'empêcher de penser à la mienne. Et à ma nièce, fille de mon frère cadet. Cette petite peste ! Après avoir découvert une magnifique terre, notre sang ne fit qu'un tour dans nos veines et nos esprits de conquérants avaient immédiatement surgis. Une terrible dispute avait éclatée et ce fut finalement cette garce qui avait hérité de la terre où elle cultiva -croyez moi ou non- des oliviers.

Finalement, les dauphins repartirent, effrayés par un phénomène singulier.

En l'air, des éclairs zébraient le ciel plafonné de nuages noirs et menaçants. Les quelques albatros qui planaient au dessus de moi s'en allèrent dans des cris de terreur, et la mer s'emballa au gré du vent qui soufflait si fort que ma voile s'arracha. Je pestai contre cette maudite tempête. Qu'avais je fait pour mériter pareille punition ? 

En tout cas, tout cela n'était pas bon signe et malgré mon aisance en mer, l'état actuel des choses ne me permettait plus de manipuler mon bateau qui semblait être sur le point de chavirer. Je me décidai à revenir sur terre ferme. « J'en profiterai pour rendre visite au roi »  pensai-je.

fils et filles du TempsWhere stories live. Discover now