(Corrigé)
Je me tenais devant un élève de cinquième. Il gribouillait un dessin dans une salle de classe. Il s'était ensuite dirigé au tableau, après que la Prof lui demanda de montrer son chef-d'œuvre à ses copains. J'ai voulu l'arrêter, mais je m'étais senti beaucoup trop faible pour tenter quoi que ce soit.
Le pauvre Austin de treize ans eut des réponses parfaitement contraires à ce qu'il avait songé. Il voulait montrer sa philosophie à travers son dessin, mais les autres l'avaient traité de "suicidaire", et cela n'allait pas bien... Parce que deux jours avant ce drame, ils l'avaient aussi traité d'anorexique. La maîtresse l'a interpelé à la fin des cours.
"-Austin, si tu as des problèmes, j'aimerais que tu en parles.", a-t-elle doucement dit.
Le pauvre Austin a tout lâché d'un coup... Sa famille, ses bleus, les noms qu'il avait récemment adopté à cause de ses camarades... Je me sentais mal pour lui. Elle lui avait uniquement recommendé d'utiliser un journal.
En écoutant tous ses malheurs, mon cœur se noua. Je m'étais ensuite trouvé entrain de courir fuyant mes parents, mais mes jambes me trahirent et je m'étais retrouvé dans les bras dégueulasses de mon père, tandis que ma mère me fouettait... Je n'en pouvais plus!
Que quelqu'un m'aide à sortir d'ici! J'ai mal, j'ai froid, j'ai faim... et surtout, je veux en finir... je veux mourir!
"-Arrête, c'est bon. Tu es sorti d'affaire! Calme-toi, tu es en sécurité" fit une voix douce. C'était maman.
Cette voix se transforma en celle d'une inconnue.
"-Tout est en ordre. Calme-toi!"
J'ai jeté un bref regard sur mon interlocuteur, mais je n'arrivais pas à distinguer les traits de son visage, sûrement parce que j'étais encore sonné.Une figure plus vieille que la première fit face, j'ai remarqué dans l'espace d'une seconde que c'était un mec. J'ai frôlé une crise cardiaque en pensant que c'était mon père.
J'avais enfin pu observer attentivement les traits du Boulanger et je m'étais rapidement rappelé des faits passés.
"-Ça va? Tu n'as rien de cassé? Tu as été inconscient depuis hier soir, lorsque tu es apparu dans ma boulangerie.
-Oui, merci.
-Il faut appeler tes parents et leur prévenir que tu es là, mon enfant. Ils sont sûrement inquiets à l'heure qu'il est!"
Mes yeux s'agrandirent en entendant la phrase qu'il venait de lâcher. Il était hors de question que mes soit-disants parents sachaient le lieu de ma cachette. Je serais encore plus frappé, parce qu'ils suspecteraient que j'aurais avoué un truc à ces pauvres gens afin de m'héberger pour la nuit.
Les regards du Boulanger et d'une fille se posaient sur moi. Ils attendaient apparement à ce que je leur donnais le numéro de ma baraque.
"-Euh, c'est bon, ça n'en vaut pas la peine" disais-je finalement.
J'ai cru voir une étincelle dans les pupilles du Boulanger, alors que la fille cherchait d'autres glaçons."-Je suis Pierre, et voici Maure, ma fille. Sa mère nous a quitté il y a bien six ans maintenant. Et vous êtes?
-Austin, monsieur." Ai-je lancé sans hésitation.
"-Que s'est-il passé, mon cher Austin, pour que tu sois dans cet état odieux? Oh seigneur, ces bleus, cette silhouette... Es-tu souffrant?" Il a terminé sa phrase sur un ton si doux que je m'étais demandé si quelqu'un m'a déjà parlé de cette façon.
Cette phrase se répétait sans cesse dans ma tête. Je n'ai pas pu m'empêcher de me mordre la lèvre évitant ainsi de pleurer. J'avais besoin de tout lui confier, j'avais juste peur qu'on me chopait un de ces jours et qu'on me torturait. J'avais peur de la douleur. La mort n'était pas ce que je craignais, parce que je l'ai frôlé hier. Au fait, La pillule? Elle était où? Faites qu'elle soit dans ma poche.
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Dans La Tête D'un Suicidaire
Novela JuvenilHISTOIRE TERMINÉE. Et si c'était l'inverse pour une fois? S'il sagissait du point de vue d'un mec mal dans sa peau, anorexique et suicidaire? Entre chercher un abri de la réalité et une fuite hors de la routine, voici l'histoire d'Austin qui se proc...