Prologue (partie 1)

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Cela faisait peut-être une trentaine de minutes qu'on me traînais par terre, sans arrêt. On montait des marches, on en descendaient, on marchait d'interminables couloirs. C'était long et fatiguant.

J'étais aveugle dans l'obscurité et ce sac, dans lequel je me retrouvais, était fait d'un tissus rigide et raide qui m'irritait la peau, mon dos, mon visage et mes pieds.

Deux individus me portaient et m'amenaient je-ne-sais-où. Ils me kidnappaient, ils m'enlevaient de mon confort, de ma demeure et de ma vie. La chaleur, qui s'accumulait dans le sac, dû à ma respiration rapide et étouffée et aux gouttelettes de sueur qui me coulaient le long du dos et le long de mes joues, m'étouffait.

Elle était devenue insupportable. Je me sentais mourir et partir. Je sentais que c'était la fin. La température et le pauvre éclairage me perturbaient. Ils m'empêchaient de bouger ou de crier à l'aide.

On me heurta ensuite à la tête. Ce choc ne m'acheva pas, mais il multiplia toutes les douleurs qui m'affectaient, fois dix. Je voulais m'arracher le visage qui me démangeait, me couper les pieds, crispés, m'arracher la gorge, raclée, mais surtout, je voulais faire circuler le sang dans mes jambes mortes à nouveau.

On me retira ma couverture et on me jeta sur un plancher fait de pierres froides, même glacées. Je pouvais discerner du sable, ou de la poussière, sous mes pieds nus. J'avais mal à la tête et le deuxième coup que je reçu enleva toutes mes souffrances autant physiques que mentales, puisque je n'éprouvais plus aucunes sensations.

J'entendit une porte se fermer et se verrouiller, puis, je me retrouvais dans le vide absolu, dans la solitude, sans lumière, sans odeurs, sans bruits et sans soucis.

Je m'allongeai sur le sol et je fermai mes yeux fatigués et j'oubliai toutes pensés horrifiques.

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Un faisceau de lumière robuste transperça mes lourdes paupières. C'était le matin, ou l'après-midi... Je n'étais pas certaine du moment de la journée, mais les rayons du soleil perçaient la pièce d'une intensité hallucinante.

J'ouvrit les yeux et observa mon entourage. J'étais dans une pièce aux murs plus ou moins arrondis. Le plafond conique était orné d'une petite ouverture rectangulaire qui semblait être à des kilomètres du sol. Je tentai de crier au secours, mais nul ne m'entendit.

Je commençai alors à me demander où est-ce que je me retrouvais. J'hésitais entre une cave, un cachot ou même une tour. J'étais porté à me faire l'idée que j'étais dans une tour, surtout grâce à l'architecture. Je vis alors une trappe sur la porte, suffisamment grande pour faire passer un objet plat ou une petite main.

Je décidai de frapper à la porte, pour voir si mes kidnappeurs étaient de l'autre côté, mais je n'eus aucune réponse. Je frappai de nouveau, mais avec plus de force.

C'est alors qu'un petit plateau de nourriture fut glissé par la trappe de la porte. Je regardai le plat pendant quelques instants, perplexe, puis, je me suis jeté sur le repas, comme je ne l'avais jamais fait auparavant. Je dévorai, et dévorai encore, comme si c'était la première et la dernière fois que je mangeais.

J'examinai ensuite le plat fait d'un vieux métal lourd, à la recherche d'un indice de l'endroit où je me retrouvais. En le tournant, je vis un écriteau en latin :

- Audi, vide, tace, si vis vivere? dis-je à voix-haute, maladroitement.

The Fifth PageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant