Le poète et humaniste sénégalais Léopold Sédar Senghor , premier président du Sénégal , joue un rôle essentiel dans le développement d’une conscience et d’une identité négro-africaine. L’un des pionniers de la négritude avec Césaire, il donne à la poésie africaine une universalité humaine assimilant et louant l’originalité spirituelle. Sa poésie souvent symboliste s’inspire du chant incantatoire dont les mots et les rythmes se lient à la pensée et au corps. Premier africain élu à l’Académie française, sa voix poétique manifeste l’espoir de créer une civilisation de l’universel unissant les traditions et délaissant les différences au profit d’un métissage culturel.
CITATIONS DE LÉOPOLD
"Les racistes sont des gens qui se trompent de colère."
"Quand un Africain meurt, c'est une bibliothèque qui brûle."
"Bec inutile, oiseau aptère, je glisse au long de ton visage transparent."
"J'ai rêvé d'un monde de soleil dans la fraternité de mes frères aux yeux bleus."
"L'angoisse des départs sans main chaude dans la main."
"Mais chanteront-ils les Amants, dans la lumière hyaline du futur?"
“Au contraire de l'Européen classique, le Négro-Africain ne se distingue pas de l'objet, il ne le tient pas à distance, il ne le regarde pas, il ne l'analyse pas. Il le touche, il le palpe, il le sent. ”
“Penser et agir par nous-mêmes et pour nous-mêmes, en Nègres..., accéder à la modernité sans piétiner notre authenticité.”
“Seul le rythme provoque le court-circuit poétique et transforme le cuivre en or, la parole en verbe.”
“Il n'est que d'écouter les trombones de Dieu, ton coeur battre au rythme du sang, ton sang.”
“Le poème n'est accompli que s'il se fait chant, parole et musique en même temps.”
“Le tam-tam ni la voix ne rythment plus les gestes des saisons.”
“Chaque touffe d'herbes cache un ennemi.”
“Sang ô sang noir de mes frères, vous tachez l’innocence de mes draps, vous êtes le sueur où baigne mon angoisse, vous êtes la souffrance qui enroue ma voix.”
“Non, vous n’êtes pas morts gratuits. Vous êtes les témoins de l’Afrique immortelle, vous êtes les témoins du monde nouveau qui sera demain.”
“La poésie ne doit pas périr. Car alors, où serait l’espoir du Monde ?”
"Penser et agir par nous-mêmes et pour nous-mêmes, en Nègres..., accéder à la modernité sans piétiner notre authenticité."
"Cher frère blanc,
Quand je suis né, j’étais noir,
Quand j’ai grandi, j’étais noir,
Quand je suis au soleil, je suis noir,
Quand je suis malade, je suis noir,
Quand je mourrai, je serai noir.
Tandis que toi, homme blanc,
Quand tu es né, tu étais rose,
Quand tu as grandi, tu étais blanc,
Quand tu vas au soleil, tu es rouge,
Quand tu as froid, tu es bleu,
Quand tu as peur, tu es vert,
Quand tu es malade, tu es jaune,
Quand tu mourras, tu seras gris.
Alors, de nous deux,
Qui est l’homme de couleur ?"
"Femme noire
Femme nue, femme noire
Vétue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J’ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu’au cœur de l’Eté et de Midi,
Je te découvre, Terre promise, du haut d’un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l’éclair d’un aigle
Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d’Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l’Aimée
Femme noire, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.
Délices des jeux de l’Esprit, les reflets de l’or ronge ta peau qui se moire
A l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.
Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’Eternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie."
