6. Jadis.

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Juvénil avait le visage d'un jeune homme, mais n'en possédait pas l'éssence. Ses conféssions avenirs revèleraient que " Vieillard " fait toujours référence à l'apparence, et non à l'âge. Il était ce paradoxe, prouvant que la vieillèsse n'était pas toujours trahit par des rides et la sénilité. Il plongeait les villageois dans un rêve éveillé. Ces mètres qu'il mesurait, cette corpulence inouïe, ces biceps et ces mollets pouvaient peut-être briser la plus orgueilleuse des pièrres...

Il n'avait ni barbe ni moustache, et sa coiffure jusqu'içi, se résumait en deux grosses couettes crépus, touffues et malpropres, exécutées à la perfection, sans qu'un seul filet de cheveux ne s'échappe des solides tiges de liane utilisées pour les lier.

D'après les estimations de Lératho, la soeur jumelle de Mpoh dont la passion était les trèsses africaines, les cheveux du géant, déliés, pouvaient aller jusqu'à un mètre et demi de longueur; et la jeune fille imaginait déjà l'énorme tête de l'hybride soumise à son art. Autodidacte, ses petits doigts entrelacés avec du cheveux, faisaient des merveilles.

Il existait cependant, deux bizarreries tout de suite remarquable chez le géant. La première, c'était ses yeux. Ils étaient d'un vert sombre et mobile. Mobile parce qu'il semblait qu'il y avait une rotation constante à l'intérieur de ses pupilles, à l'image des composants d'une voie lactée en mouvement. Le deuxième constat sibyllin, c'était l'impossibilité à respirer convenablement lorsqu'on lui faisait face. Juvénil était un objet d'art.

Sérrer sa grande et rocailleuse main, représentait un toucher historique, un contact avec l'histoire même du village; l'histoire tout court.

Mais bien assez vite, les villageois étouffaient lorsque les grosses narines du géant pointaient en leur direction. Les salutations de bienvenue furent donc écourtées et la grande majorité du village se mit à éclater de rire, à la vue du géant, gêné de constater que ses narines absorbaient vite et en grande quantité l'oxygène, au point d'en priver tout individu se trouvant à quelques centimètres de sa face.

L'air de navrement que Juvénil arbora à la suite du désagrément causé par ses narines, eut le mérite de trahir la nature intrinsèque du géant. Sa sympathie infantile semblait si authentique, que les villageois, peu à peu, crurent en ses bonnes intentions à leur égard, et mirent véritablement de côté toutes possibilités que ce géant était une menace pour le village.

Tant mieux pour eux, puisque Juvénil était certainement leur seule occasion d'avoir des réponses à plusieurs questions qu'ils se posaient, et leur ultime arme secrète pour le destin sans repos, qui se formait discrètement dans leur dos.

Plusieurs faits étranges avaient en effet, longtemps plongés les villageois dans des questionnements, dont ils avaient abandonnés espoir d'y attacher des explications.
Il arrivait notamment, pendant la nuit, que les arbres de la forêt se mettent à gesticuler avec force en tout sens, comme sous l'autorité d'un vent impétueux, pourtant aucun orage n'avait raison des lieux. Sans oublier le pourquoi des fréquents et dociles tremblements de terre, tandis que la localisation du village n'était pas propice à ce genre de frasque de la nature. En outre, il arrivait également que les feuilles des arbres de la forêt se tapissent de palèttes de diamant entre les mois de Juin et septembre.

La forêt begnait alors dans du brillant, les nuits dans la forêt en devenait mystérieuse, mais cela n'était rien comparer à lorsque le soleil lui prêtait sa lumière; elle scientillait de milles feux.

Près d'une heure s'était écoulé depuis le retour de Mpoh du fameux rituel, le gamin avait certainement, pour toujours, changé l'illustre tradition. Car peu importe si la chance avait été de son coté, la fin donnait raison aux moyens.

Une Solution PérilleuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant