Les voleurs et les gendarmes

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LUNDI 16 SEPTEMBRE 1991

les premiers rayons de soleil révélaient le nuancier de couleurs des feuilles de chênes. Nous venions de déposer François à l'école et voilà que nous empruntions la route de l'hôpital pour faire la connaissance de ce fameux Docteur BELON. Le fait de ne pas avoir à affronter mes camarades de classe ce jour là me fit oublier l'inquiétude préalable aux examens médicaux. J'étais pourtant studieuse, mais les intarissables moqueries prenaient le dessus sur cette qualité que je possédais.

Arrivées dans ce bâtiment qui m'était si familier, je fut déconcertée de voir que nous ne nous dirigions pas dans le même service que les fois antérieurs. Plus je m'approchais du lieu de rendez-vous, plus mon effroi grandissait. Il fallait se rendre au sous-sol et passer devant la morgue pour y accéder, les murs était d'un blanc terne, les couloirs me paraissaient interminables et la lumière qui réfléchissait sur le lino blanc m'obligeait à plisser les yeux. Mon QG coutumier lui était parfumé par le désinfectant, des animaux colorés jonchaient les portes des chambres et les infirmières étaient toutes vêtues de blouses roses. Ici l'odeur dans les couloirs m'était inconnue et désagréable et le personnel médical que nous croisions affichait un air grave.

Enfin nous arrivions devant le bureau du Docteur BELON, la porte était entre-ouverte et je vis un monsieur se lever pour venir à notre rencontre. Sa personne me rassura immédiatement, il était de taille moyenne, une légère calvitie et des rides naissances trahissaient son entrée dans la quarantaine, il portait des lunettes toute rondes et arborait un sourire sympathique . Il me dit alors :

-"Bonjour Lisa, je suis le Docteur Gilles BELON, je t'attendais justement, entre, nous allons faire connaissance".

Je m'exécutai alors. Les murs du bureau étaient envahis d'affiches très scientifiques qui ne me parlaient guère. Je pris place sur le siège face au docteur et a mère se mise un peu en retrait sur une chaise qui succédait l'entrée.

Après un interrogatoire rituel adulte/enfant (tu aimes l'écoles, ta maitresse est gentille etc..) un dialogue plus sérieux s'instaura entre nous.

-"Lisa, sais-tu pourquoi tu es venue me voir aujourd'hui?"

-"Oui vous êtes le nouveau docteur qui va soigner les problèmes de santé que j'ai à cause de l'accident."

-"Entre autre oui, je vais tenter de tout t'expliquer en profondeur, si il y a quelque chose que tu ne comprend pas ou qui t'interloque, n'hésite pas à m'interrompre d'accord ?"

-"D'accord."

-"Alors comme tu le sais, l'accident dont tu as été victime à causé du tort à ton petit corps, en fait dans notre corps nous avons tous des voleurs, qui sont les vilains microbes, et des gendarmes, qui sont les décences immunitaires. L'examen sanguin que tu as effectué la semaine dernière nous a apprit que dans ton corps à toi, les gendarmes étaient beaucoup moins nombreux que les voleurs, du coup, ils nécessitent un petit coup de pouce pour gagner la bataille. Ils vont donc avoir besoin de moi pour leur venir en aide médicalement mais ils vont surtout avoir besoin de ton aide! es-tu prête à gagner la bataille"

Je buvais ses paroles et il m'inspirait une confiance absolue, ce qui fait que ses dires ne m'effrayèrent pas une seule seconde, je répondis alors éminemment avec enthousiasme :

-"Oui je suis prête".

Il m'expliqua alors que nous allions à présent nous rencontrer à raison d'une fois par mois, que j'allais devoir prendre un médicament journalier à des heures bien précises et qu'il fallait être très rigoureux avec ce médicament, qu'il n'avait pas un très bon goût mais qu'il était essentiel à ma victoire. Il me mise en garde fortement sur le fait que je devais absolument me tenir éloignée des personnes malades, même d'un simple rhume car sinon de voleurs supplémentaires allez rejoindre les autres.

Il me proposa alors de regagner la salle d'attente juxtaposée afin qu'il s'entretienne brièvement avec ma mère. J'acquiesçai. Assise sur ma chaise, l'attente de la fin de leur entrevue m'était pénible, car j'étais pressée de revenir à l'école pour raconter tout cela à Virginie. J'étais de nature compétitrice et j'étais très emballée à l'idée de relever ce défi qui m'était confié.

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⏰ Last updated: Jul 20, 2017 ⏰

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