[Souvenirs]: "Sur la plage abandonnée..."

45 4 14
                                    


L'eau ruisselle le long de mes cheveux, puis tombe à terre. Mes yeux suivent leur course, lente, monotone. Le soleil miroite à travers les gouttes, et m'éblouit au passage. Je relève la tête, une main prudemment posée sur le haut de mon crâne, mimant à la perfection le revers d'une casquette. Casquette que j'aurais dû prendre, d'ailleurs. Et je ne le regrette que maintenant. Les rayons de l'astre lointain, transpercent chaque recoins de ma peau, signe d'une magnifique rougeur à venir. Heureusement, le vent s'invite à la fête, nous sauvant de l'état d'entre-côte au barbecue. Il ne m'en faut pas plus pour quitter mon ancienne cachette face à la chaleur d'un milieu de journée. Sous le ton réprobateur de ma meilleur amie, adepte du bronzage ( et qui va finir en merguez trop cuite si vous voulez mon avis ), je marche tête baissée vers notre pauvre domicile, une simple caravane. Le voyage me paraît plus ardu qu'une marche en no man's land, sous les tirs d'obus. A chaque pas, la chaleur menace un peu plus mon équilibre précaire.

Mais qui à eu l'idée stupide de nous installer si prés des vagues, le plus loin possible du parking et des routes encombrées ? Ah oui, ça me revient. C'est moi. Mais qu'elle pantoufle ! Notez cette magnifique expression.

Après m'être maudit une centaine de fois, la dure réalité reviens à coups de hache. Mes pieds nuent se posent avec la délicatesse d'un éléphant sur le goudron, qui bien sur, c'est transformé en lave immobile, pour mon plus grand plaisir. Un cri bientôt étouffé s'élève parmi les voix de touristes surexcités et totalement indifférents, suivis d'une multitude d'insultes à base de légumes. Une fois ma douleur passé, je m'assois aussi délicatement que mon corps me le permettent sur les marches du petit escalier, véritable muraille de chine entre le sable et mon nouvel ennemi, le goudron. La tête toujours plus lourdes, j'enfile les sandales qui m'avaient accompagné lors du départ de cette fournaise. Bien sûr, j'ai oublié de les remettre. Ma propre stupidité me tuera, un de ces jours. Après mettre assurée que mes malheureux pieds soient en sécurité, je sors de ma poche avant mon second meilleur ami, j'ai nommé mon téléphone portable. Le soleil m'empêche de lire les chiffres sur l'écran fêlé, m'obligeant à augmenter la luminosité à son maximum. Presque 15 heures. Le temps passe bien trop lentement à mon goût. Et pour rajouter à mon malheur, le vent nous a lâchement abandonner. Dégoulinante de sueur, je décide de relever ma tête, jusque là prudemment dirigée vers le sol. Je prends le soin de diriger mon regard à l'exacte opposé de l'origine de mes malheurs, notre très cher Soleil ! Un ciel sans nuages me fait à présent face, coloré tel les deux iris qui l'observent, sans faiblir ni se trahir. Un bleu clair, enivrant, un océan lévitant au-dessus de vos êtres.

C'est ce moment que choisi mon estomac pour se manifester, me rappelant le saut du déjeuner. La prochaine fois, je ferrais ma valise à l'avance. Peut-être...

Sur ma gauche, une petite dizaine de boutiques en tout genre, inondées de clients d'un jour. Des touristes, pour la plupart. Rien d'extraordinaire.

Balayant des yeux les différents stands qui s'offrent à moi, mon choix ne ce fait pas attendre. Les crèmes glacées et autres granités me font de l'œil... Une glace ( chocolat je vous prie ) fera parfaitement l'affaire.

Mais le destin, lui, ne semble pas de cette avis. Peut-être aurait-il préféré une crêpe ?

En me relevant, et ce avec peine, l'étau qui emprisonne ma boîte crânienne se fait soudain plus violent, resserrant sa prise sur sa victime. Une douleur amère s'empare de moi, ma vue se trouble, mes jambes se perdent. Sans repère, je cherche un appui solide, en vain. Pour rajouter à mon désarrois, la foule nouvelle me bascule, m'avale tout entière. Et ensemble nous dansant sur un rythme que je qualifierais... de totalement anarchiste. La chute est imminente, mon seul échappatoire.

{ L'Écrin de mes Mots }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant