Quelque chose clochait. Pourquoi mes poumons ne s'emplissaient-ils pas d'air et pourquoi sentais-je la vie me quitter ? Ma vue s'était troublée auparavant, certes, mais maintenant, l'effet s'était décuplé.
Lie et moi sommes donc devenues amies de la façon la plus surprenante qu'il soit : un mail envoyé a la mauvaise adresse mail.
Mon corps entier me faisait mal, la douleur vrillait mon crâne, m'enflait les bronches. Je n'étais centrée que sur un seul et unique mot : souffrance. Tout ce que j'avais vécu n'était qu'un ambigu souvenir passé qui ne méritait pas d'être évoqué.
Puis, la vérité me frappa. Où étais Cléa ?
Je corrige mon erreur, et renvoie le mail à la bonne adresse mail. Quelques heures plus tard, je sentis mon cellulaire vibrer dans ma poche, l'écran affichait une notification. '' Lyssipée a répondu à votre email. ''
Je me secouai et ouvris les yeux. Je tentai de respirer, ce qui ne fit que multiplier la douleur dans ma trachée. Je m'arc-boutai, me courbai, puis vit dans les bas-fonds Cléa... Une masse sombre dont l'auréole de cheveux brun terreux semblait voler autour de sa tête.
Je réagis très vite. Sans prendre le temps de remonter à la surface, je rassemblai toutes mes forces et nageai à m'en faire mal. J'entourai ses côtes de mes bras et ma gorge se noua lorsque je sentis son cœur... Ou, plutôt, lorsque je ne le sentis pas.
Elle était inerte comme une morte, comme une poupée de chiffon.
Et, c'est ainsi que nous avons correspondu durant des mois entiers avant de se rencontrer, et de se rendre compte à quel point l'une était indispensable pour l'autre.
La douleur aiguë et lancinante qui venait par vague ne me tracassait pas. Tout ce que je voulais, c'était remonter Cléa à la surface. Je poussai mes jambes à leur maximum, faisant appel aux dernières parcelles d'espoir qu'il me restait, aussi insignifiantes soit-elle.
Je sentais l'eau emplir mes poumons petit à petit. La mort s'emparait de mon corps.
Lorsque nous eûmes toutes deux la tête hors de l'eau, l'air pénétra mes poumons d'un coup, et la douleur me fit caler de nouveau dans les eaux. Je ne réalisais que maintenant que le bout de mes doigts étaient bleus et meurtri, tout comme mes pieds, et je n'y ressentais plus aucune sensation. Rien à foutre.
Des souvenirs défilaient devant mes yeux, je vis deux jeunes filles, la plus petite avait une belle chevelure brune, la plus grande quant à elle, avait de longs cheveux auburn soyeux.
Je tentais de nouveau de prendre une goulée d'air, conservant Cléa à bout de bras, la collant contre moi d'un bras, faisant des moulinets avec l'autre afin de me diriger dans cette rivière infinie. Puis, quand j'eus complètement recouvré mon habilitée à consommer de l'air et respirer, ce fut jouissif.
- Allez, bafouillé-je difficilement, haletante, vas-y, Cléa. Respire toi aussi.
Elle ne cilla pas. Je perdis la tête.
Elles étaient assises à une table d'un café, j'étais presque sûre que depuis les tables voisines on pouvait entendre leurs rires, et être atteint de leur bonne humeur.
Sans elle, je ne serais rien. Sans elle, ma vie serait un enfer. Un enfer éperdu. Pourquoi ma meilleure amie est-elle en train de quitter ce monde et je ne réagis pas ? pensais-je. Pourquoi ?
Au moment de gagner la rive, je scrutai la pénombre. La ville était au moins à deux kilomètres, et je ne voyais pas d'habitations assez proches pour que j'y rampe assez vite pour apporter les secours suffisants à Cléa. Je lâchai un cri de frustration intérieurement, trop faible pour esquisser un quelconque geste.
Le souvenir devint trouble.
Puis, au loin, deux silhouettes se découpèrent dans l'obscurité. Il discutait avec action et fureur, gesticulant et jurant de temps en temps. Je me fichais bien de leurs identités, de ce qu'il était, médecin ou pas. Un cellulaire me suffirait.
Je hurlai donc, d'un hurlement qui m'écorchais la gorge, et l'âme, à en faire tomber à genoux plus d'un. Tous deux tournèrent la tête.
Redressée, je serrais Cléa si fort contre ma poitrine que je craignais d'entendre ses mâchoires grincées et s'entrechoquer l'une sur l'autre.
Je perdis connaissance.
Un des jeunes hommes s'approcha d'elle, tandis que je récoltais l'autre. Bien qu'il fasse nuit noir, la lune qui miroitait sur l'eau calme de la rivière et les étoiles qui brillaient d'un éclat puissant luisaient sur le visage de l'inconnu. Il avait de grands yeux bleu cyan où de petits cercles verts s'étalaient.
- Aidez-la... Aidez-la. Je vais bien, murmurai-je la voix chevrotante.
L'inconnu me prit les mains et plongea son regard dans le mien. Soudain, Cléa se fit plus légère... L'autre homme s'en était emparé. Sans m'inspirer confiance, rien en eux ne semblait être méchant. Je le laissai donc faire.
Mon âme se détachait de mon corps peu à peu.
- On va s'occuper de vous deux, d'accord ? chuchota le garçon aux yeux bruns.
Avant de m'évanouir, j'eus le temps de sentir ses mains se glisser sous mes cuisses et d'apercevoir l'éclat noir scintillant de ses cheveux longs.
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Retrouvées
FanfictionRiverdale semblait être une ville joyeuse, vivante et où l'intermédiaire de la conception de sirop d'érable de la famille Blossom battait son plein. Ça, c'était avant que l'on retrouve le cadavre de Jason Blossom dans la rivière et que deux jeunes...