La Fille de Lysradoll

Chapitre 2

Bon, la chose était simple.

Soit elle trouvait la fleur et sortait sans problème, soit elle trouvait la Reine Noire avant de trouver la sortie, ou même avant la fleur, auquel cas elle lui jetterai la boule du chaman.

Au fond, elle n'avait aucune raison de s'inquiéter.

Elle ne risquait que de se perdre dans cette forêt où l'on voit à peine ses pieds, de se faire dévorer par une créature sauvage ou de tomber sur la Reine Noire, qui représentait les forces du Mal et de la Mort, avec pour unique protection une petite boule de force du Bien.

Mais elle pouvait également ne trouver qu'une jolie tulipe rose et noire.

Anathy marchait depuis au moins une demi-heure dans la Forêt Noire, domaine des démons, des bannis et de la Reine Noire.

Enfin, la jeune femme tentait d'effacer cette idée de sa tête.

Chaque bruit l'effrayait et elle se dit finalement qu'elle ne trouverait jamais cette maudite fleur.

Un quart d'heure passa, au moins.

Un bruissement retentit et Anathy se retourna, effrayée. Elle plongea sa main dans son sac et la referma sur la boule, prête à la dégainer à tout instant.

Une silhouette noire se fit voir au loin. Elle se rapprochait lentement. Anathy remarqua alors qu'elle était humaine.

-Ne... Ne m'approchez pas ! implora-t-elle.

Celle qu'elle supposait être la Reine Noire s'avançait encore. Elle avait l'allure d'un fantôme enfoui sous une cape noire. Son visage était dans l'ombre de sa capuche, et ce qui était visible de ses jambes était recouvert de longues bottes noires.

Elle comprenait désormais la peur de chacun. Rien que la vision de cet être effrayerait même le plus ardu chevalier. Le manque de lumière et la cape large voletant légèrement faisaient oublier que des pieds trônaient en dessous de cet amas de sombre et de noir.

Anathy voulut s'enfuir et commença à courir. Elle trébucha contre une racine et tomba au sol. Paralysée par la peur, elle se recula en se traînant par terre jusqu'à être adossée à une pierre tandis que la Reine s'avançait encore.

-Pitié, épargnez-moi, sanglota la jeune femme.

La Reine s'avança encore, dissipant sa ressemblance avec un fantôme. Sa cape remua et un bras noir en sortit. Pas noir comme la peau noire des hommes noirs, non, noire comme l'ébène, comme le charbon, comme le vide interstellaire. Ce bras entièrement noir était à lui seul le symbole du mal présent en cet être de mort.

Le bras s'avança jusqu'à la jeune fille transie de peur, puis lui tendit la main.

Anathy fut étonnée de cette réaction et regarda la main noire, perplexe.

La main s'avança alors et saisit la sienne, avant de la relever d'un geste et de la tirer derrière elle dans une marche rapide à travers la forêt.

La jeune femme tenta de se défaire de cette emprise mais la poigne de la Reine était trop puissante.

Elle suivit donc contre son gré cette Reine de Malfaisance à travers l'immense forêt.

Après une dizaine de minutes de course, une sorte de cabane fit son apparition dans le champs de vision d'Anathy, qui ne put que supposer que la Reine vivait ici.

Celle-ci la fit rentrer et la précipita sur une chaise en bois avant de refermer rapidement la porte et de bloquer toutes sortes de verrous.

Elle enleva ensuite sa cape et l'accrocha à une paterne avant de se retourner violemment et de s'écrier :